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1886, l'affaire Jules Watrin
Grand format
Inédit
Tout public
Aux sources de notre époque
Les historiens, les amateurs de justice sociale, les passionnés de la grande vie sociale proche des années d'écriture de Zola ont vu passer un jour le nom de Jules Watrin. L'affaire en soi est assez simple : alors que les ouvriers ont de plus en plus de mal à vivre et que les conditions de travail sont dégradées, les patrons essaient d'accroitre encore la pression en baissant les salaires et en obligeant les mineurs à effectuer des tâches annexes nécessaires accomplies au détriment de leur salaire. Une grève va éclater. Le représentant du patronat est un certain Jules Watrin qui doit négocier sans céder sur rien. C'est alors que la foule se précipite vers les bureaux de la mine et menace le patron. Le maire tente de calmer les esprits et choisit de laisser en retrait les gendarmes qui pourraient encore plus exciter la foule. Mais les choses dérapent et au fil d'actions violentes, de jeux de cache-cache pour échapper à la furie des gens, Jules Watrin se retrouve coincé dans son bureau et est défenestré. Il se blesse dans la chute, une chute peut-être mortelle mais la foule le frappe à terre, lui marche dessus et lorsque l'on pourra s'approcher de l'homme, on ne pourra que constater sa mort. Par la suite, alors que la justice et la police enquêtent, arrête des gens qui quasiment tous nieront les faits, voire même leur présence sur les lieux, les grèves éclatent, des hommes politiques et des socialistes influents viennent pour défendre les ouvriers, les patrons et le gouvernement naviguent en sous- main pour arrêter les frais. On arrête des gens qui parlent de "watriner" les patrons. Enfin le procès permettra (peut-être) de régler les différends.
En s'appuyant sur une histoire vraie, sur des archives et des textes d'historiens importants en qualité et en nombre, car l'affaire Watrin, qui ressemble presque à un roman zolien, a été largement diffusée et commentée, Pascal Dessaint, qui ouvre et ferme le livre par une version contemporaine, moins violente physiquement mais peut-être autant métaphoriquement, écrit une histoire rythmée, rendant vivante cette "vieille" affaire. Les forces en présence sont décrites avec soin. Même si l'on peut saisir de quel côté penche l'auteur, son récit présente tous les points de vue, suit un personnage, puis un autre, change d'échelle et évoque tous les aspects. Comme dans tout roman noir, il y a des moments sombres et d'autres plus lumineux, où l'on pourrait croire en l'humain. Ce qu'une émission de radio (concordance des temps) évoque par l'idée que les événements actuels peuvent être des reprises différentes d'événements plus anciens, le retour de Pascal Dessaint dans un moment de grandes tensions sociales, de violences et de luttes, fait partie de cette actualité intemporelle qui donne des éléments pour penser notre présent. Et qui plus est, lorsque cela se construit dans un roman sérieux, fort, prenant, il serait idiot de bouder notre (malheureux) bonheur.
Citation
Les républicains l'ont emporté en 1879. Un vent de liberté a soufflé. Liberté de réunion. Liberté de la presse. Et en même temps une certaine agitation reprenait. Quand on espère, on peut être impatient... Grève à Anzin.