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Rabelais mène l'enquête
Grand format
Inédit
Tout public
Oncques, en ces temps, biberonnait...
Au centre de ce roman figure Alcofribas Nasier, c'est-à-dire François Rabelais, alors en train de finaliser la suite du Pantagruel qu'il pense appeler Gargantua. Il a le manuscrit dans son sac et s'est décidé à rentrer près de Tours pour y rencontrer un imprimeur qui voudra bien se charger de l'édition de ce nouveau livre. Mais les choses seront peut-être compliquées même si le premier livre a été un succès d'édition (pour l'époque). En effet, les circonstances ont bien changé et une affaire d'hérésie, liée à la prédication protestante et au scandale des affiches (pour résumer : des protestants ont collé dans les villes des feuilles appelant à la liberté de conscience, et se sont même permis d'en afficher des exemplaires sur les portes des appartements privés du Roi, ce qui fait désordre). Aussi, on regarde également d'un autre air les écrits "douteux", blasphématoires de Rabelais. Après avoir empêché un voleur de s'emparer de son argent et finalement l'avoir engagé à son service (c'est un chanteur de rues capable de trousser de belles rimes), Rabelais va voir un ami à lui, abbé et bon vivant comme lui. Là, il fait la connaissance de jeunes moines qui traduisent des extraits de la Bible, dont certains pourraient s'avérer explosifs pour la religion. Comme l'un d'eux est malade et que la question d'un empoisonnement se pose, Rabelais l'emmène dans une autre abbaye, où il comptait se rendre avant d'aller chercher son imprimeur. Mais les attaques, les incendies criminels, des hommes de main leur courant arme à la main, continuent... Qui est derrière ces attaques ?
Rabelais mène donc une enquête, sans trop savoir si la victime est l'un des jeunes moines ou lui-même. Cela ne l'empêche pas de bien boire et bien manger, de disserter dans la vie comme ses personnages. S'appuyant sur des éléments biographiques (entre autre, sa vie familiale), Jean-Noël Delétang, qui connait son Rabelais mieux que sa poche, mélange avec soin des scènes réelles qui pourraient inspirer l'auteur, des rappels intelligents de l'œuvre, des détails sur la vie politique, religieuse et culturelle de l'époque sans qu'aucun de ces éléments en semble incongru et lourdement amené. Lisible pour quelqu'un qui ne connaitrait ni la Renaissance ni Rabelais - le lecteur plus connaisseur trouvant de multiples clins d'œil agréables -, le récit est vivant et bien mené avec quelques scènes plus rythmées, d'aventures policières. L'enquête en elle-même est plus un prétexte qu'un fond lourd de l'histoire mais cela n'empêche de trouver du charme à ce roman sans prétentions mais stimulant.
Citation
Cher Jehan, conservez pour l'heure ces feuillets et vous les remettrez à Ligugé quand vous en aurez terminé le déchiffrage. Mais n'en parlez qu'à des personnes sures car, voyez, ce frère a été agressé et son ami empoisonné. Les ennemis du changement sont prêts à tout et il nous faut redoubler de prudence.