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Rat Island
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier
Paris : Gallimard, avril 2024
430 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-07-294691-2
Coll. "Série noire"
Même court, c'est du bon !
Les cinq nouvelles qui composent ce recueil ne reprennent pas les personnages habituels de la série de Jo Nesbø mais sont plutôt des histoires noires, parfois liées aux sciences, parfois s'inscrivant dans un futur plutôt noir. La première, celle qui donne son titre au recueil, est effectivement une intrigue assez noire. Dans un futur que l'on peut imaginer assez proche, les États et les sociétés sont en déliquescence, suite principalement à un nouveau virus très destructeur de vies. Tandis que la police et l'armée tentent de maintenir un semblant de droit, que les riches disposent de possibilités de fuir pour des terres protégées et que l'on espère à l'abri des maladies, les citoyens s'arment et luttent pour leurs derniers jours. Un homme bien situé sur l'échelle des notables, mais pas assez pour échapper aux conséquences de cette déliquescence, voit sa fille enlevée par un gang de motards, violée puis assassinée. Il veut se venger même si cela risque de le mettre en porte-à-faux avec l'establishment car le chef du gang est le fils d'une des plus grosses fortunes du pays, un homme capable de mobiliser des avocats et la corruption pour empêcher que son fils ne soit arrêté. Problème, le père, avec d'autres gens victimes du même gang, parvient à faire prisonnier le fils. Le père va tout faire pour récupérer son fils et ce dans un décor à la Mad Max, des gangs de motards se battant pour les derniers litres d'essence. Sans entrer dans le détail, les autres nouvelles sont aussi noires, mixant des faits contemporains ou de futurs proches (un monde dans lequel les tueurs à gages pour gérer les différents entre entreprises sont autorisés, un savant ayant découvert un nouveau remède qui propose une forme ou presque d'immortalité mais dont les effets secondaires sont potentiellement dangereux mais niés par l'entreprise qui entend en tirer des bénéfices, un homme capable de voyager dans le temps qui essaie de reconquérir une jeune femme dans une suite de rencontres dans des corridas ou pour celle qui touche le plus contemporain : les retrouvailles entre un père et son fils - le fils désireux de devenir l'héritier et le père s'en doutant -, dans un safari au milieu de serpents tous plus venimeux les uns que les autres). L'ensemble des textes est glaçant, fort. Jo Nesbø parvient en quelques lignes à nous faire entrer dans le monde qu'il décrit, dresse en deux-trois mots des personnages crédibles et qui retiennent l'attention, crée des situations tendues, polardeuses, nauséeuses à souhait, mais toujours crédibles, pour une explosion de talents sur le côté court. À côté de sa série "Harry Hole", qui se bonifie à chaque épisode malgré une noirceur plus intense à chaque épisode, ces nouvelles confirment que l'auteur norvégien est bien l'une des grande figures du polar actuel.
NdR - Le recueil comporte les cinq nouvelles suivantes : "Rat Island", La Déchiqueteuse", "Les Cigales", "L'Antidote" & "Le Cavalier noir".
Citation
Si je n'avais pas tenté de m'opposer à lui ni de le manipuler, c'était que j'avais perçu que ce cambriolage n'était pas seulement une question d'armes, d'essence et de groupe électrogène se trouvant peut-être ou pas, dans le garage. J'avais compris que Brad connaissait ces gens, ils avaient quelque chose qu'il lui fallait à toute force et il ne céderait pas d'un pouce.