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Légitime démence
Poche
Inédit
Tout public
196 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-931240-05-6
Coll. "Basson rouge"
L'amnésique adoucit les mœurs
Le narrateur reprend ses esprits dans un abribus sordide de Charleroi après une agression… en ayant tout oublié de sa vie et même de son identité. Amnésie totale, le voilà obligé de recoller les morceaux tant bien que mal. Ses papiers lui permettent d'établir qu'il s'appelle Marc-Emmanuel de Bourdieu, un écrivain jadis à succès maintenant sur le retour, puisque son dernier roman a été un bide artistique et commercial, en dépit de son bel appartement, sa grosse voiture, son épouse et... sa maîtresse parisienne. De Bourdieu découvre aussi ce qui va tout changer : son nouveau manuscrit, prêt à être remis à l'éditeur. Une bombe. L'auteur s'est inspiré de la vie de Marcel Duboy, un habitant de Charleroi tout à fait ordinaire... sauf qu'il avait tendance à étrangler ses conquêtes féminines ! Coïncidence troublante, le tueur a même été un camarade d'école de l'écrivain. Une fois délivrée à l'éditeur, cette exo-fiction remise au goût du jour fait les gorges chaudes du landerneau parisien. Seulement voilà, le Marc-Emmanuel de Bourdieu ne s'était-il pas intéressé d'un peu trop près à la psyché d'un assassin au point de le pousser au... meurtre ? Surtout lorsqu'il tombe sous la coupe d'une éditrice dominatrice qui lui fait subir les derniers outrages...
Troisième roman pour André Lalieux aux éditions du Basson, un éditeur qu'on aime bien chez k-libre, témoignant de la vivacité du genre outre-quiévrain, Légitime démence relance une vieille question : est-il vraiment agréable de passer quelques heures de lecture en compagnie d'un narrateur peu recommandable ? (Le summum du genre étant La Femme du monstre de Jacques Expert). On ne va pas relancer la controverse de L'Affaire N'Gustro de Jean-Patrick Manchette (dans son premier roman, pour certains, le fait que le narrateur soit un immonde facho signifiait que l'auteur l'était forcément...), car André Lalieux transcende avec son point fort : une langue vivante, truculente, parfois doucettement vulgaire, qui évoque les grandes heures du genre à travers une galerie de personnages plus ou moins monstrueux. Cette descente aux enfers est certes classique, mais maintient l'attention d'autant qu'à 190 pages, l'auteur n'étire pas son propos. Et à l'heure où on déplore la fin des grandes collections du genre en poche princeps, il serait bon de jeter un coup d'œil de l'autre côté de la frontière...
Citation
Être catho propose décidément des règles bien utiles pour pas se pourrir l'esprit avec des idées noires. On avoue en confession, le prêtre passe un coup de gomme sur le carnet de notes et on le quitte l'âme récurée. J'me sens tout requinqué, le confessionnal vaut tous les psys de la planète pour pas un rond et sans rendez-vous.