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Carlos Salem, l'homme aux polars non orthodoxes
© Mélina Vernant
k-libre : Carlos Salem, vous débarquez comme une météorite dans le monde du polar français en 2009 – louée soit Judith Vernant –, vous êtes né à Buenos Aires il y a une cinquantaine d'années, résidez depuis un peu plus de vingt à Madrid où vous avez un bar, bien nommé, Le Bukowski et vous vous consacrez à l'écriture de romans et poésie... Ça fait un bref résumé de votre vie, mais comme nous avons de la place et du temps, vous nous en dites plus sur vous ?
Carlos Salem : Je suis arrivé en Espagne en 1988, déçu de la politique dans mon pays, parce qu'après le retour de la démocratie j'ai cru, comme beaucoup, que justice serait faite. Mais on s'est seulement empressé d'oublier, de cacher les disparus sous le tapis. Je suis arrivé avec l'idée de rester deux ans, et cela en fait déjà vingt-deux que je suis là. Même si j'ai exercé de nombreux métiers, le journalisme est celui auquel j'ai consacré le plus de temps et qui est, essentiellement, un travail nomade. Pour moi, ça l'a été. De journal en journal, j'ai sauté de Madrid à Malaga, et de là-bas à Ceuta et à Melilla (villes espagnoles en Afrique), puis à Murcia et à nouveau à Madrid. Je ne sais pas si j'ai abandonné le métier ou si c'est le métier qui m'a abandonné. Je continue à collaborer à différents médias, mais pas de façon quotidienne. Depuis deux ans et demi, je vis - je survis - de la littérature. C'est que jusqu'au 5 mai 2007, j'étais un auteur inédit, et qu'aujourd'hui, trois ans et demi plus tard, j'ai publié en Espagne neuf livres (quatre romans, deux recueils de nouvelles et trois de poèmes), et qu'il faut leur consacrer du temps. En plus de cela, j'écris des pièces de théâtre (dont une sera bientôt créée à Barcelone), des scénarios de bande dessinée - en ce moment j'adapte pour ce format El huevo izquierdo del talento (La Couille gauche du talent) avec le dessinateur espagnol Kike Narcea -, et depuis un certain temps je travaille à une série de romans policiers pour la jeunesse. Il me reste peu de temps pour faire autre chose, mais en plus de cela je lis, j'aime, je bois et je vis. Ou j'essaie.
k-libre : Dans les remerciements de Aller simple vous dites : "À dix ans j'ai décidé que je voulais être écrivain, et à onze ans, j'ai compris que ce ne serait pas facile". Alors à quel moment avez-vous concrétisé ?
Carlos Salem : Je l'ai déjà dit quelquefois, et on dirait une blague, mais c'est la vérité: à treize ans j'ai découvert les femmes et je me suis consacré à leur courir après. Quand elles s'échappaient, alors je me consacrais à la lecture. Et je recommençais. Je crois que j'ai commencé à prendre la littérature au sérieux a partir de mes trente ans. Même si je n'ai pas arrêté de courir après les femmes. Simplement, maintenant je peux le faire tout en écrivant des histoires dans ma tête.
k-libre : Quand avez-vous décidé de vous lancer dans le polar ?
Carlos Salem : Ça n'a pas été une décision réfléchie, c'est venu naturellement. Dans tout ce que j'écrivais apparaissait un pistolet calibre 38 un peu rouillé, donc le chemin était tracé. En plus j'ai toujours été un amateur du genre, peu orthodoxe mais enthousiaste. À savoir que j'aime le roman noir en tant que lecteur et en tant qu'auteur, mais que je ne me marierais pas avec lui.
C'est peut-être pour cette raison que mes romans sont très classiques : parce que je préfère les laisser libres. En tout cas, il a toujours été clair que j'étais meilleur amant qu'époux.
k-libre : J'ai interrogé récemment Ron Rash qui publie nouvelles, poèmes et romans noirs et qui raconte la genèse de son texte Un pied au paradis, comme ceci : "En fait c'est le roman qui s'est imposé. Ce n'est pas moi qui ai choisi le roman, mais le roman qui m'a choisi, à savoir que dans Un pied au paradis, c'est parti d'une image, cette image est devenue un poème - qui est dans le recueil intitulé Chemistry and Other Stories - et qui est l'image d'un fermier, seul dans son champ aride, face à sa récolte complètement bousillée. Et la vision de cet homme m'a imposé un poème. Et à partir de ce poème, il y a eu une nécessité de développer." Chez vous, y a-t-il des liens entre poésie et polar ?
Carlos Salem : Même si ça peut sembler bizarre, je crois que le polar est, peut-être, le genre qui contient le plus de poésie. Poésie brutale, urbaine, désincarnée, mais poésie tout de même.
k-libre : Nous vous remarquons donc avec la traduction de Aller simple. Alors quel a été le point de départ de cet étonnant roman ?
Carlos Salem : D'une part, en me demandant comment aurait été ma vie si j'avais pris un autre chemin, qui je serais devenu si j'avais toujours dit "oui" à ce qui paraissait me convenir. Et d'autre part, une nuit, quand je commençais à écrire l'histoire, avec la radio en fond sonore, j'ai entendu une version atroce du tango "Caminito", chantée par Julio Iglesias. Et je me suis dit : "Il faudrait le tuer..."
k-libre : Gardel est omniprésent dedans. Aujourd'hui de plus en plus d'auteurs mettent une playlist à la fin de votre livre. Pas vous, mais êtes-vous du genre à écouter de la musique en écrivant ? Et êtes-vous plus Gardel qu'Iglesias ?
Carlos Salem : J'ai toujours été plus Gardel qu'Iglesias. Iglesias n'existe pas. Il est mort artistiquement depuis des décennies, mais il ne s'en rend pas compte. J'ai l'habitude de mettre de la musique, j'allume la radio et la télé, je laisse la fenêtre ouverte pour qu'entrent les voix de la rue... Mais je ne suis conscient du bruit qu'au début, parce qu'ensuite, quand je suis plongé dans le roman, je ne me rend plus compte de rien.
k-libre : Il y a aussi pas mal d'auteurs qui ancrent leur fiction dans une ville précise, qu'ils décrivent en long et large, reprenant des points d'histoire, des vies de quartier et vous il y a une phrase que vous écrivez pour Buenos Aires ou New York : "Buenos Aires est un énorme tas de pierres et les pierres ne parlent pas." et donc...
Carlos Salem : Je crois que les grandes villes, dont Paris, sont cela, d'énormes tas de pierres. Et elles sont vivantes parce qu'entre ces pierres circulent des histoires. Dans les villes, le paysage, la véritable architecture qui perdure, ce sont les personnes. Tu aimes une ville, ses recoins te manquent, mais pas pour le recoin lui-même, pour ce que tu y as vécu.
k-libre : Dans ce roman on y voit Octavio lire des romans policiers en cachette de sa femme. Vous remerciez en fin d'ouvrage votre professeur Nancy Iriarte qui lors de vos quinze ans vous a appris "que voler des voitures était bien moins amusant que lire des livres"... On sent chez vous le dévoreur de livres, mais quels sont vos auteurs de prédilection ?
Carlos Salem : La liste est interminable mais il y a quelques indispensables : Osvaldo Soriano, Raymond Chandler, Paco Ignacio Taibo II, Italo Calvino, Charles Bukowski, Mark Twain, Manuel Scorza, John Dos Passos, Daniel Pennac, Manuel Vazquez Montalbán, Andreu Martín, Juan Madrid, David Torres, Raúl Argemí... Je pourrais continuer indéfiniment, mais eux, en particulier, je leur dois beaucoup. En ce moment, je lis — à la vitesse d'un escargot — en français, Jean-Bernard Pouy, qui m'empêche de dormir. En espagnol, la découverte la plus importante que j'ai faite ces dernières années a été Leonardo Oyola, un génie que l'on pourra bientôt lire en français.
k-libre : En face d'Octavio il y a Soldati qui dit : "J'ai toujours été un homme d'idées, dont quelques-unes étaient fabuleuses." Quand on lit vos livres, on se dit que vous lui ressemblez pour ça, non ?
Carlos Salem : J'aimerais croire que ce n'est pas le cas. De fait, quand j'ai commencé à écrire le livre, Soldati représentait tout ce que je déteste du prototype de l'Argentin. Mais à mesure que l'on avançait ensemble sur cet aller simple, Octavio et moi on a commencé à s'attacher à Soldati. Et les lecteurs aussi. En Espagne et en France, quand je vais signer dans des salons, il y a toujours des lecteurs qui me demandent de lui redonner vie dans un prochain roman. Et je l'a fait sans m'en apercevoir. Dans mon prochain roman chez "Actes noirs", qui sort en septembre je crois, Soldati et Octavio font leur apparition comme "caméos de luxe".
k-libre : D'un côté vous livres sont bien barrés, d'un autre très poétiques (le tournage du film dans le désert le résume bien je trouve), comment faites-vous pour allier tout ça ?
Carlos Salem : Cela s'allie tout seul. Je crois qu'il faut savoir dans quelle direction nous emmène un texte, mais une fois qu'on le sait, il faut le laisser nous guider à sa guise. C'est comme un cheval : si on le mène à la baguette, gagnera peut-être un prix dans un concours hippique, mais si on le laisse trotter, le voyage sera plus positif, pour le cheval et pour le cavalier. La vie est si absurdement précieuse, et la réalité si délirante, que la seule chose que je fais est la raconter telle que je la vois. Et l'écho poétique surgit tout seul, parce qu'il est déjà là. Nous sommes tous des perdants, au moins une heure par jour. Et j'aime raconter cela avec la tendresse qui vient du fait que je sais que je le suis aussi.
k-libre : Pour finir sur ce livre et plus légèrement (même si rien n'est anodin), sur le site TPS on peut voir tatoué sur votre avant-bras Aller simple le titre – en français – de votre premier roman... D'où est-ce venu ? Et pourquoi en français ?
Carlos Salem : Le tatouage est pour moi un "mantra", quelque chose que je regarde quand je faiblis ou que j'ai peur de ne pas pouvoir avancer, quand le poids des erreurs transforme les pas futurs en pressentiments. Alors je lis "Aller simple", et je me dis : "Oui, tu vois que ça a toujours été comme ça, au moins pour toi. Arrête de pleurnicher, allume l'ordinateur et laisse les touches nous emmener en voyage." D'un autre côté, il est en français parce qu'ainsi, d'une certaine façon, ce n'est pas littéralement le titre de mon premier roman, celui qui, en quelque sorte, m'a permis de publier en Espagne neuf livres (quatre romans, deux recueils de nouvelles et trois de poèmes) en trois ans et demi. Je ne voulais pas me tatouer mon livre, mais mon mantra. Et en français ça sonne bien, en plus d'être un "pense-bête" : j'ai toujours voulu être traduit en français, même quand je ne savais même pas si un jour j'allais être publié dans ma propre langue.
Au sujet de Nager sans se mouiller
k-libre : On vous attendait au tournant avec votre deuxième roman (c'est comme ça quand on aime) et... rien à redire ! Alors, souvent les auteurs disent que c'est le deuxième le plus difficile car ils ont tout mis dans le premier, qu'il y a la pression après le premier roman... Est-ce que ça a été le cas pour vous ?
Carlos Salem : Non. Ma méthode de travail est un peu suicidaire : j'ai une idée, je la travaille, je la laisse croître, je décide comment ça va se terminer et j'écris soixante-dix ou cent pages. Alors j'arrête. Et je laisse reposer le roman, le temps que les doutes se résolvent seuls. Cela fait que j'ai toujours au moins trois romans "ouverts". De telle façon que, quand le premier a plu à la critique et au public en Espagne, et que mon éditeur m'a dit qu'il voulait un autre roman de moi, je peux m'asseoir pour boire une bière et lire sans pression les projets que j'ai déjà entamés, et je suis sûr que ce sera celui-là. Une crainte existe, parce que, même si ces romans ont des points communs, ils sont très différents : le premier est un road movie (une de mes "faiblesses"), et le deuxième se passe dans un lieu clos. J'ai pensé que cela surprendrait mes lecteurs, mais quand j'ai terminé l'écriture, je me suis senti très bien et j'ai su que cela pouvait fonctionner.
k-libre : D'où est parti ce roman dont le début fourmillant fait penser à une pièce de théâtre de boulevard (une multitude de personnes qui débarquent à chaque nouvelle page) et qui se termine sur des observations bien plus profondes ?
Carlos Salem : Je voulais que ce soit plus polar, mais sans perdre ce que j'aime qu'il arrive dans mes livres. De telle façon que la narration, avec son intrigue et le point de vue du narrateur (celui qui raconte est le personnage principal, et il le fait au présent), m'obligeait à partager avec lui (et c'était donc la proposition faite au lecteur aussi) les doutes, les craintes, et cette sensation de ne pas savoir qui avait organisé tout cela et pourquoi. Il est face à une situation limite et il est logique cela le fasse grandir ou le confronte à ses propres dilemmes. D'où ses réflexions.
k-libre : Car qu'on ne s'y trompe pas, votre livre parle – entre autres – de l'identité ("Je n'ai été avec elle ni le pusillanime Juanito ni le changeant Numéro Trois" ; "Chacun construit son personnage, et puis vient un moment où ce n'est plus un personnage, c'est devenu toi."), vous nous en dites plus ?
Carlos Salem : Je crois qu'entre le "personnage" que nous montrons aux autres et notre moi véritable, il y a une marge. Le personnage, celui que nous montrons tous, est notre image de nous-mêmes, celle que nous utilisons pour sortir dans le monde. Je ne sais pas si c'est une cuirasse, mais c'est bel et bien un masque de ce que nous souhaitons que les autres voient. Donc notre moi réel est à l'intérieur de ce masque, il est plus petit. Mais plus petit comment ? Voilà la question. Et puis nous changeons, nous varions, nous vibrons, et il est difficile de connaître la taille réelle de notre moi. J'ai toujours pensé que si la différence entre ce moi et le masque ne dépassait pas vingt pour cent, on pouvait continuer à avancer. Si c'était plus, l'un des deux se briserait. Voilà ce que doit vérifier le personnage principal de Nager sans se mouiller.
k-libre : D'où vous est venue l'idée de mettre en scène Andréa Camilleri et qu'en a-t-il pensé ?
Carlos Salem : J'admire profondément son ironie et sa capacité à contrer le plus compliqué avec simplicité. De fait, je crois que le livre sera bientôt publié en Italie, et je suis impatient de le lui faire parvenir. Je suis sûr qu'il passera un bon moment et qu'il comprendra l'hommage.
k-libre : Camilleri à qui vous faites dire : "On dirait que les gens sont persuadés que, dans ce champ, le seul talent possible est l'écriture, et oublient que pour lire il faut autant de génie que pour remplir les pages"... Je lis beaucoup et depuis longtemps et pour faire de la philosophie de comptoir, je n'ai pas l'impression d'avoir beaucoup de génie !
Carlos Salem : La littérature n'existerait pas sans lecteurs, et si elle survit, c'est parce qu'il y a plus de lecteurs géniaux que d'écrivains géniaux. Je crois qu'il est impossible de bien écrire sans bien lire. Et celui qui prétend commencer le processus par l'autre bout se trompe ou est un imposteur. Je crois que personne ne lit plus que les écrivains. Et puis qu'est-ce que ça a de mal, la philosophie de comptoir ? C'est l'un des quelques plaisirs qu'on ne nous a pas encore interdits...
k-libre : Camilleri, toujours, qui écrit au camping, son lieu fétiche... et vous, avez-vous des endroits fétiches pour écrire ou pouvez-vous écrire, comme Stéphanie Benson, n'importe où ?
Carlos Salem : J'écris là où l'envie me surprend, mais il est clair que j'ai besoin d'avoir un lieu plus ou moins fixe pour le faire. Ma maison, mon ordinateur me servent de cadre pour me rappeler que ce n'est pas un "truc" magique, que j'ai beaucoup de travail en cours, et qu'il faut le faire du mieux que je peux, par respect pour celui qui va dépenser ses euros pour le lire. Presque chaque fois que je me suis "retiré" pour écrire, je n'ai rien écrit, parce que je me sentais impressionné, comme si je devais "rentabiliser" ma retraite. Je préfère la ville, l'asphalte et le bruit. Quand je commence à écrire, tout le reste s'atténue.
k-libre : Non content de mettre en scène Andréa Camilleri, vous vous faites un clin d'œil car Perez va acheter un livre Aller simple, premier roman de Carlos Salem, auteur inconnu et extravagant à en croire a quatrième de couverture. Alors pourquoi ?
Carlos Salem : C'était plus un clin d'œil aux lecteurs du premier livre qu'une tentative d'autopromotion. Mais il m'a semblé que Juan devait lire ce roman, parce qu'il venait de découvrir que la vie est un aller simple.
k-libre : Un peu plus loin vous écrivez : "Je me suis dit que l'auteur devait être un peu fêlé. Tous les écrivains doivent être un peu fêlés." Mais pourquoi donc ?
Carlos Salem : Parce qu'on consacre des milliers d'heures que l'on vole au sommeil, au repos, au couple, à écrire des livres dont nous ne savons pas s'ils seront comme nous les avons imaginés, ni même s'ils arriveront jusqu'aux lecteurs ou s'ils leur plairont. C'est un métier de fou plus ou moins heureux, parce que d'un autre côté, nous faisons ce qui nous plaît le plus au monde : raconter des histoires et séduire ceux qui se penchent sur elles.
k-libre : La fin de votre roman fait un peu happy end dans un monde de brutes... Seriez-vous un grand sentimental malgré tout ?
Carlos Salem : Je n'écris pas les fins de livres avec en tête un calcul moral, je déteste le politiquement correct, et je me laisse porter par ce que me réclame le roman, comme le premier lecteur, que je suis, de cette histoire. Dans ce cas — et dans beaucoup d'autres — je m'attache aux personnages et j'ai envie de leur donner une seconde chance. Et, oui, je suppose que je suis un romantique. Sinon j'aurais fait autre chose dans la vie.
k-libre : En France on se pose pas mal de questions sur la pertinence des salons littéraires et dans les remerciements de Aller simple vous y vantez le "miracle de la Semana Negra de Gijon, vraie République démocratique des lettres face à la tyrannie élitiste des salons". Pour ceux qui ne connaitraient pas, vous nous dites quelques mots (et Judith aussi, ça me ferait plaisir) de cette semaine hors du commun ?
Carlos Salem : Quand je parle de "salons", je ne me réfère pas aux salons au sens français du terme, mais aux "salons dorés" de la littérature, qui se baptisent ainsi eux-mêmes, et souvent font rire ou pitié. Face aux bastions de ceux qui prétendent que la littérature serait un privilège, quelque chose de réservé aux seuls experts, la Semana Negra de Gijón est tout le contraire : le festival le plus "horizontal que l'on peut imaginer, et il l'est depuis plus de vingt ans.
[NdT : je fréquente la Semana Negra depuis 2006, et je pense que les festivals français auraient beaucoup à y puiser. Je n'ai jamais vu d'auteurs aussi unanimement ravis et désireux de revenir l'année suivante, au terme de cinq, huit, dix jours de festival — autant dire de travail —, et plutôt intenses ! En tant que lectrice et éditrice, j'y ai fait de superbes rencontres qui ont donné lieu à des collaborations et/ou à des amitiés suivies : Carlos, évidemment, mais aussi José Ovejero, José Manuel Fajardo, Leo Oyola, Bernardo Fernandez, Ernesto Mallo, James Sallis... Dois-je préciser que la Semana Negra a aussi largement inspiré ma petite odyssée argentine (je viens d'y passer un an), et nombre de mes choix professionnels actuels ?]
k-libre : Et vous y remerciez aussi Judith qui me fait le plaisir de traduire cette interview, vous en profitez pour nous dire quelques mots sur elle ?
Carlos Salem : Judith est ma bonne fée française, une amie exceptionnelle et une grande professionnelle de l'édition. J'ai eu la chance qu'elle "m'adopte", et la chance continue.
k-libre : Alors que lirons-nous prochainement de vous ?
Carlos Salem : Je ne sais pas encore quel sera le titre français de mon nouveau roman, car Danielle Schramm est en train d'en finaliser la traduction, mais je peux déjà dire que l'un des personnages sera le roi d'Espagne et que, comme je le disais, on y retrouvera Octavio et Soldati.
k-libre : En guise de conclusion, vous avez écrit une belle préface à Golgotha de Leonardo Oyola (aux éditions Asphalte), pouvez-vous nous dire quelques mots sur ce roman et sur cette vague de jeunes auteurs ?
Carlos Salem : Oyola est le représentant d'une jeune génération d'écrivains pleins de talent et de force narrative, qui s'épanouit en Argentine et dans toute l'Amérique latine. Et Golgotha est la parfaite carte de visite de sa manière d'écrire : un western urbain et actuel, une fable sur l'amitié et aussi un portrait d'une Argentine qui dépasse le cliché habituel. Je pense qu'après ce roman, le public français ne tardera pas à lui faire une place parmi ses favoris.
Propos aimablement traduits par Judith Vernant
Liens : Carlos Salem | Nager sans se mouiller Propos recueillis par Christophe Dupuis