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Terne tueur
À Paris, un tueur à gages anonyme, méticuleux et prudent, est embauché pour abattre une cible et rate son coup, malgré une préparation intense. Mais dans ce milieu de professionnels, on tolère peu l'échec, et bientôt le tueur va devoir remonter la piste des responsables et les éliminer s'il veut espérer rester en vie.
Star des réalisateurs depuis Se7en et plus encore Fight Club, David Fincher s'est fait le spécialiste des mécaniques complexes, où une apparente froideur cinématographique habille les rouages d'intrigues à tiroirs, de constructions impossibles qui se retournent sans cesse sur elles-mêmes (Gone Girl en particulier). Fâché avec le milieu du cinéma, il a décidé, depuis quelques années, de se concentrer sur le petit écran et c'est sur ce médium qu'on l'a retrouvé, tant pour la série Mindhunters que pour ses deux derniers films à proprement parler. Mais si Mank, biographie roublarde du frère scénariste de Joseph Mankiewicz, tournée dans un noir et blanc somptueux, prenait à rebours les travers des chaînes câblées et de Netflix, son nouvel employeur, en clamant son amour du cinéma à l'ancienne, The Killer s'y vautre abondamment. Adapté, librement dirons-nous, de la bande dessinée Le Tueur, de Matz et Luc Jacamon, ce (trop) long téléfilm de luxe se concentre sur la vengeance terminale d'un tueur contre ses ex-employeurs, un motif classique du thriller et qu'on a déjà vu bien mieux traité (entre autres par Anton Corbijn avec son méconnu The American). Mais la figure du tueur à gages fascine, et c'est désormais un Michael Fassbender omniprésent qui l'incarne, telle une machine froide, illustrant ses préparatifs et justifiant ses actes par un mantra répété sans cesse en voix-off. Dans d'autres mains et avec un autre regard, sa non-composition aurait pu être brillante, mais là il n'est que le véhicule d'un réalisateur qui ne raconte rien, se contentant d'égrener ses références (Melville, Hitchcock...) et d'enchaîner les vignettes autour du monde comme le font la plupart des séries d'action actuelles (jusqu'aux zombies de Walking Dead qui se délocalisent à Paris), gage d'exotisme autant que d'abattements fiscaux. Dans une imagerie lisse et léchée d'agence de voyage, on voit donc Michael Fassbender prendre quantité d'avions (attention, placement produit), louer quantité de voitures (bis), manger chez McDo (ter) et commander sur Amazon (dix de ter)... et accessoirement tuer des gens... mais ça Fincher s'en moque un peu et par la même occasion nous aussi, tant ces rares moments dramatiques sont tournés platement. Fincher assume, paraît-il, de ne rien raconter dans ce film et pourquoi pas ? Certains l'ont fait très bien... mais il faudrait encore que la mise en scène soit suffisamment inventive pour maintenir l'intérêt du spectateur, ce qui est loin d'être le cas. En l'état, The Killer ne montre rien, ne sert à rien, n'apporte rien, si ce n'est la preuve du talent du département marketing du géant du streaming, qui arrive à faire passer ce catalogue de cartes postales pour un thriller d'auteur.
Citation
Tout se joue dans la préparation, l'attention au détail. Planifier. Encore planifier. Toujours planifier.