Du noir chez les Rouge-et-Blanc

Roman - Policier

Du noir chez les Rouge-et-Blanc

L'ovale était presque parfait

À Castelsarrasin, une jeune femme en pleine séance de yoga fait une découverte macabre : un cadavre dans un canal, non loin d'une péniche. Accident ? Mais l'autopsie révèle qu'il n'est pas mort noyé : on l'a en effet assassiné d'un coup sur la nuque, puis jeté à l'eau. Pourquoi à cet endroit ? La victime est vite identifiée. Il s'agit de Morgan Albouy, fils d'agriculteurs locaux, mais aussi étoile montante du Cercle athlétique castelsarrisinois. Autrement dit l'équipe de rugby locale, une institution, même si d'autres clubs faisaient les yeux doux au jeune prodige. La réputation irréprochable de la victime est remise en question lorsque l'on trouve chez lui une forte somme en liquide. La capitaine de police Philomène Garcia soupçonne le produit d'un trafic de drogue. Le joueur se serait-il attiré de fortes inimitiés auprès d'autres joueurs ? L'enquête montrera que la réalité est plus complexe et que tout n'est pas rose en Ovalie...

Un roman qui fait forme d'épure : un cadavre, une équipe de policiers, une enquête, les ingrédients-phares depuis que le genre existe. On imagine en plus une solide documentation, même s'il n'est pas nécessaire d'être féru de rugby pour apprécier ce livre (mais pour qui l'est, le plus est indéniable). En fait, il n'y a pas grand-chose à en dire pour le chroniqueur syndiqué (ma pomme), sinon que la conclusion est, comme bien souvent, plus simple que tout ce qui a précédé. On pourrait penser à une de ces "dramatiques policières" punitives du samedi après-midi ou un avatar de l'interminable série "Meurtres à..." si l'un des auteurs, Patrick Nieto, ne dévoilait pas son arme secrète : une imparable science de la narration et des personnages qui sent le métier (il en est à son septième roman, tout de même) et qui maintient l'attention jusqu'au bout. Pour quelques frissons rétro, on peut trouver pire. Et une réussite de plus pour Cairn, un de nos éditeurs dits "petits" préférés...

Citation

La France consacre soixante-dix euros par habitant et par an à la justice quand son voisin allemand investit le double. Manque de magistrats, de greffiers, de places dans les prisons, de travailleurs sociaux, conditions de détention dégradées, moyens alloués à la réinsertion dérisoires, politisation des syndicats, la liste est longue pour expliquer la déliquescence des missions régaliennes dévolues à l'État.

Rédacteur: Thomas Bauduret lundi 09 septembre 2024 partager : | |