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N'aie pas peur du faucheur
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Carine Chichereau
Paris : Rivages, octobre 2024
478 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-6467-1
Coll. "Noir"
Des flots de sang sur la neige blanche
On avait quitté Jade, spécialiste des slashers, ces films d'horreur, à la fin de Mon cœur est une tronçonneuse, victorieuse mais en piteux état. À présent, quatre ans après, elle se fait appeler Jennifer et essaie de se reconstruire en continuant à se poser des questions, notamment sur laquelle des deux sœurs jumelles a survécu à l'autre lors du précédent massacre. Alors que le froid s'installe, que la neige assourdit les choses, Jennifer entend vivre tranquillement. Mais c'est compter sans Dark Mill South, un tueur en série (et on se perd sur ses véritables motivations car il reproduit les actes de différents tueurs réels ou fictionnels et il a été difficile de le coincer). Toujours est-il que le voilà en train d'être transféré d'une prison à une autre car il doit être jugé dans un autre État. À cause de la neige, son convoi se perd et a un accident, suite à une avalanche. Le tueur parvient à s'enfuir et arrive justement dans la ville de l'Idaho où vit Jennifer et décide de marquer son territoire en éviscérant quelques habitants. Dès le début, il complique la tache des rares policiers locaux et de Jennifer car s'agit-il du tueur disparu ou d'un autre slasher revenu d'ailleurs ? Les cadavres s'accumulent sans que l'on arrive à bien cerner les choses et Jennifer doit composer avec un autre admirateur de films d'horreur qui parvient à lui en remontrer en connaissance du genre. Alors que la neige s'entasse, que des gens emmitouflés parcourent les rues, le tueur, lui, ne cesse de rôder...
Troisième volet de ce que Stephen Graham Jones avait construit comme une trilogie de l'horreur (et d'ailleurs si le volet précédent est rappelé, l'auteur fait également des liaisons avec le premier opus Un bon indien est un indien mort), N'aie pas peur du faucheur (titre inspiré d'une chanson d'un groupe de métal qui eut son heure de gloire il y a quelques années) conclut de belle façon l'ensemble. Comme dans les films du même genre, de longues plages sur le quotidien permettent de créer du suspense. Des moments de terreur assumée sont décrits avec un luxe de détails et une avalanche de petits signaux qui renvoient à des variations possibles (entre autres, une espèce de gélatine qui se trouverait dans le lac et essaierait de gagner la surface et de se répandre..., le côté étrange provoquée par la jumelle survivante qui joue sur son identité - est-elle elle-même ou sa sœur ?). L'arrivée d'un personnage qui semble encore plus frappadingue et encyclopédie vivante sur les slashers rappelle les délires du roman précédent. Une suite de scènes sur un groupe de jeunes étudiants qui sont tués un par un dans un magasin de vidéo renforce le côté presque comiquement macabre de l'ensemble. Il faut bien entendu être un peu à l'aise avec le genre pour apprécier pleinement une histoire qui risque de poser des questions à des lecteurs plus habitués à du polar classique, mais il est toujours bon de se faire secouer et happer par une histoire déglinguée, réussie et prenante, oscillant entre violence pure et grand guignol.
Citation
Il tient ses intestins, ses entrailles, son foie et son pancréas et sa vésicule biliaire et Dieu sait quoi d'autre, et ses mains sont si engourdies qu'elles ne savent même pas ce qu'elles ont attrapé.