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Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Carole Delporte
Paris : Jean-Claude Lattès, octobre 2024
332 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-7096-6782-1
La vengeance dans la peau
Lacy Stolz commence sérieusement à en avoir assez de son travail au service de l'inspection judiciaire. C'est alors qu'elle est contactée par une jeune femme qui se présente sous le nom de Jeri Crosby, bien qu'elle apprenne ensuite qu'elle a de nombreux alias. Celle-ci est obsédée par une affaire non élucidée : le meurtre de son propre père, un paisible professeur de droit vingt-deux ans plus tôt. Elle pense connaître l'identité du meurtrier qu'elle ne cesse de traquer avec l'aide d'un détective privé, et qui n'en est pas à son coup d'essai. L'arme du crime est toujours la même : une corde en nylon bleu servant à étrangler la victime. Crosby est persuadée que son suspect, Ross Bannick, passablement perturbé, a entamé une longue croisade meurtrière pour venger tous ceux qui lui ont fait du tort durant son enfance. Seul problème : il connaît toutes les entourloupes légales pour échapper à la police de par une caractéristique cruciale. En effet, il est juge en Floride ! Or jamais dans l'histoire on n'a inculpé un juge... Sauf que sa croisade est loin d'être terminée et que Crosby, voire Stolz, risquent de se retrouver sur sa liste...
John Grisham n'est plus l'auteur d'excellents suspenses basés sur les personnages comme La Firme ou Le Client (n'en déplaise aux fâcheux) et s'il pouvait encore récemment sortir des romans plus qu'honorables comme L'Allée des sycomores ou L'Ombre de Gray Mountain, on se demande si sa façon de reprendre d'anciens personnages (le pitoyable Le Droit au pardon), ici l'héroïne de L'Informateur, n'est pas un aveu de sécheresse qui serait bien compréhensible après plus de trente ans de carrière... Ce roman a un point de départ plutôt intéressant, reprenant la tradition du chat et de la souris puisqu'on sait sans détour qui est le coupable. Mais outre le fait qu'il mette un temps fou à démarrer, ce que le métier de l'auteur fait passer plus ou moins, le tout donne vite dans l'invraisemblance : on veut bien qu'un juge connaisse les arcanes du droit, mais personne, à part notre détective amateur, n'a pensé à lier entre eux une série de meurtres avec le même mode opératoire ? Et notre héroïne redoutant jusqu'à la parano de s'attirer l'ire du tueur le raille en lui envoyant des lettres l'informant joyeusement de l'enquête en cours ? On pourrait se dire que l'on a vu bien pire lorsque arrive la fin : non pas un retournement de situation tiré d'un chapeau, selon la déplaisante doxa actuelle, mais ce qui ressemble plutôt à un aveu d'impuissance. Il est louable de vouloir faire autre chose que le ronron habituel de la course-poursuite finale, mais de là à faire un croche-pattes au lecteur... Triste à dire, mais à presque soixante-dix ans, il est peut-être temps de penser à la retraite au lieu de finir comme Jonathan Kellerman, à presser un citron sec depuis longtemps...
Citation
Il avait passé la majeure partie de son existence avec la peur des mandats d'arrêt, des détectives privés, de la prison. Une peur qui le consumait depuis si longtemps que sa routine quotidienne incluait une foule de précautions. Et jusqu'ici, il avait toujours une longueur d'avance sur les limiers. La crainte d'être pris n'était pas liée aux conséquences et au prix à payer. Plutôt à l'angoisse de devoir s'arrêter.