Folie douce

On peut pleurer parce qu'on a perdu quelque chose ou qu'on n'a pas obtenu quelque chose. On peut pleurer pour de nombreuses raisons, futiles ou profondément tragiques. On pleure aussi parce qu'une fenêtre s'ouvre sur le passé.
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jeudi 21 novembre

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Roman - Noir

Folie douce

Hard boiled - Médical - Disparition MAJ mercredi 25 octobre 2023

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Réédition

Tout public

Prix: 24,8 €

James Crumley
The Right Madness - 2005
Hugues Micol (illustrateur)
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jacques Mailhos
Paris : Gallmeister, octobre 2023
414 p. ; illustrations en noir & blanc ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-35178-139-5
Coll. "Fiction"

Une dernière danse pour le détective

C. W. Sughrue est un détective privé qui œuvre dans la petite ville de Missoula mais qui ici est de retour à Meriwether. Entre des bitures monumentales et des drogues (dites douces) qui le font planer, il essaie de limiter ses aventures amoureuses depuis qu'il vit avec une avocate. Mais celle-ci vient de déménager loin pour un nouveau travail et les tentations sont nombreuses difficiles à éviter. Il est surtout angoissé à l'idée de croiser Lorna, la femme de son ami William MacKinderick, car c'est une femme vampirique de première. Pourtant, il va bien être obligé de la croiser car William MacKinderick est psychanalyste et quelqu'un s'est introduit dans ses bureaux et a volé les copies informatiques de sept de ses dossiers. C'est forcément l'un de ses patients. Il demande à Sughrue d'enquêter discrètement. Mais comment faire, surtout si la discrétion n'est pas la plus grande vertu du détective ? À peine a-t-il commencé son enquête qu'il voit un accident. Une femme tombe d'un balcon et la police arrête le principal suspect qui n'est autre qu'un client qu'il suivait. Seul problème : au moment de la chute, Sughrue a photographié le présumé coupable à plusieurs mètres de distance de la personne qui a chuté, ce qui ennuie la police locale, qui pensait avoir résolu rapidement l'affaire. D'autres événements étranges arrivent alors, mais surtout c'est MacKinderick qui disparait en laissant des traces de sang (le sien) dans sa voiture. Que s'est-il passé ? Et l'enquête devient encore plus compliquée quand on découvre que le docteur a laissé de nombreuses ex-épouses derrière lui...

Les éditions Gallmeister nous proposent depuis quelques temps, outre des romans nouveaux, des nouvelles traductions d'auteurs plus qu'intéressants mais qui n'avaient plus forcément d'actualité littéraire. C'est l'occasion pour une nouvelle génération de lecteurs de découvrir le grand écrivain James Crumley. Il a écrit plusieurs romans avec deux personnages centraux (qui vivront d'ailleurs une aventure commune) qui sont des marginaux, en délicatesse avec la loi et le politiquement correct. Hanté par la guerre du Vietnam, W. H. Sughrue est un détective aux méthodes peu orthodoxes, préoccupé par la justice mais à sa sauce. Ses aventures, picaresques, sont parfois absurdes, peuplées de coups bas, de blessures, de crises alcooliques ou de péripéties vécues sous drogue - ce qui leur donne un caractère fantasmatique complexe, pour cerner une intrigue qui existe mais qui n'est pas la qualité principale du roman. Il faut suivre le personnage dans ses pérégrinations, ses dérives, dans un décor naturel fort, où poésie et meurtres, relations humaines et violence, se mélangent en un flot fascinant pour le lecteur. Parfois, certains pourraient être un peu abasourdis par des chapitres décalés, forts, mais sans grande action. Mais s'immerger dans cette expérience mouvementée qu'est la lecture d'un roman de James Crumley est toujours un grand moment de lecture, noire et forte.

Citation

Je lui donnai un coup de pied dans le tibia si violent qu'il devint livide et manqua de vomir ses cheeseburgers. Pendant qu'il avait la bouche ouverte sous l'effet de la douleur je lui claquai la mâchoire avec le talon de ma paume, et il faillit se trancher la langue.

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 25 octobre 2023
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