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Grand format
Réédition
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par François Baranger
Paris : L'Œil d'or/La Tartine, novembre 2023
400 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-490437-30-6
Mort de rire
Ça aurait dû être le plus beau jour de la vie de Charlie Asher, un "mâle bêta" californien névrosé, qui découvre à la maternité son nouveau-né. Sauf que sa femme décède quelques minutes plus tard, le laissant d'un seul coup veuf et jeune papa. Et comme si cela ne suffisait pas, voilà qu'il a été choisi pour être l'un des avatars de la Mort, sans que l'on prenne la peine de l'en informer ! Gérer ses nouvelles missions de faucheur d'âmes tout en élevant seul un bébé et en tenant un magasin d'antiquités sans sombrer dans le désespoir a tout du travail impossible... Un sale boulot, mais autant le faire bien.
Initialement paru en 2007 dans la collection "Interstices" des éditions Calmann Levy et bizarrement passé sous le radar, Un sale boulot, typique du mélange déjanté d'humour et de fantastique (ou d'humour et de polar) qu'affectionne l'Américain Christopher Moore, connaît ces jours-ci une étonnante résurrection éditoriale, puisqu'elle se fait sous la forme d'un projet de fin d'études d'un quatuor d'étudiants en Métiers du Livres de l'IUT de Bordeaux, bien décidés à corriger cette amnésie impardonnable. Créant leur propre maison d'édition, ils ont ainsi redonné vie à un texte décapant, typique d'un romancier capable de faire raconter la vie de Jésus par un de ses amis d'enfance (L'Agneau) ou de se moquer du regain d'attraction pour les vampires à travers une trilogie hilarante (dont seuls deux tomes ont été traduits en français : Les Dents de l'amour et D'amour et de sang frais). Autant dire que Moore ne se prend pas au sérieux, surtout lorsque, comme ici, il aborde des thèmes portant peu à la rigolade. Héritier spirituel de Woody Allen, Asher est hypocondriaque, stressé, complètement largué et incapable d'élever sa jeune fille et de dépasser son chagrin. L'irruption du surnaturel dans sa vie par la grande porte (et les fenêtres) n'est ici que la cerise sur le gâteau d'une vie déjà bien démolie. Alignant séquences dramatiques et réflexions hilarantes, Moore en fait un personnage immédiatement attachant, tout comme la galerie de seconds rôles improbables et crédibles à la fois (sa sœur, ses voisines, sa vendeuse gothique...) qui l'entourent au quotidien,et on aurait sans doute pu les suivre longtemps, mais il faut que le récit avance, et Asher se trouve donc investi de la mission, non seulement de récupérer les âmes, mais finalement de sauver le monde, dans une fin un tantinet capillotractée. À l'image des précédents romans de Christopher Moore, Un sale boulot est un feu d'artifices, d'idées, d'images, de dialogues inspirés, mais qui s'achève sur un bouquet final qui fait pschitt, comme si l'auteur lui même s'était perdu en route faute de construction et peinait à raccrocher les wagons. Un roman bancal en définitive dont un humour au second degré et un ton doux-amer parviennent néanmoins à faire une réussite. Et un beau succès pour les toutes jeunes éditions de La Tartine.
Citation
Je suis la Mort, ma chérie. Ben oui, ça te fait rigoler. N'empêche qu'avec un père qui expédie ses semblables au boulevard des Allongés, on n'est pas près de trouver une maternelle qui voudra bien de toi.