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Léa, prisonnière du désert
Poche
Inédit
Tout public
400 p. ; 18 x 12 cm
ISBN 979-10-7006-267-8
Coll. "Du noir au Sud"
Fugue d'une mineure ?
Elle s'appelle Léa, et elle est morte à l'âge des premières amours dans un hôtel sordide de Nantes, deux ans après sa fugue. Un abus de drogue, dit la vérité officielle. L'ancien commissaire Léonard n'entend rien d'autre que de profiter de sa retraite anticipée en cultivant son jardin (littéralement, pas celui cher à Rabelais), mais que faire lorsque sa femme de ménage, grand-mère de Léa, lui demande de l'aide ? Cette histoire a détruit sa fille qui a perdu la sienne une seconde fois. Les enquêtes, ça le connaît, non ? Voilà Léo cherchant ce qui a bien pu se passer durant ces deux longues années d'errance. Une affaire qui le mènera bien plus loin qu'il ne l'a cru, et qui a commencé bien loin de là, en Afrique...
On mesure les personnages de la littérature populaire à l'importance qu'ils ont pris dans notre inconscient. Et lorsque l'on tombe sur un polar classique, décontracté et enclin aux digressions, on pense immanquablement à certain Gabriel Lecouvreur dit le Poulpe... c'est dire s'il nous manque. Ce roman prend un côté quasi-rétro, avec ses fantasmes américanoïaques d'un autre âge (disons pré-Trump), les immanquables rivières d'alcool en tous genres (occasion d'un bref moment où l'on brise le quatrième mur) et même une variante de la prostituée au grand cœur ! Oui, mais il y a cette petite chose qui fait la différence et qui s'appelle le talent... Bon, beaucoup font comme si histoire de nous vendre des livres, mais lorsqu'il est bien là... Au point, vu la maîtrise parfaite de l'histoire (même si on resserrerait peut-être de quelques dizaines de pages), qu'on soupçonne ce pseudo transparent de cacher un auteur autrement plus aguerri. On dirait de cet honorable divertissement qu'il n'est pas à prendre au sérieux sans sa conclusion cruelle revenant au genre noir. Encore une réussite pour la collection "Du noir au Sud" de Cairn qui s'impose de plus en plus comme un label de qualité.
Citation
Rien de tel que la répétition des gestes pour se nettoyer le cerveau, le régénérer, puis le laisser doucement gambader. Alors des mots, des phrases, chansons ou poèmes, obsédants comme des mantras, finissent par rythmer chaque mouvement... Le blues est né comme ça... De l'uniforme et sempiternel épuisement des travailleurs de la terre.