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Grand format
Inédit
Tout public
176 p. ; 19 x 13 cm
ISBN 978-2-38553-178-2
Coll. "La Manuf"
Au Nord, c’était les fachos...
Dans une réalité alternative (ou pas ?), la France s'enfonce dans une crise politique sans précédent. Suite a des élections législatives perdues par son camp, le président, vaguement de centre-droit, dissout pour la troisième fois une Assemblée Nationale divisée entre des factions antinomiques, où un gouvernement "technique" se contente de passer des lois à coup de 49.3 sous la domination tacite du Bloc Patriotique, le parti d'extrême-droite qui n'a jamais été aussi puissant, tandis que la gauche se fracture entre Insurgés droits dans leurs bottes et sociaux-démocrates en panne de projet. Cela vous semble familier ? La Petite Fasciste, c'est Francesca, jeune militante identitaire du Nord, fille de l'éternel candidat local du Bloc, élevée dans la vénération de son frère, héros des skins locaux, tué quelques années plus tôt, qui ne rechigne pas elle-même à faire le coup de poing avec les crânes rasés du coin. Mais en quelques semaines, alors que le chaos s'installe dans le pays, Francesca va effectuer sa propre révolution intime et découvrir l'amour loin des swastikas.
Fin analyste de la politique française, et du glissement organisé de la société vers des idées fascisantes, Jérôme Leroy n'a de cesse, depuis son roman choc Le Bloc, de brosser des personnages évoluant dans la mouvance identitaire, ou tentés par ses idées alors qu'autour d'eux, se délite le vivre-ensemble. Avec La Petite fasciste, il s'attache aux pas de côté d'une "facho par tradition", bourrée de contradictions, qui n'hésite pas à abandonner pour de bon son "camp" dès lors qu'une sinistre vérité familiale est découverte, pour partir filer le parfait amour avec un député socialiste de quarante ans son aîné (on ne spoile pas, c'est annoncé d'emblée). À travers un narrateur omniscient qui n'hésite pas à aller musarder dans le futur ou le passé des personnages secondaires pour éclairer un point du récit, Jérôme Leroy dessine par petites touches la fin de la démocratie telle qu'on la connaît, mais également celle du fascisme incarné par Francesca et ses amis, relégués dans les marges par un Bloc Patriotique en recherche de respectabilité électorale. Le tableau est édifiant, même si un peu facile, et tout le monde reconnaîtra des personnalités politiques actuelles dans les portraits du président, "Le Dingue", ou Machecourt, l'atrabilaire leader des Insurgés, mais au delà de cela, Jérôme Leroy préfère nous raconter une improbable romance entre deux individus que tout oppose (la politique, l'âge...) mais qui se reconnaissent au premier regard... C'est beau comme du Barbara Cartland sur fond d'autodafé, mais ça n'apporte pas grand-chose à ce qui aurait pu être un grand récit, et finit noyé dans un océan de guimauve d'où disparaissent les considérations politiques et même une intrigue secondaire d'assassinats ciblés qui se trouve abandonnée en rase campagne.
Alors, comme d'habitude chez Jérôme Leroy, le style est beau, fluide et poétique, et on prend "plaisir" à retrouver des personnages du Bloc comme l'ignoble Stanko, mais ce n'est pas encore suffisant pour passer outre cette agaçante bluette qui veut se faire roman noir. Espérons juste que ce n'est pas l'actualité qui, pour une fois, dépassera Leroy dans ses sinistres prédictions.
Citation
Le Dingue s'en fout, le Dingue est dingue. Le pays s'effondre au ralenti dans des flambées de violence réprimées par une police choyée et très bien payée : elle est le dernier rempart entre le Dingue et la rue.

