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Inédit
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Le hasard fait mal les choses
Une jeune actrice de cinéma d'origine bretonne file le parfait amour avec un viticulteur bourguignon qui, accessoirement est producteur de cinéma. Alors qu'ils vont unir leurs destinées, des séances de cinéma tournent à l'hystérie collective et la jeune actrice est retrouvée morte. Alors, la police enquête...
Dans le monde anglo-saxon, il existe une différence entre l'editor, le responsable qui aide l'auteur à peaufiner son texte pour le rendre meilleur, plus vendeur, plus acceptable, plus littéraire selon les ambitions de chacun, à effacer les erreurs, et le publisher qui, lui, a pour mission de l'imprimer et de le vendre. En France ces deux métiers n'ont qu'un seul terme "éditeur", et souvent la première acception en est réduite à la portion congrue. C'est bien dommage. Mais les avancées technologiques permettent à présent même pour l'auteur de concentrer à lui seul les trois fonctions : écrire, être son premier "critique" puis son "publicateur", ce qui peut créer une confusion des genres pas toujours heureuse. L'économie particulière de l'édition permet également de voir se créer une multiplication des éditeurs qui ont besoin d'ouvrages pour se constituer des catalogues et surtout permettre aux diffuseurs/distributeurs de remplir leurs camions.
Yann Venner est sans doute un homme plein de qualités. On sent qu'il a cherché les informations pour traiter de son sujet, qu'il est passionné par le cinéma, par la viticulture, qu'il s'inquiète de la prolifération des algues vertes en Bretagne. Il a eu une très bonne idée de départ : deux produits chimiques inoffensifs de manière séparée peuvent provoquer des dégats lorsqu'ils se trouvent mis en contact. Alors qu'il n'y a aucune raison pour qu'ils se rencontrent, il suffit de la liaison d'une Bretonne et d'un Bourguignon pour que le mélange de terroirs provoque cette fatale rencontre. Nul doute également que l'auteur s'appuie sur une expérience personnelle sympathique pour décrire la passion qui touche les deux personnages de ce roman, passion dont la naïveté fait toute la grandeur. Mais comme il faut bien que cette histoire bouscule un peu le lecteur, il introduit un meurtre (en plein milieu). La police semble enquêter très mollement, une piste fantastique est esquissée deux pages, puis les méandres de l'histoire la perdent avant qu'elle ne réapparaisse dans les derniers paragraphes sous une forme peu crédible, l'auteur sortant un coupable qui n'est jamais apparu dans les pages précédentes et un mobile que personne n'avait vraiment évoqué. Entre-temps, on se perd dans des détails sur le passé des personnages, on lit les résumés des fiches de documentation de l'auteur, l'auteur reprenant d'ailleurs deux fois une scène quasi identique d'hystérie collective. Le tout est raconté dans un recherche stylistique qui a décidé de mélanger les épisodes dans un désordre chronologique, en oubliant de laisser quelques repères pour que le lecteur puisse reconstituer le puzzle. Et c'est bien dommage car Yann Venner a les ingrédients pour écrire une histoire. Il lui reste à trouver un editor qui lui conseillera un certain nombre d'améliorations pour créer un réel suspense et surtout mettre en valeur son idée centrale, puis un publisher qui soupèsera les chances de faire se rencontrer un auteur et un lecteur avant de lancer le livre dans le monde ingrat de la réalité.
Citation
Devant cette nature morte reposant à l'hôpital de Beaune doté pourtant du meilleur matériel possible face à madame La Mort - les dernière ventes de vins des hospices ayant même permis de se doter d'un scanner très performant pour une aussi petite ville - le corps de Letourneau émit un petit tremblement nerveux.