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Une (grosse) cabane au Canada
Mêlant la fiction et des résurgences de son propre passé, Michael Blum part à la découverte d'un habitat social cruellement et ironiquement dévoyé. À partir d'un drame familial, son narrateur va surtout se retrouver confronté au plan d'une cité utopique eugéniste au sein d'une intrigue un peu convenue mais maîtrisée.
Universitaire canadien, d'origine juive, Dan Katz travaille sur l'architecture quand il décide de venir à Paris pour étudier la Cité de la Muette. Ce quartier en banlieue parisienne a été conçu juste avant la Deuxième Guerre mondiale comme un habitat moderne et social, avant de devenir, durant l'occupation, un camp pour regrouper les juifs avant de les envoyer dans les camps de concentration. La cité était gardée par des gendarmes français. L'un d'entre eux, gradé, avait été apostrophé par un homme qu'il rechercha par la suite et envoya, ainsi que sa femme, dans les camps de la mort alors qu'ayant un statut protégé il devait rester sur place. Il s'agissait de deux membres de la propre famille de Dan Katz. Sur les lieux, entre les visites des bâtiments et les discussions avec les habitants, l'universitaire fouille les archives et découvre que les gendarmes qui ont encadré le camp ont continué leur travail après la guerre et même que celui qui a fait déporter ses parents n'a pas été inquiété. En cherchant, il s'aperçoit également que ses enfants sont devenus des notables en province et que l'un d'eux est même un candidat important d'un parti d'extrême droite. Dan Katz va donc voir sur place cet homme et trouve de nouveaux indices qui le lient à des affaires immobilières au Canada afin de créer un village uniquement de blancs racistes. Même si ses recherchent pourraient s'avérer dangereuses, il va suivre la piste.
Le roman de Michael Blum, assez court, se déroule en deux parties distinctes : la première revient sur Paris et sur ces immeubles qui ont servi pour surveiller, enfermer et préparer à la déportation des Français, à travers la vision d'un homme qui mélange son travail d'architecte et sa biographie. Puis le roman devient un combat avec des résurgences contemporaines de ce nazisme. Le final, un peu chaotique et avec quelques rapidités laisse entrevoir d'autres informations et des manipulations subtiles intelligemment amenées. L'ensemble crée un récit intéressant, éminemment lisible, qui apporte des informations sans négliger l'intrigue. Domaine Lilium est cependant un texte un peu convenu et classique même si limpide.
Citation
Il sortit son laptop et commença à lire ses courriels de la journée, confirma sa visite à la bibliothèque de la Cité de l'Architecture et répondit machinalement à quelques collègues et étudiants. Enfin, il rassura d'un mot gentil sa mère, Ofelia, persuadée que Paris qu'elle n'avait pas vu depuis son enfance sous l'occupation, était devenue plus dangereuse que Gaza.

