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Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Florian Dennisson
Sévrier : Oiseau noir, mars 2024
374 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-494715-17-2
Eaux profondes
Bienvenue dans la communauté des Deschutes River, Oregon, une banlieue résidentielle huppée apparemment parfaite où si l'on hurle, c'est sans bruit. C'est là que l'impensable se produit : Charlie Franklin, le fils de Carole et David Franklin, disparaît. Est-il tombé dans la rivière en profitant d'une seconde d'inattention de Liz ? Pour elle, la torture d'ignorer ce qu'il est advenu de son fils est renforcée par la culpabilité pendant que la police locale est sur les dents. Et si Charlie avait été enlevé ? Mais alors pourquoi n'y a-t-il pas de demande de rançon ? Pourtant, la vérité est à chercher tout près : chez Liz et Owen Camden, ce dernier patron d'une start-up, leurs voisins immédiats. Car Liz, qui s'est mal remise de la mort de son frère dans son enfance, a renversé involontairement Charlie alors qu'elle se préparait à aller passer un examen important. Owen s'est chargé de cacher le cadavre, mais ce que Liz ignore, c'est que le garçon n'était pas mort. Or pour Owen, la révélation d'un tel accident serait fatale à ses affaires. Il n'a donc pas hésité à l'achever pour balancer le cadavre là où on pourrait le retrouver sans l'incriminer. Mais est-il vraiment sûr que personne ne l'a vu ? Et, d'abord, Charlie est-il bien mort ?
Vu l'état du genre en Anglo-Saxonie, trouver un roman de qualité finit par former une bonne surprise en soi, surtout lorsqu'il est aussi soigné, bien écrit et, on imagine, bien traduit. Dans une communauté évoquant celle du film Prisoners, il développe une vision cauchemardesque de ces banlieues huppées finissant en prison dorée pour épouses de cadres dépressives. Mais, cette fois, on sait dès le départ ce qui s'est passé, et ce sont les conséquences de ce fait divers qui importent plus que le reste, y compris la recherche d'un bouc émissaire, jusqu'à une conclusion d'une ironie douce-amère qui n'étire pas trop la crédibilité. Il est dommage que, soudain, Gregg Olsen renonce à suivre la progression logique du récit pour charger à mort les deux maris (bâtis sur le même modèle) histoire de mieux exonérer celle qui a effectivement "fait", selon la doxa qui veut qu'une femme n'est jamais responsable, ni coupable de quoi que ce soit (elle a tout de même renversé un enfant et l'a laissé pour mort pour des raisons égoïstes. Mais elle était stressée. On le sait, la femme est une petite chose fragile et émotionnelle, n'est-ce pas...), mais s'empresse d'enfoncer son mari dès qu'il montre la moindre faiblesse. (Tout en gardant le bon petit confort de classe supérieure qu'il lui a offert parce que bon.) Dommage, sans cela, avec une profondeur psychologique à laquelle on n'est plus habitué, le tout frôlait le sans-faute. Un bon roman auquel il ne manque pas grand-chose pour être un grand roman...
Citation
Pour Esther, la loi est toujours noire ou blanche. Il faut que ce soit comme ça. Les nuances de gris qui distinguent les criminels relèvent de la compétence des procureurs qui traitent l'écrasante charge de travail qui leur est confiée chaque jour. Eux seuls ont le pouvoir de décider des nuances. Pas la police.