Contenu
Vue mer
Grand format
Inédit
Tout public
Sororité insulaire
Porquerolles, île idéale sous le soleil de Méditerranée. Propriétaire d'une maison de maître avec vue sur mer, la matriarche Laurette décide de louer l'une de ses chambres. Curieusement, c'est à son fils mal-aimé Robert qu'elle confie le soin de trier les candidates. Candidates uniquement, puisqu'elle ne veut pas d'hommes. Pour Robert, qu'elle a toujours brimé, cela rappelle son épouse Colette morte il y a bien longtemps d'une réaction allergique lors d'un séjour à la maison. Colette que, bien sûr, Laurette détestait cordialement. Mais était-ce bien un accident ? Dans la maison habite également Magalie, qui a tout plaqué pour venir profiter de sa liberté, et qui entretient une relation ambigüe avec la matriarche. Magalie qui a un lourd secret à oublier... Qu'est-ce qui va enfin faire ressortir tous les non-dits de cette cloche de verre immobile ? Est-ce Natacha, la potentielle nouvelle locataire ? Agathe, la petite-fille de Laurette venue faire l'un de ses séjours ? Mais lorsque les mémoires s'effilochent avec l'âge, que peut-on qualifier de vérité ? Des confessions ? Ou quelques mots dans une langue étrangère ?
On l'a déjà dit, c'est souvent dans cette zone grise entre la Blanche et la Noire que surgissent les œuvres les plus intéressantes, même si cela les prive des têtes de gondoles et autres linéaires. D'où ce roman de Luce Michel, qui happe dès le départ avec ses "flots de conscience" relevant plus d'Anaïs Nin (son œuvre littéraire non-érotique trop oubliée au profit du sensationnalisme) que de James Joyce. Ce roman pourrait s'appeler La Cloche de verre, soit ce microcosme presque onirique en apparence immobile mais où les passions restent cachées, égratignant au passage le mythe actuel de ces gynécées "sororités" fantasmées où tout ne serait que calme, luxe et volupté et entre-matage de nombril. Si suspense il y a, c'est plutôt pour découvrir la vérité de ces différents personnages servis par une plume inspirée. Attention, ce n'est pas un roman de plage, sa lecture est exigeante et il faut s'accrocher pour analyser toutes ces données, ces événements et se rappeler qui est qui, même si les personnages ne sont pas trop nombreux. Mais pour une fois qu'un roman table sur l'intelligence du lecteur, on ne va certainement pas le déplorer. Que du bon ? Non, et c'est plus dans la façon dont le roman est présenté qui pêche. Parce qu'il est tout ne même censé être un polar, et lorsqu'on nous promet "qu'on meurt un peu trop" dans ce décor, on est en droit d'attendre les morts en question. Or les secrets sont plutôt à trouver dans l'historique des personnages jusqu'à une révélation finale qui risque de partager les lecteurs. Bref, ce roman aurait nettement gagné à être publié sous une étiquette de "blanche", ce qu'il est indéniablement. De la bonne "blanche" qui pourrait en remontrer à bien des petits marquis chouchous médiatiques, mais de la blanche tout de même. Espérons que cela ne desservira pas le roman...
Citation
Il ne me manque que deux choses dans cette nouvelle vie : un animal de compagnie et une lobotomie, le premier pour m'aimer et la seconde pour effacer tous mes souvenirs, que je ne sois plus qu'une page vierge où tout resterait à inventer.
| 
|