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Inédit
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Le retour du grand-guignol au sens noble du terme ?
Dans leur ferme de l'horreur, les frères Salaville procèdent à des rituels sanglants... mais ils meurent dans un assaut mené par le commandant Vauvert et Eva, la profileuse albinos traumatisée par le meurtre de sa mère et sa sœur. Et pourtant, quelques mois plus tard, les crimes abominables reprennent. Et si les deux frères étaient aux ordres d'une tierce personne ? Un insaisissable fantôme masqué qui pourrait bien se prendre pour un(e) émule de la comtesse Bathory...
Le genre horrifique a bien changé ces dernières années, se débarrassant de ses atours fantastiques pour laisser des "hou-fais-moi-peur" (comme disait feu Michel Lebrun) bien rationnels, souvent à base de tueurs en série. En son temps, ce roman serait sorti aux Presses de la Cité entre deux Masterton et aurait fini en poche dans la légendaire et regrettée collection "Terreur"... Or maintenant que le fantastique ne fait plus peur aux éditeurs, que des Thilliez ou Lincoln Child l'invoquent sans rougir, va-t-on voir une nouvelle résurgence du genre pour le plus grand plaisir de ses aficionados (dont votre serviteur) ? Cet épais roman dénote avant tout des influences cinématographiques : le début évoque un survival genre La Colline a des yeux et ses milliers d'émules, le tueur masqué spectral fait très "giallo", on invoque des apparitions dignes d'un Ringu et le final, Lovecraftien en diable, est on ne peut plus visuel, rappelant l'assez mauvais Nuits de Terreur (en mieux, heureusement !). Ici, l'excès est omniprésent au point de se muer souvent en flamboyance baroque, et le sang coulant à flots se pare d'un esthétisme pervers que n'eût point renié Dario Argento, évitant tout soupçon de complaisance ; et si on retrouve une variante du détective à problèmes (profileuse, albinos, portant un secret bien enfoui...), le personnage est si bien dessiné par petites touches qu'on échappe au cliché. Ce qui force l'admiration et transforme ce catalogue en un véritable roman, c'est une extraordinaire science de la narration, avec une intrigue taillée au cordeau, sans temps mort, mais qui ne faiblit pas un seul instant tout au long de ces plus de quatre cents pages, aidée par des chapitres courts indispensables au genre. Résultat, un livre qui se dévore en apnée — enfin, à condition d'avoir le cœur bien accroché ! — et qui, plus encourageant encore, donne l'impression que Sire Cédric, jeune auteur, n'est pas encore au faîte de son art, et a largement de quoi aller tutoyer les plus grands. Bref, une découverte à qui il manque juste un coup de pouce pour se transformer en révélation... Les fans de Brigitte Aubert et Franck Thilliez qui tenteront l'aventure se trouveront certainement un nouvel auteur de chevet. Pas de doutes, la relève est assurée...
Récompenses :
Prix Polar 2010
Prix Cinécinéma Frisson 2011
Citation
Chez elle, la technique de profilage n'avait rien d'abstrait. Elle était douée d'un véritable talent d'empathie, ce qui était un atout de poids dans son métier. En contrepartie, un tel don, qui frôlait l'irrationnel, la vouait depuis toujours à l'incompréhension et la bile facile des types comme Devereaux.