Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
272 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-07-303417-5
Coll. "Série noire"
Mafieux gris contre institutions financières
Avec Terres noires, nous retrouvons "avec bonheur" des personnages et des thématiques qui ont fait les beaux jours des deux précédents romans de Sébastien Raizer. Deux textes avec lequel ce dernier ouvrage entre en résonance, sans que nous puissions parler de suite, mais plutôt de relier des événements proches mais avec une nouvelle vision. Toujours est-il qu'il y a Dimitri et Luna, deux habitants de cette zone frontalière à proximité du Luxembourg. Il y a également un nouveau parrain de l'organisation Santo Serra qui a décidé d'ouvrir une galerie d'art, tout en continuant des trafics, en laissant vivoter une petite mafia locale et en s'opposant au riches capitalistes, aux financiers luxembourgeois qui veulent faire main basse sur le monde, même si agir ainsi c'est in fine le détruire totalement. L'équilibre précaire qui avait été l'objet d'une longue lutte dans les romans précédents risque d'éclater. En effet, la grande société bancaire qui entend gérer le monde a décidé de passer à l'attaque. Sous la direction de Thomas Allen, elle va utiliser son armée privée, des mercenaires afin de dynamiter le statu quo qui régnait. Et il va falloir lutter contre cette institution bancaire aux ressources presque illimitées...
Ce troisième roman est plus court que ce à quoi nous a habitué Sébastien Raizer. Mais on va quitter les destins individuels, les vengeances particulières pour se hausser au niveau des strates supérieures, à la source même, à la base cachée, dont tous les événements précédents n'étaient que des prolégomènes. Là où beaucoup de romans noirs ou policiers vont traiter des conséquences, vont montrer comment la dureté du monde touche les gens, ici, l'auteur (peut-être est-ce lié à ses activités spirituelles liées au monde du zen) s'extrait de ce "faux semblant" qu'est le monde illusoire pour regarder derrière les apparences. Attention, il ne s'agit pas de faire croire à une gigantesques escroquerie, à une forme de complot comme on en entend parler régulièrement sur les réseaux sociaux, mais à un véritable mode de vie. Le Prince de Machiavel peut être interprété comme une façon d'expliciter les comportements du politique et L'Art de la guerre de Sun Tzu peut lui aussi se voir comme un manifeste pacifiste pour décrire "l'ennemi". C'est pareil avec ce roman. Il ne s'agit pas non plus de voir dans ce livre juste un manifeste et une description de la guerre des riches pour détruire le monde plutôt que de le partager. L'auteur s'appuie sur des scènes vivantes, sur des personnages décrits avec soin, sur tout une poétique du monde. Sébastien Raizer raconte une histoire, une vison de ce monde. Même dans le pire désespoir, il reste une lueur d'espoir, comme le yin et le yang se mélangent et se répondent, à l'instar de ce mafieux qui, de fait, veut protéger les gens. Avec Terre noires, Sébastien Raizerr continue une œuvre singulière, forte, prenante, qui sait allier intelligence et suspense, scène d'actions et réflexion profonde. Un auteur qui applique la force de la pensée à l'œuvre romanesque.
Citation
Les quatre cavaliers de l'apocalypse chers à Keller faisaient déjà entendre le bruit des sabots de leur monture. Famines, sécheresses, guerres, pandémies. Santo pensait à cela, accroupi devant les deux chiens revenus chercher des caresses. Il passa un moment en leur compagnie.