Contenu
Les Cancrelats à coups de machette
Poche
Réédition
Tout public
264 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-07-304872-1
Coll. "Policier", 1027
978-2-07-304872-1
Alors que l'on retrouve, à plusieurs endroits en France, des morceaux de corps humain, il apparait rapidement que les victimes sont toutes liées au Rwanda, et en particulier au génocide des Tutsis qui, durant le printemps 1994, coûta la vie à près de huit cent mille personnes dans l'ancienne colonie belge. Un quart de siècle plus tard et à des milliers de kilomètres de Kigali, un mystérieux vengeur dont l'identité, un jeune boxeur tutsi prometteur, apparaît vite évidente, et il revient à un gendarme français de mettre fin au massacre des anciens génocidaires réfugiés en métropole.
Abominable carnage qui a vu des populations hutus, galvanisées par le gouvernement rwandais, la presse et l'église locale, se mettre, suite à un attentat faussement attribué aux Tutsis, à assassiner brutalement, à littéralement découper en morceaux hommes, femmes, enfants et vieillards, dans un déferlement de haine difficile à concevoir, le génocide rwandais est l'un des événements les plus sombres d'un continent dont l'histoire ne manque pourtant pas d'horreurs en tout genre. Avec des centaines de milliers de morts et la coupable "neutralité" des puissances occidentales, la France en tête, qui ont laissé le massacre se dérouler pendant trois mois sans intervenir et vont, par la suite, lorsque les Tutsis finiront par reprendre le pouvoir, laisser leurs tortionnaires se refaire une vie en métropole. Pour rendre compte de ces tueries inimaginables, il fallait un romancier qui n'ait pas peur de se confronter, et de nous confronter, au réel le plus traumatisant, il fallait Frédéric Paulin, dont toute l'œuvre consiste à prendre à bras le corps des réalités géopolitiques complexes, insoutenables, et à les humaniser, à les incarner pour les sortir du champ de la simple dépêche d'actualité.
Écrit en parallèle de sa trilogie sur la Guerre d'Algérie, Les Cancrelats à coups de machette (les cancrelats étant ici les Tutsis, que des "animateurs" radio appelaient à exterminer à la machette) nous plonge à pieds joints dans l'horreur, à travers les personnages de François et Dafroza, victimes du racisme endémique de leurs voisins, traversant milles épreuves pour s'en sortir, physiquement du moins, car dans ce roman où les victimes se font bourreaux pour châtier des bourreaux devenus victimes, on ne s'en sort jamais, on ne peut, au mieux, que survivre. Éprouvant, en ce qu'il refuse de fermer les yeux devant l'horreur, ce texte fort, dur, ne nous ménage pas, nous immergeant au contraire au cœur du carnage, sans nous laisser, jamais, l'occasion de respirer. C'est en apnée, la nausée au bord des lèvres et la rage au ventre que l'on se laisse prendre, bousculer et mettre K.-O. par Frédéric Paulin dans ce grand roman noir, indispensable témoignage de la folie meurtrière des hommes, autant que passionnante enquête.
Citation
La boxe et la vie, c'est la même chose, répond Gatama en serrant les dents. Si tu n'es pas le plus rapide, le meilleur, tu finis dans une fosse commune, taillé par les machettes.