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Inédit
Tout public
Maureen Martineau (nouvelle)
Michèle Pedinielli (nouvelle)
Ariane Gélinas (nouvelle)
Corinne Jaquet (nouvelle)
La Tour-d'Aigue : L'Aube, octobre 2024
234 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-8159-6326-8
Coll. "Noire"
Poker de dames gagnant
Excellente idée que de nous présenter quatre auteures francophones de talent à l'intérieur d'un même recueil collectif. Si Michèle Pedinielli est la plus connue des lecteurs français, la Suisse Corinne Jaquet et les Québécoises Ariane Gélinas et Maureen Martineau ne tarderont pas à l'être. L'écriture noire est en effet maîtrisée par les quatre femmes qui signent des nouvelles axées sur les saisons, bien sûr puisque c'est le thème commun, mais qui montrent surtout qu'elles n'ont rien à envier en terme de comparaison leurs collègues masculins (à supposer que cela ait une importance quelconque) et qu'elles savent parfaitement conjugueur le mot noirceur avec n'importe quelle situation. Chaque saison est l'occasion de trois nouvelles, chaque auteure passant son tour sur une saison. Le tout avec un sens aiguisé de la description et de l'étude psychologique, sans oublier une pointe d'humour qui rehausse les textes. Selon les goûts de chacun, on trouvera plus de force ou de plaisir de lecture à tel ou tel texte, mais aucun ne laisse indifférent et aucun ne démérite. Pour ma part, il serait vain de classer ou de créer une hiérarchie. Au contraire, si l'on a déjà pratiqué l'univers de la nouvelle française, on ne peut que regretter que les barrières éditoriales bloquent des auteures francophones qui auraient pu se poser en France avec le même succès que d'autres anglosaxonnes qu'il aurait fallu traduire. Mais place au petit survol saisonnier !
Été : "La Vérité sur la cuvette du diable" tient sur le retournement final qui montre surtout que le personnage central a gâché sa vie en se trompant. Ce que va lui révéler le réchauffement climatique. "À l'épreuve du feu" évoque des personnages qui essaient de résister par la désobéissance civile aux conditions climatiques. Dans "L'Eau qui dort", enfin, c'est aussi le réchauffement climatique et ceux qui veulent en profiter de manière capitaliste que la nouvelle décrit. Printemps : "Le Châtiment de l'eau" évoque le retour de la nature, les enfants, dans une nouvelle glaçante. "Lignes de flottaison" relate un problème auquel on pense difficilement : que font les contrebandiers qui utilisent le froid pour leurs trafics quand les saisons se réchauffent. "Ce qui est à naître" joue sur la renaissance liée aux morts dans un territoire empreint de rumeurs et de légendes comme la Corse. Hiver : dans "Jamais deux sans trois" narre à travers le destin déclinant des stations de sports d'hiver une vengeance complexe. "Rien n'est jamais fini" est une variation intelligente et oulipienne autour d'un personnage qui est innocent mais doit payer pour un crime antérieur. "Cette femme-là" raconte une histoire dans un petit village où les gens ne sont pas forcément ce que l'on croit qu'ils sont. Automne : "Si la photo est bonne" raconte comment la tempête sur le lac va révéler des tempêtes intérieures noires. "Et rouillent les sentinelles" s'attarde sur un meurtre passé qui refait surface grâce à des archéologues. Enfin, "La Tunique de Nessus" clôt le recueil avec une évocation autour de la mort, de la pourriture, de l'art et de l'amour qui emporte le lecteur dans un final feu d'artifice pour une série de nouvelles toutes aussi captivantes les unes que les autres.
NdR - Le recueil comporte les nouvelles suivantes :
Ariane Gélinas : "À l'épreuve du feu", "Lignes de flottaison" & "Et rouillent les sentinelles".
Corinne Jaquet : "La Vérité sur la cuvette du diable", "Jamais deux sans trois" & "Si la photo est bonne".
Maureen Martineau : "Le Châtiment de l'eau", "Rien n'est jamais fini" & "La Tunique de Nessus".
Michèle Pedinielli : "L'Eau qui dort", "Ce qui est à naître" & "Cette femme-là".
Citation
Jean-Pascal disait que le Seigneur s'était révélé à lui après avoir entendu un prédicateur dans le sud de la France. Pour suivre Dieu (ou plutôt pour échapper au casier judiciaire qu'il trainait derrière lui), le nouveau berger aux cheveux de paille avait gagné la Suisse, persuadé que la patrie de la Croix-Rouge saurait lui offrir un havre de paix.