Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Traduit du japonais par Sophie Refle
Paris : Folio, septembre 2024
188 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-07-307159-0
Coll. "Policier", 1024
Cluedo féminin japonais
La Résidence K. est un bâtiment de brique qui héberge des femmes célibataires à Tokyo. Mais des travaux de réaménagement et d'élargissement d'une rue vont obliger des ouvriers à le déplacer : on va creuser, insérer tout un système de roulements et il est dit que les locataires pourront rester chez elles à regarder un verre rempli d'eau à ras bord qui ne se renversera pas le temps de la manœuvre. Seulement, cette résidence est aussi un lieu qui héberge des faux semblants. Dans une société où chacun se doit d'être respectable, tout le monde à intérêt a minima à mentir par omission. Et puis certaines se sont inventé une vie magnifiée. Parfois pour supporter elle-même le poids de la vie, parfois pour en imposer aux autres. Surtout : chacune a quelque chose à cacher, un acte plus ou moins délictueux (du vol d'un violon à l'enterrement d'un nouveau-né). La résidence K. est gardée jour et nuit par deux concierges qui se relaient. Et dans leur loge, on peut trouver un passe-partout en cas de besoin. Et alors que la date du déplacement du bâtiment approche, le passe-partout disparaît, un maître-chanteur révèle de bas secrets et de drôles d'accidents surviennent. Pour les locataires qui découvrent les unes après les autres ce qui se trame, il incombe de débusquer qui tire les ficelles de l'ombre...
À partir d'une trame digne d'un Cluedo psychologique et sociologique, Masako Togawa dresse le portrait en creux d'une société de l'après-guerre coincée entre tradition et modernité. Surtout, celle qui a débuté comme chanteuse de cabaret excelle à dépeindre les différentes psychologies de ses personnages en y mêlant ce qui fait la force de la littérature japonaise : un mélange harmonieux des genres. De fait, le principal protagoniste de cette histoire est bien la résidence K. Chacune des locataires représente l'une de ses facettes. Passé un prologue qui amène l'enlèvement d'un enfant métis (nippo-américain) et l'explosion d'un couple, on plonge quelques années plus tard dans un quotidien qui vire au mortifère, et l'on suit alternativement les agissements presque affolés de ces drôles de femmes ordinaires jusqu'à un final surprenant, digne d'un whodunit, et qui justifie pleinement le prix Edogawa Ranpo 1962 attribué à Masako Togawa pour ce premier roman.
Citation
Le lendemain, Suwa prit le risque d'aller demander à la loge d'où venait l'annonce. Elle craignait d'éveiller les soupçons des gardiennes, mais elle se persuada que si elle posait la question d'un ton naturel, il ne lui arriverait rien.