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Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Manon Malais
Paris : Gallimard, avril 2024
294 p. ; 21 x 15 cm
ISBN 978-2-07-304862-2
Coll. "Série noire"
Les raisons du cœur
Anne Wiley est une chirurgienne cardiaque très réputée, mariée à Derreck Wiley, un avocat qui pourrait bien devenir le futur maire de Chicago. Mais tout change le jour où elle reconnaît à sa tache de vin le patient qui gît sur sa table d'opérations : un nommé Caleb Donaghy. Voilà pourquoi, lorsque son cœur refuse de repartir normalement, elle ne fait rien pour le sauver. En effet, cet homme est celui qui a martyrisé jadis sa petite sœur adoptive Melanie dans sa famille d'accueil, Melanie qui ne s'est jamais vraiment remise de ses mauvais traitements. Wiley se retrouve à la fois torturée par la culpabilité et la peur de l'enquête en cours – surtout que la direction de son hôpital ne veut pas faire de vagues et n'hésitera pas à la virer. C'est alors qu'elle devient la cible de Paula Fuselier, avocate au bureau du procureur d'État — et maîtresse de Derreck. Elle entend bien profiter de cette affaire pour détruire la chirurgienne. Mais sa motivation est-elle juste de se débarrasser d'une rivale afin que Derreck soit tout à elle, où y a-t-il un mobile plus ancien ? Et d'abord, qu'est-il arrivé à Melanie ?
Dans le morne paysage du polar anglo-saxon, il est rassurant de trouver un titre digne de ce nom — bien qu'il provienne originellement d'un éditeur plutôt fournisseur de tout-venant en numérique. Déjà, le personnage n'est pas une écervelée sortie d'un had-I-but-know poussiéreux faisant tout pour s'enferrer elle-même, selon une mode déplorable. C'est plutôt le genre de médecin à qui on aimerait avoir affaire si jamais... Il n'a pas non plus tout les attributs de la justice expéditive forcément justifiée, toujours selon une mode également déplorable. Pourtant, sur le papier, l'intrigue n'a rien de neuf : s'il s'agissait d'un film, ce serait un de ces innombrables "suspenses" des années 1990 à base de triangle amoureux propulsés par l'incompréhensible succès de Liaison fatale. Oui, mais il y a une différence qui s'appelle le talent... Le tout est bien mené, bien narré, avec un rythme soutenu (même s'il ne faut pas attendre du bruit et du fracas, on est plus dans du thriller psychologique), et à 290 pages, le tout n'étire pas son propos, servi par une traduction irréprochable qui n'a pas dû être facile, vu le nombre de termes médicaux. Mais il y a la fin... On admettra un coup de théâtre certes déjà vu, qui fonctionne, mais subitement, Leslie Wolfe a décidé de retomber dans la doxa qui veut que si un mari adultère est coupable de tout, celle avec qui il commet l'adultère est forcément une oie blanche irresponsable, même si on a fait tout pour la présenter comme une égoïste manipulatrice, et le clin d'œil final très politiquement correct contredit tout ce qu'on nous a présenté du personnage principal. Dommage, on frôlait le sans fautes...
Citation
Même si le cœur de Caleb Donaghy a refusé de repartir, même si vingt-trois minutes de réanimation n'ont rien changé, c'est moi qui l'ai tué. J'aurais pu continuer. Il était branché à la pompe : j'aurais pu continuer pendant des heures. J'aurais pu lui injecter davantage d'adrénaline, droit dans le cœur. J'aurais pu essayer beaucoup d'autres choses pour tenter de le sauver. Mais j'ai délibérément choisi d'arrêter.