Contenu
Poche
Inédit
Tout public
Traduit de l'italien par Hervé Denès
Paris : Métailié, février 2010
204 p. ; 19 x 12 cm
ISBN 978-2-86424-718-0
Coll. "Noir - Suite italienne", 155
Palerme, berceau du gangster hollywoodien
Piergiorgio Di Cara se plaint, paraît-il, qu'on l'interroge toujours sur la Mafia et jamais sur son écriture ou ses textes pour eux-mêmes. On le comprend d'autant mieux que ses phrases courtes, tantôt ironiques, tantôt teintées d'une légère mélancolie, contribuent à l'atmosphère particulière qui imprime ses récits. Est-ce aussi pour parer à l'obsession de la Pieuvre, qu'il a choisi de délaisser Salvo Riccobono de la brigade antimafia de Palerme, pour Pippo Randazzo inspecteur de police qui enquête sur un meurtre "banal" ?
La femme du docteur Nardi a été assassinée de manière extrêmement violente, lorsqu'un peu plus tard, on retrouve un morceau de son crâne dans une poubelle du métro palermitain ; et Nardi semble trop poli pour être honnête. Mais chez Di Cara, le crime seul ne compte pas. Est mise sur le même plan la vie privée de Randazzo qui pour se rendre sur le lieu du crime a dû laisser en plan le dîner aux chandelles qu'il était en train de préparer pour Roberta. L'auteur s'attache à décrire le quotidien le plus trivial, celui des salles d'écoutes ou de Pippo et ses amis qui "depuis au moins 20 ans [...] répètent les mêmes rites et les célèbrent, plus ou moins, dans les mêmes lieux". Leur rite c'est la pizza San Carlo, le dimanche soir, à se chicaner sur tout et rien, et surtout sur la politique. Que signifie également la présence de cette enseigne "blanche, gigantesque" qu'un artiste a placée dans la montagne, et sur laquelle est inscrite "Hollywood" ? Est-ce qu'elle nous rappelle que le mythe hollywoodien du gangster tire en partie ses sources de la Sicile, de Palerme et de sa Mafia qu'elle a exportée aux États-Unis ? Et que par un effet inverse, le cinéma inspire maintenant la Mafia ? Ou bien qu'au contraire Pippo vit loin de tout cinéma. Et que pour lui importent de faire son travail, de manger éternellement la pizza chez Carlo et de savoir comment le regarde Roberta.
Citation
Le panorama ressemble à une radiographie. Un volumineux rapport de police. Un recueil de preuves irréfutables qui témoigne du sac de Palerme et relate des années de mépris de toute logique urbanistique et l'absence du moindre sens esthétique. Balcons sur Balcons, construit à la va-vite. Pas des appartements, des cubicules. Mausolées des affaires louches, et non logements décents.