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Mission au bout de la nuit
Nous avions laissé à la fin du premier volet de la série "Et chaque fois, mourir un peu" deux amis, Paul, un chirurgien suisse, et Grégory, son infirmier, en mission humanitaire en Afghanistan, sur une route vers leur destination de soins. Mais une embuscade les avait placés aux mains de djihadistes qui entendaient les libérer contre la libération de prison de plusieurs des leurs. Peu à peu les conditions de détention se dégradaient et les deux prisonniers étaient séparés, tandis que leurs accompagnateurs locaux, eux, étaient liquidés. Mais Grégory parvenait à se lier d'amitié avec deux des geôliers, ses connaissances médicales leur permettent de se soigner. Ceux-ci allaient l'aider à s'évader et il pouvait être recueilli par une patrouille de l'armée américaine. Il revenait en France, et accompagnait sa famille, tout en continuant à retourner à des missions humanitaires jusqu'à aujourd'hui. C'est alors que Karine Giebel nous propose une deuxième version (qui recoupera par certains points la première). À peine rentré d'Afghanistan, Grégory découvre que son fils meurt. S'est-il suicidé en se jetant d'un pont ou bien a-t-il été victime, comme le lui avait promis en captivité le chef de ses geôliers, d'un meurtre de représailles ? L'esprit de Grégory vagabonde de plus en plus. Il pense que les deux réfugiés syriens qui travaillent dans son village sont liés au meurtre, que sa femme le trompe avec le maire. Finalement, dans une crise, il tue quatre personnes (du moins le croit-il) puis est enfermé dans un asile. Là, il va subir des "tortures" physiques et mentales d'un infirmier, tout en étant secouru régulièrement par Paul, entre deux nouvelles missions humanitaires. Et nous allons vivre d'autres aventures qui amèneront là aussi jusqu'à aujourd'hui.
Après une premier volet enthousiasmant, Karine Giebel nous propose ici la dernière partie de son diptyque, et elle l'est tout autant. La romancière connait son métier et retourne son histoire au milieu du livre pour en présenter une seconde, de manière convaincante et avec des ponts entre les deux (Grégory vit réellement dans la première partie ce qui sera un fantasme dans la seconde). De plus, dans le dernier tiers, le récit se retrouve encore d'une façon que nous nous garderons bien de dévoiler pour nous montrer que nous sommes aussi dans une grande intrigue policière. Axé sur un thème intelligent : dans le roman noir, on peut aussi connaitre la grandeur et la vilenie des acteurs au sein des crises humanitaires, des guerres civiles, lorsque l'État manque et que chacun peut satisfaire ses instincts, sous couvert de bonne conscience. La partie consacrée aux formes de "douleur" au sein des asiles psychiatriques montre le parent pauvre d'un système déjà en souffrance et où certains infirmiers se comportent comme les bourreaux qu'ils seraient peut-être dans un autre système. La volonté de Grégory, aux contours troubles cependant, et l'amitié solaire de Paul créent le contrepoint d'oxygène à un récit étouffant, angoissant, reflet de notre époque. Un "gros" livre en deux volumes éblouissant.
Citation
Ils roulent sur une piste défoncée, et chaque secousse déclenche une série de douleurs. Allongés sur le ventre à même le plancher du van, yeux bandés et mains ligotées dans le dos, les quatre hommes subissent le trajet le plus terrifiant de leur existence.