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Poule, renard, vipère
Grand format
Inédit
À partir de 9 ans
454 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-8104-3969-0
Coll. "Thriller"
Saga criminalia
1978, au Pays basque. Andini entre dans l'ETA moins par conviction que pour les beaux yeux de la belle Marixol, prête à tout pour la Cause. Mais lorsque la première bombe qu'il pose provoque la mort de quatorze personnes dont six enfants, l'obligeant à fuir en France, il a mis la main dans un engrenage mortel qui se refermera sur lui des années plus tard... Des années plus tard... Le jeune policier Malet n'a pas de chances : la balle qu'il a pris trente ans plus tôt l'a laissé estropié à vie. Depuis, il boitille en tournant en rond autour de sa vie... Et si sa rédemption venait d'une jeune immigrée hindoue nommée Sadiya ? Le capitaine Romain Rocca, frais émoulu à l'IGPN, est policier parce qu'il ne sait rien faire d'autre. Il est alors mis sur une affaire curieuse : le lieutenant Reyane Guerrab a tué un suspect en pleine salle d'interrogatoire, ce qui fait désordre. Guerrab, le seul ami qui lui reste à la P.J., qui s'était mouillé pour lui sauver la mise lorsqu'il avait outrepassé ses droits. Est-ce vraiment un accident, comme il le prétend de façon peu convaincante ? Certes, la victime était un salopard de première, mais qu'est-ce qui aurait pu pousser Guerrab à courir un risque pareil, lui qui est reconnu comme étant l'un des meilleurs tireurs de sa section ? Et puis,il y a Alex qui voyage avec Leonor, une belle Espagnole, rentrant en France lorsqu'il remarque une jeune Hollandaise à une station-service. Une jeune femme qui, sur la route, lui fait des signes intrigants. Saluts ou appel à l'aide ? Plus tard, lorsqu'il voit la voiture au bord d'un chemin, désertée par ses occupants, il décide de s'arrêter pour voir ce qui se passe. Il n'aurait jamais dû...
Il est toujours courageux de sortir du ronron consensuel. Dès le début de ce roman, où se mêlent plusieurs histoires, on ne cesse de passer d'un personnage à l'autre apparemment sans rime ni raison. Autant dire qu'en dépit du style extrêmement fluide de son auteur, Benjamin Pascal, il faut s'accrocher pour suivre tant les transitions semblent abruptes. Et cela en vaut la peine : au bout d'un moment, une fois bien installé dans ces différents récits, on commence à comprendre qu'il s'agit pour l'auteur de tisser une véritable toile, une saga criminelle couvrant plusieurs décennies portée par des personnages forts et vivants (le plus touchant étant encore Malet, l'ex-flic revenu de tout et du reste, mais ayant gardé son humanité), bien loin des deux ou trois caractéristiques collées sur un post-it en salle de développement dont se contentent les usineurs de thriller industriels au kilomètre. Tout le plaisir est de suivre l'itinéraire de ces personnages du zéro jusqu'à l'infini, et de voir comment ces histoires disparates se réuniront, ce qu'elles font de façon inattendue et convaincante. À cette intrigue extrêmement complexe et cohérente, l'auteur apporte l'élément qui tue : une science impressionnante de la narration — surtout pour un deuxième roman seulement —, qui fait tourner les feuilles tant les enjeux sont forts et l'intérêt constamment ranimé (et réussir à remplir 459 pages bien tassées sans avoir un soupçon de photocopie de fantôme de longueur est remarquable en ces temps de Livres VentripotentsTM). Qu'on y rajoute des scènes d'action digne des meilleurs films qui s'insèrent naturellement dans la narration jusqu'à une conclusion des plus satisfaisantes, et on en sort à bout de souffle. Et on en redemande...
Citation
Lamonica était méfiant. Il n'aimait pas les étrangers. Le problème, c'est que pour lui, tout le monde était étranger. Si vous n'étiez pas corse, vous étiez étranger. Si vous ne faisiez pas partie de sa famille, vous étiez étranger. Si vous ne faisiez pas partie de son village, vous étiez un étranger. Les frontières de son pays personnel se limitaient à un périmètre restreint autour de sa maison. Une bâtisse dans laquelle il était né, et idéalement, dans laquelle il mourrait de vieillesse. Même s'il savait qu'il s'agissait là d'un rêve difficilement accessible. Dans sa branche, on avait une espérance de vie plus proche de Claude François que celle de Mathusalem.