RIP. 6, Eugène : toutes les bonnes choses ont une fin

J'avais le visage en feu. Je transpirais, j'étais en nage. Je serrai les poings et me contins pour ne pas tout casser dans le magasin. renverser les portants à coups de pied et briser les miroirs.
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Bande dessinée - Noir

RIP. 6, Eugène : toutes les bonnes choses ont une fin

Braquage/Cambriolage - Prison - Corruption MAJ vendredi 15 décembre 2023

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 17,9 €

Gaet's (scénario), Julien Monier (dessin)
Rouen : Petit à petit, septembre 2023
108 p. ; 27 x 20 cm
ISBN 978-2-38046-178-7

Syndrome d'Eugène

Avec le sixième volet de la comédie noire RIP, Gaet's et Monier portent l'éclairage sur Eugène, un romanichel qui vit dans une caravane avec sa mère, à qui la vie n'a pas fait de cadeaux et qui le lui rend bien. Eugène, c'est une brute épaisse qui s'est forgée dans les cours d'école. L'école de la mauvaise vie parce que parfois on n'a pas le choix. Plus tard, une fois adulte, il s'est retrouvé en prison à subir les viols à répétition de son codétenu, qu'il a fini par tuer avec des pépins de pommes. Son syndrome de Diogène à Eugène, il consiste à enquiller les infortunes. Alors quand il finit par sortir de prison, et qu'il se retrouve à faire des heures d'intérêt général pour une entreprise mafieuse, il n'est pas loin de péter les plombs. Son travail, c'est d'aller nettoyer les domiciles de personnes décédées sans descendance. Mais le vol d'une bague va changer cette trajectoire toute trouvée. Esseulé au sein d'une macabre machination, Eugène dérape et se retrouve à nouveau à la case prison. Mais quelqu'un finit par payer sa caution, et il est bien décidé à rendre justice après que l'affaire mafieuse a éclaté médiatiquement parlant. Seulement, il n'a pas de chance Eugène, il n'a que son petit neveu pour comprendre qui il est – un Robin des Bois qui vole aux riches pour donner au pauvre qu'il est -, surtout, il n'a plus Fanette, qui tenait son repaire, son bar tabac, qui semble avoir disparu. Alors ses pas le conduisent dans un entrepôt où tout a commencé. Et où tout va dramatiquement déraper.

Sans être original, le scénario de Gaet's est excellemment bien construit et d'album en album croise les points de vue, change la focale d'une même histoire sans jamais lasser. Gaet's est aussi passé maître en psychologie. Son étude de personnages est chirurgicale. Dans ce volet, Eugène se révèle plus complexe qu'on ne pourrait le croire au premier abord. Au début, c'est un bad guy colérique qui en veut à tout le monde et qui le fait payer très cher. Mais c'est aussi un être blessé qui peu à peu se dévoile pour finir par nous émouvoir avec sa tendresse refoulée. Dans ce sixième volet crépusculaire, parsemé d'intercalaires noirs avec leur lot de citations bienvenues, initié par une définition bicéphale du cloporte (image de ce que peut paraître Eugène), Julien Monier plante un décor sombre, morbide, joyeusement éclaté et assez bonhomme. Il n'y a pas souvent de rythme. Certaines cases semblant figées comme la mort omniprésente dans cette bande dessinée. Mais il y a de la couleur qui vient épauler la causticité du scénario. Et malgré la grande tristesse qui se dégage de cette comédie caustique noire, on en ressort paradoxalement galvanisé. Peut-être à cause de cet anti-héros d'Eugène, qui a couru après un MacGuffin l'espace de cent pages, sans savoir quels étaient les tenants et aboutissements expliqués en prologue. Magnifique !

Illustration intérieure


Citation

Dans un meurtre, vaut mieux être le meurtrier que la victime... Surtout quand la victime aurait rapidement été votre meurtrier.

Rédacteur: Julien Védrenne vendredi 15 décembre 2023
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