Le ParK

J'ai beaucoup écrit, mais si on prenait une phrase dans chacun de mes livres, on en ferait un génial.
Pierre Chalmin - DicoDard
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

La Cité sous les cendres
Dix ans ont passé depuis que Danny Ryan et son fils ont dû fuir Providence et la vengeance d'une fami...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

jeudi 21 novembre

Contenu

Roman - Insolite

Le ParK

Anticipation - Terrorisme - Urbain MAJ samedi 15 mai 2010

Note accordée au livre: 3 sur 5

Poche
Inédit

Public averti

Prix: 6,1 €

Bruce Bégout
Paris : Allia, avril 2010
152 p. ; 17 x 10 cm
ISBN 9782844853493

Le K du ParK : attraction-répulsion

Le ParK, ni vraiment roman, ni vraiment essai, se lit à la manière d'un reportage, court, fulgurant sur un lieu inédit, un parc d'attraction qui serait à la fois un mélange de tous les parcs à thème existants et l'essence même de tous ces lieux. Le Parc par excellence, cumulant toutes les existences pour en tirer une essence pure et concentrée.
Une île privée, au large de Bornéo. Un morceau de terre où l'invention humaine du parcage repousse les limites du pire et de l'extrême. Un lieu où tout est connu de ses visiteurs : attractions, hôtels, zoo, jardin d'enfants, boîte de nuit mais aussi prisons, camps de réfugiés, réserves, mais où l'entremêlement et le mélange inquiétants de genres – jusqu'aux plus mauvais et troubles – crée quelque chose d'inédit, une forme sans forme, architecture sans queue ni tête, sans plan ni logique que celle des néons qui, à la nuit tombée, deviennent les viscères colorés d'un monstre éviscéré.
Pur produit de son époque, le ParK fascine, mais pas seulement. Si cent visiteurs sont autorisés à y pénétrer chaque jour, les rumeurs se répandent vite, sur ce qui s'y passe réellement, sur le sens du message qui apparaîtrait si on regardait l'endroit d'en haut, sur la provenance des cris déchirants qui se font entendre à la nuit tombée.
Le texte, déjà porteur d'un fort sentiment de malaise dès ses premières lignes, nous attira dans une inquiétante étrangeté qui finit par nous prendre à la gorge et nous asphyxier d'horreur. On raconte que dans le ParK, se jouent des exécutions nocturnes, sont mis en place des dispositifs pour assister à ces meurtres sans être vu ; on raconte que dans les douches aux portes blindées, du gaz asphyxiant sortirait de pommeaux. Si cela vous rappelle un sombre pan de l'Histoire, n'en faites rien, cessez là toute comparaison, car "on ne gagne rien à comparer", n'est-ce pas ? "Chaque époque invente ses propres moyens de destruction."
Cet instrument de globalisation, d'englobement totalitaire par excellence, mêle donc dans un chaos parfait dans son genre, tout ce que l'homme a déjà inventé de pire. Rétention, asservissement, domestication par l'entertainment, exploitation des pulsions les plus viles. Architecture qui n'obéit à rien en façade mais qui se joue de nos réflexes psychiques inconscients. Et l'on sombre, horrifié, en suivant la voix implacable de neutralité du narrateur, qui déroule par le menu détails ce qu'est le ParK, ce qui cristallise, ce qu'il génère, de quoi on l'accuse tout en y venant quand même. Une descente dans un enfer polymorphe, un enfer comme un ruban de Moebius extensible, un enfer volontaire. Ne pas parler de récit d'anticipation, car ce qui fait tout le malaise et l'inconfort ici, c'est bien que beaucoup des choses décrites existent déjà ou ont déjà existé.

Citation

C'est toujours L'Enfer de Dante qu'on lit, jamais Le Paradis.

Rédacteur: Estelle Durand lundi 10 mai 2010
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page