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Poche
Réédition
Tout public
196 p. ; 19 x 12 cm
ISBN 978-2-259-21235-9
Coll. "Noir rétro"
Actualités
- 20/08 Édition: Parutions de la semaine - 20 août
La rentrée littéraire c'est en ce moment. Mais elle redémarre plutôt tranquillement. Pensez donc que les curiosités du moment sont les rééditions d'auteurs français considérés comme des classiques du XXe siècle chez Plon dans la toute nouvelle collection "Noir rétro", à savoir Brice Pelman et Auguste Le Breton. La maison d'édition Bellicum propose un roman polonais intrigant. Nous essaierons de vous en donner des nouvelles, et ce même si le prénom de l'auteur - Szczepan - semble imprononçable ! Enfin, beaucoup de parutions en poche. Des inédits à la pelle du Nord chez Ravet-Anceau, de l'historique chez 10-18, des rééditions chez Pocket (Laurent Scalèse, Olen Steinhauer). Mais comme d'habitude, il est possible de découvrir des perles :
Grand format
Rennes connection, de Joseph Alessi (Coëtquen, "Policier")
Requiem en OGM mineur : qui fauche qui ?, d'Alain Feld (Nuits blanches, "Policier")
L'Obscure patience de la cellule : une enquête du commissaire Pierucci, de Marie-Hélène Ferrari (Clémentine)
Mortel diptyque, de Paule de Haro (Édilivre, "Coup de cœur")
La Battue, d'Armand Henrion (Memory press)
Du sang sur la toile, de Didier Laurens (J.-M. Laffont)
Du rififi chez les femmes, d'Auguste Le Breton (Plon, "Noir rétro")
Du plomb pour les cormorans ; suivi de La Bachaule aux trésors, de Michel Loquy (Memory press)
Veilleur, de Alain Marpinard (Déméter)
Meurtre au-dessus d'un nid de cocos : la mort porte conseil, de Jean-Pierre Momcilovic (Nuits blanches, "Policier")
Protocoles, de Alain Mothes (Thot, "Polar")
Quiproquo national, de Mputu Nzeza Kiluangu (Acoria)
La Vendetta de Sherlock Holmes, de Ugo Pandolfi (Albiana)
Attention les fauves, de Brice Pelman (Plon, "Noir rétro")
Concours de meurtres. 1. Intrigues criminelles, de Aurélien Poilleaux (Édilivre, "Coup de cœur")
Lieutenant Eve Dallas, 7-8, Les Bijoux du crime ; Conspiration du crime, de Nora Roberts (J'ai lu, "Grand format")
Les 7 sages, de Stéphane Rodriguez (Léo Scheer, "Thriller")
Dernière station, de Jean-Christophe Tixier (Nouveaux auteurs, "Policier")
Transfiguration, de Szczepan Twardoch (Bellicum, "Terra Mare")
Poche
On a volé le train jaune, de Marc Blaise (Mare nostrum, "Polar catalan")
Entre enfer et paradis : Saint-Cast-le-Guildo, de Chris Bourgault (Astoure, "Breizh noir")
Rencontre fatale à Saint-Malo, de Hervé Bourhis (Astoure, "Breizh noir")
Le Réseau Flandres, de Philippe Declerck (Ravet-Anceau, "Polars en Nord")
Les Trois morts d'Isis, de Paul Charles Doherty (10-18, "Grands détectives")
L'Héritage du sénateur de l'Oise, de Francis Essique (Ravet-Anceau, "Polar en Nord")
Beyrouth-sur-Loire, de Pierric Guittaut (Papier libre, "Polar en poche")
Je te vois, de Gregg Hurwitz (Pocket, "Thriller")
L'Assassin des cathédrales, de Yves Josso (10-18, "Grands détectives")
La Petite fille en haut de l'escalier, de Judith Kelman (Pocket, "Thriller")
Le Traité meurtrier : Bretagne-France : l'union qui tue, de Hervé Le Bévillon (Yoran Embanner, "Roman policier")
L'Affaire Seymour, de Tim Lott (10-18, "Domaine étranger")
An doubl, de Jakez-Erwan Mouton (Emgleo Breiz, "Roll-diroll")
Méfiez-vous de vos voisins, de Gilles Rey (Papier libre)
Tu vas trinquer, San-Antonio, de San-Antonio (Fleuve noir, "San-Antonio")
Y'a bon San-Antonio, de San-Antonio (Fleuve noir, "San-Antono")
Le Samouraï qui pleure, de Laurent Scales (Pocket, "Thriller")
La Danse macabre, de Kate Sedley (10-18, "Grands détectives")
Maigret, Lorgnon et les gangsters, de Georges Simenon (LGF, "Policier")
Le Touriste, de Olen Steinhauer (Pocket, "Thriller")
Mortel secret : à la recherche de la vérité, de Carlene Thompson (Folio, "Policier")
Coquillages et macchabées : presqu'île de Gâvres, de Guénolé Troudet (Astoure, "Breizh noir")
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Quand les enfants se défendent...
Doria Deslandes vit avec ses jumeaux, Patrick et Marieke, dans une modeste maison sur les hauteurs de Nice. Elle est veuve depuis deux ans et subsiste en faisant des traductions pour un éditeur parisien. Un soir, alors que les enfants sont couchés, elle reçoit la visite d'un homme qui se présente comme son proche voisin. Il parle d'un projet d'agrandissement de la départementale qui passe devant leurs villas. Doria, qui n'est que locataire, pour se débarrasser de l'importun, veut lui donner l'adresse des propriétaires. Il la suit. Affolé par sa beauté, par ses frustrations, il ne se maîtrise plus et devient une bête en rut qui la viole, lui serrant le cou pour l'empêcher de crier. Quand il redevient capable de penser, il essaie en vain de la ranimer. Il efface quelques traces et tente de mettre le corps dans la position d'une mort "naturelle".
Mobilisés par un jeu radiophonique dès leur réveil, les jumeaux ne découvrent pas tout de suite la réalité. Après un moment d'affolement, ils réalisent qu'ils vont être séparés et mis en pension. Or, ils ne veulent à aucun prix de cette situation. Ils décident de faire comme si leur mère était encore vivante. La première chose est d'aller à l'école, et ils se précipitent pour ne pas être en retard. Pendant la classe, Marieke fait passer un mot à son frère. Le billet est intercepté par l'instituteur qui lit : "Qu'est-ce qu'on va manger ?" Aussitôt il annote le carnet de correspondance qui doit être signé par Doria. Malgré son isolement, leur mère était sous la surveillance "discrète" de Mme Josepha, une veuve qui s'étonne de voir les deux enfants faire seuls les courses au supermarché.
L'homme, un entrepreneur, n'y comprend rien. Il guette les informations, mais pas un mot sur le meurtre. Il téléphone. Marieke répond que sa mère n'est pas là. Cette réponse le met en joie car si leur mère n'est pas là... c'est qu'elle n'est pas morte ! Mais le coup de grâce, pour les enfants, vient de cette lettre dans laquelle leur tante, la sœur de leur père, annonce sa visite !
Brice Pelman a fait des enfants et des adolescents, les héros de nombre de ses romans. Il partait de la constatation : "... l'enfant est opprimé par l'adulte. C'est l'adulte qui en fait un révolutionnaire. Certains parents sont des tortionnaires, à tout le moins des dictateurs. Il est normal à ce moment que les enfants organisent la résistance." Il ajoutait : "J'ai toujours eu peur des enfants... J'ai été frappé par la rouerie, le machiavélisme, la cruauté dont ils sont capables."
Dans Attention les fauves, il met en scène deux enfants qui anticipent les réactions des adultes et mettent en place une stratégie pour ne pas être séparés. Ils sont en position de défense et comme nombre d'espèces, ils se défendent avec férocité quand ils sont acculés. Le thème posé, l'auteur construit son histoire avec ce qui compose la vie quotidienne. Il pare son intrigue de situations communes, de faits et geste courants, qui peu à peu dérapent. Il choisit pour décor les environs de Nice parce qu'habitant la ville, il peut décrire une réalité, donner une véracité à son cadre. Doria est traductrice, une activité que l'auteur connaît bien, pour l'avoir lui-même pratiquée.
Mais c'est dans l'élaboration de ses personnages que Brice Pelman excelle, des personnages faits de chair, de sang et... de viscères. Il dresse des portraits psychologiques fouillés, travaillés, construits avec une connaissance aiguë de la nature humaine. Il crée, ainsi, une galerie d'acteurs qui évoluent selon leur motivation, nourrie par leur propre logique. Il expose, il explique mais se garde de prendre position, laissant ce soin à son lecteur. C'est ainsi que l'assassin de Doria, criminel par accident, presque par hasard, victime d'un moment d'égarement, n'est pas antipathique. Au contraire, on s'associe à ses interrogations, à ses affres, à ces courts moments de joie quand il pense que sa victime est toujours vivante. Au fond, c'est un brave homme qui a basculé, mais qui regrette son acte au point de payer son moment de folie. On est loin du criminel récidiviste qui parade, qui sait ce qu'il a fait et en tire gloriole.
Attention les fauves, publié pour la première fois en 1981, dans la collection "Spécial-police" du Fleuve noir, a reçu le Prix Mystère de la Critique en 1982. Le choix de cette réédition, en collection "Noir rétro" est judicieux car c'est un texte qui est presque une synthèse de l'œuvre de l'auteur, où l'on retrouve son talent, son savoir-faire et ses thèmes favoris.
Citation
Tout de même, ce black-out n'est pas normal. Est-ce qu'on ne vit pas à l'époque des faits divers ? Est-ce que les crimes ne sont pas le pain quotidien des journalistes ? Quelle raison auraient-ils de se taire s'ils savaient quelque chose ?