Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit du japonais par Diane Durocher
Paris : Belfond, février 2024
302 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-7144-9964-6
Toucher sa prime
Shinji Wakatsuki est un agent pour une compagnie d'assurance qui a obtenu, à force de travail et de rigueur, un poste de responsabilité. Il est depuis chargé principalement de vérifier les contrats d'assurance vie et de déceler les erreurs, les approximations, les fraudes potentielles. Il a une petite amie qu'il voit lorsque son travail lui en laisse le temps et il s'occupe des petits chats de celle-ci. Depuis quelques temps, comme ses collègues, il voit des choses qui le dépassent et notamment des souscripteurs qui tentent de les avoir à l'usure en venant très régulièrement faire de l'esclandre aux guichets. Parfois, ces arnaqueurs sont liés à des yakusas ce qui peut augmenter les risques pour les agents d'assurance. Et puis un jour, il est importuné au téléphone par une femme qui demande des informations sur un contrat. C'est d'autant plus étrange qu'elle veut savoir si l'assurance sera payée en cas de suicide. Quelques jours plus tard, Shinji Wakatsuki reçoit la visite de Komoda. Lui a signé des contrats importants mais il aurait besoin que l'agent vienne avec lui chez lui pour discuter calmement des primes et des problèmes liés à son assurance. Les deux hommes vont alors dans la maison noire du titre. Wakatsuki a une mauvaise impression qui se confirme lorsqu'il entre et découvre avec Komoda le fils de sa femme (d'un premier lit) qui s'est pendu dans sa chambre. La pendaison ne date que de quelques minutes ce qui innocente forcément Komoda (et ravive des douleurs pour l'assureur car son propre frère s'est pendu jeune et il se sent coupable de cette mort). Komoda va devenir de plus en plus insistant pour obtenir rapidement la prime en cas de décès. Comme quelques éléments perturbent Wakatsuki, il retarde le paiement et a peur pour la femme de Komoda, qui elle aussi a un contrat d'assurance vie. Komoda devient de plus en plus impatient et violent, et un soir, Wakatsuki trouve des têtes de chat dans un sac devant sa porte. Il s'agit des bêtes de sa petite amie. Serait-ce un signe, une menace ? La police a du mal à agir et Wakatsuki s'inquiète de plus en plus...
Après La Leçon du mal qui nous avait déjà montré le talent de Yûsuke Kishi, les éditions Belfond publient ce roman qui a presque déjà trente ans en langue japonaise. Nous sommes bien dans les atmosphères que savent dépeindre les auteurs japonais avec un mélange de quotidien, de fantastique glaçant et des horreurs humaines particulièrement sanglantes. Le romancier s'appuie sur la lenteur, sur une montée des événements, sur la façon dont l'ignoble et la terreur s'introduisent de manière subtile dans la vie de tous les jours, la perturbant de plus en plus, dans les pénombres. Il y ajoute les odeurs qui annoncent la décomposition, le glauque, l'humide et le végétal (ici symbolisé par une maison qui transpire l'horrible). Au moment où le lecteur s'y attend le moins, un retournement rend la situation encore plus angoissante. Une brillante réussite dans le genre.
Citation
Trois semaines plus tôt, une maison en bois qui abritait une famille de cinq personnes avait été réduite en cendres ; il n'y avait aucun survivant. À la suite du drame, pas moins de quinze demandes de paiement de prime avaient été émises. La plupart concernaient des assurances vieillesse d'une durée de cinq ans, qui constituaient un capital important.