Grindadráp

À l'intérieur des Chinook, la tension était palpable, mais les hommes étaient déterminés. Ils savaient qu'ils avaient pour mission d'éliminer un méchant, un fou sanguinaire coupable d'atrocités et de génocides multiples. C'était une mission 'search and kill' qu'ils comptaient mener à bien sans état d'âme.
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Roman - Noir

Grindadráp

Ethnologique - Énigme - Maritime - Insulaire MAJ samedi 31 mai 2025

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20 €

Caryl Férey
Paris : Gallimard, avril 2025
284 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-07-303732-9
Coll. "Série noire"

Du sang et des tripes

Caryl Férey continue d'arpenter le monde et d'en montrer toute sa sauvagerie. Avec Grindadráp, on assiste à une confrontation sanglante entre tradition et écologie. Une confrontation mise à mal par les conditions extrêmes du climat, le capitalisme gangrené et le huis-clos que confère l'insularité des Féroé.

Le narrateur et Julia se sont engagés dans l'association Sea Shepherd qui entend défendre les baleines et autres cétacés. Ils sont en mission au large des îles Féroé à la poursuite d'un baleinier qui risque de faire des dégâts. Le narrateur et Julia parviennent à foncer sur le bateau et à jeter un filet pour l'immobiliser, mais une tempête violente se déclare. Les deux survivants de l'opération sont jetés à terre dans les restes de leur navire, sur les îles. Ils sont accueillis par une journaliste proche des écologistes et des amis des animaux. Problème : ils arrivent juste au moment où, déboussolés par la tempête et poussés par des bateaux de pêche, des centaines de bêtes se jettent dans un fjord et y sont massacrés par la population en une tradition ancestrale, le Grindadráp. Après le massacre que Julia a tenté de filmer discrètement, on retrouve aussi dans l'eau le corps d'un membre important de l'île, censé justement commander l'opération de chasse. Est-ce un accident ou un meurtre déguisé ? Il aurait en effet pu s'opposer à cette chasse trop sanglante et qui risque d'attirer l'attention du monde entier sur des îles déjà surveillées. L'enquête est menée par l'un des rares policiers présents sur l'île, le capitaine Barentsen. Ce dernier pense très rapidement qu'il s'agit d'un meurtre et il ne comprend pas l'empressement que prend le patron des industries locales de pêche à découper la viande des animaux et à l'emmener dans ses entrepôts. En même temps, il doit surveiller la journaliste, sa voisine, et ses deux invités, car les insulaires sont remontés contre eux. Lorsque quelques heures plus tard, le baleinier s'échoue avec tout son équipage mort, les tensions augmentent. De plus, le bruit court que les deux agents de Sea Shepherd auraient bien filmé le massacre. L'île, suite à la tempête, est coupée du monde. Alors que pourrait bien faire un policier isolé face à la meute ?

Après nous avoir promené entre autres sur le continent africain, en Russie extrême et en Amérique du sud, Férey nous offre un voyage du côté du pole nord (enfin un peu en "dessous". Les îles Féroé sont un décor sauvage de première grandeur et la chasse traditionnelle aux cétacés qui se termine en massacre est un grand moment qui rappellera aux amateurs de cinéma de vieilles scènes italiennes sur le thon en Sardaigne. Ici, la sauvagerie de la nature se retrouve dans un personnage qui entraine son chien pour être monstrueux, sur les humains qui détruisent les cétacés dans une sorte d'orgie collective, dans certains qui utilisent les passions pour s'enrichir. Même les "gentils" se retrouvent contaminés par cette folie sanguinaire - Julia et le narrateur se posent des questions sur la façon dont ils ont provoqué, sans le vouloir, la mort de l'équipage du baleinier. Grindadráp est un roman sans concessions car on se doute bien que tous y laisseront des plumes. Se tissent encore une fois les liens entre capitalisme (mesquin et assassin), petites mains du crime ou des délits parce qu'il faut bien vivre, et destruction de la nature. Peuplé de scènes angoissantes (on tue à la hache, au couteau, au harpon), le roman de Caryl Férey avance de superbe manière et confirme, si besoin était, tout le bien que l'on pense de l'auteur.

Citation

Je crois voir une gueule d'orque jaillir dans l'écume, comme en quête de phoques sur le rivage, qui me hérisse le poil. Peur bleue à l'idée de devenir fou ? La mer explose dans une gerbe d'écume, tonne et finit de rouler sur la crique. Mais quand elle repart avec le ressac, le molosse a disparu.

Rédacteur: Laurent Greusard samedi 31 mai 2025
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