Meurtre au café de l'Arbre Sec

La douleur empirait dans son crâne. Il vomit de l'eau et de la bile. Une partie gicla par son nez et, obéissant aux lois de l'attraction, coula dans ses yeux. Il les frotta de son bras en sueur, évacuant la sensation de brûlure, empoigna le joystick de commande à sa droite et s'efforça de redresser le sous-marin, mais sans effet.
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Roman - Insolite

Meurtre au café de l'Arbre Sec

Historique - Enquête littéraire MAJ mercredi 22 décembre 2010

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18 €

Michèle Barrière
Paris : Jean-Claude Lattès, octobre 2010
384 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-7096-3439-7

Actualités

  • 11/05 Édition: Parutions de la semaine - 11 mai
    Tout pareillement que la semaine dernière, les nouveautés qui nous sont promises foisonnent de surprises. Il y a tout d'abord ces rééditions des romans de Ross McDonald par les éditions Gallmeister, qui s'accompagnent d'une nouvelle et intégrale traduction signée Jacques Mailhos. Il y a ensuite, et là nul besoin d'une nouvelle traduction, Omnibus qui nous replonge dans le monde de ce gentleman cambrioleur qu'est Arsène Lupin. Les amateurs du héros de Maurice Leblanc pourront également se délecter de sa dernière aventure pour la première fois publiée en livre chez Balland. Voilà pour les vieilleries avec ou sans naphtaline. Pour les nouveautés très contemporaines, nous vous conseillons (modérément ) le nouveau Megan Abbott. L'auteur d'Adieu Gloria, qui sort dans le même temps en poche, s'éloigne du roman noir qui a fait sa force. Son éditeur ne s'y trompe pas. Elle change ainsi de maison (Le Masque pour Jean-Claude Lattès). Il y a ensuite les auteurs que l'on attend : Arnaldur Indridason, Michael Connelly, le duo Preston & Child, Keigo Higashino & James Carlos Blake. Il y a enfin ceux qui poursuivent des sagas historiques : Nicolas Bouchard & Michèle Barrière. Et, comme d'habitude, tous ceux que vous allez peut-être découvrir en cette liste :

    Grand format :
    La Fin de l'innocence, de Megan Abbott (Jean-Claude Lattès)
    La Muraille de lave, d'Arnaldur Indridason (Métailié, "Noir")
    Red grass river, de James Carlos Blake (Rivages, "Thriller")
    La Sibylle et le marquis, de Nicolas Bouchard (Belfond)
    Ghost recon, de Tom Clancy (City, "Thriller")
    Bleu comme la peur, de Ann Cleaves (Belfond, "Noir")
    Volte-face, de Michael Connelly (Calmann-Lévy, "Robert Pépin présente")
    Maudite soit-elle, de Vincent Desombre (Scrineo)
    Sur le fil du rasoir, de Oliver Harris (Le Seuil, "Policiers")
    Burma club, de Daniel Hervouët (Le Rocher, "Thriller")
    Un café maison, de Keigo Higashino (Actes sud, "Actes noirs")
    Meurtre sur invitation, de Christian Jacq (J.)
    Paris mutuels, de Jean-Marie Laclavetine (La Branche, "Vendredi 13")
    Les Aventures extraordinaires d'Arsène Lupin. 1, de Maurice Leblanc (Omnibus)
    Les Aventures extraordinaires d'Arsène Lupin. 2, de Maurice Leblanc (Omnibus)
    Les Aventures extraordinaires d'Arsène Lupin. 3, de Maurice Leblanc (Omnibus)
    Le Dernier amour d'Arsène Lupin, de Maurice Leblanc (Balland)
    Femme de neige, de Leena Lehtolainen (Gaïa)
    Le Mystère de Roccapendente, de Marco Malvadi (Christian Bourgois, "Littérature étrangère")
    Serenitas, de Philippe Nicholson (Carnets Nord, "Roman noir")
    Les Sortilèges de la cité perdue, de Douglas Preston & Lincoln Child (L'Archipel)
    Vengeance à froid, de Douglas Preston & Lincoln Child (L'Archipel)
    L'Art du crime ; Scandale du crime, de Nora Roberts (J'ai lu, "Grand format")
    Le Bon hiver, de João Tordo

    Poche :
    Adieu Gloria, de Megan Abbott (LGF, "Policier")
    Le Syndrome picard, de Daniel Auna (Ravet-Anceau, "Polars en Nord")
    Meurtre au café de l'Arbre sec, de Michèle Barrière (LGF, "Policier")
    Le Clandestin de Ré la Blanche, de Robert Béné (De Borée, "Policier")
    Le Dernier bac pour Ré la Blanche, de Robert Béné (De Borée, "Policier")
    Dans la peau, de James Carlos Blake (Rivages, "Noir")
    Le Traité des supplices, de Nicolas Bouchard (10-18, "Grands détectives")
    La Blonde en béton, de Michael Connelly (Points, "Policiers")
    Darling Lilly, de Michael Connelly (Points, "Policiers")
    Les Neufs dragons, de Michael Connelly (Points, "Policiers")
    Enquête champenoise, de Patrick Drouot (Ravet-Anceau, "Polars en Nord")
    La Gigue du pendu, de Ann Featherstone (10-18, "Grands détectives")
    L'Arche d'alliance, de Sarah Frydman "LGF, "Policier")
    La Princesse des glaces, de Camilla Läckberg (Babel, "Noir")
    Les Enquêtes de Brunetti, de Donna Leon (Points, "Policiers")
    Rapt à la flamande, de Jean-Christophe Maquet (Ravet-Anceau, "Polars en Nord")
    Maelström, de Stéphane Marchand (J'ai lu, "Thriller")
    Cible mouvante, de Ross McDonald (Gallmeister, "Totem")
    Noyade en eau douce, de Ross McDonald (Gallmeister, "Totem")
    Fièvre mutante, de Douglas Preston & Lincoln Child (J'ai lu, "Policier")
    Morvan mauvais, de Laurent Rivière (Sirius Paris, "Régiopolice")
    Dans ses yeux, de Eduardo Sacheri (10-18, "Littérature étrangère")
    Mélanges de sangs, de Roger Smith (LGF, "Policier")
    Coq en toc, de Gordon Zola (Le Léopard démasqué, "Les Aventures de Saint-Tin et son ami Lou")
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Quand la cuisine mène à l'aventure...

Quentin est un comédien qui a pris un rôle dans un roman. Mais, le personnage et le cadre, un livre culinaire, ne lui plaisent guère. Au Salon de Saint-Malo, motivé par la puissante odeur d'algues, il prend son élan pour sortir de l'ouvrage. Il se retrouve chez une jeune femme qui l'interpelle d'un air décidé. C'est Constance Savoisy, l'héroïne de Souper mortel aux étuves, au Moyen Âge. Il lui explique qu'il vient des années 2000, qu'il fait partie de la saga des Savoisy, une lignée de cuisiniers ayant traversé les siècles. Devant son air perdu, elle lui explique qu'il ne peut quitter son poste de personnage sans autorisation expresse de l'auteur (c'est dans le contrat), mais qu'il peut voyager dans tous les livres de l'écrivain. Elle veut savoir ce qu'est devenue sa lignée. Quand elle apprend que l'héroïne du roman se déroulant au XXIe siècle a tué pour une histoire de manuscrit volé, Constance blêmit. Est-ce qu'il s'agit du Mesnagier de Paris rédigé par son premier mari ? C'est un document unique qui doit rester absolument dans la famille. Quentin, qui n'est pas insensible à son charme, accepte de l'aider, sans réfléchir. C'est ainsi qu'il se retrouve à Ripaille, pour s'assurer que Jacques, le fils de Constance, est toujours en possession du document qu'elle lui a confié lorsqu'il est parti seconder maître Chiquard, à la cour du duc de Savoie.
Quentin a du mal à gagner la confiance de Jacques. C'est lors de la réception du duc de Bourgogne qu'il saisit l'opportunité de l'aider à devenir le successeur du maître cuisinier. Mais Delatraz, un tire-au-flanc chapardeur, veut la place. Il s'empare de manière violente du manuscrit. Constance et Quentin vont se lancer dans une quête, à travers les siècles et les générations de Savoisy, pour remettre la main sur le Mesnagier.
Dans leur périple, après Genève, Liège, Paris et Bruxelles, ils sont amenés à aider Jean-François Savoisy, cafetier rue de l'Arbre Sec. Son établissement, florissant grâce aux glaces qu'il confectionne, est fréquenté par nombre d'intellectuels dont Diderot. L'Encyclopédie, œuvre maîtresse du philosophe est interdite sous la pression du parti dévot piloté par les jésuites. Avant qu'elle ne soit saisie, Diderot répartit ses manuscrits chez des amis sûrs. C'est ainsi qu'il confie à Maïette, l'épouse de Jean-François, un document explosif...

Dans Meurtre au café de l'Arbre Sec, Michèle Barrière imagine une construction narrative pour le moins originale. Sur un schéma empruntant à la science-fiction, elle réinvente le voyage dans le temps, faisant passer ses personnages d'époque en époque. Cette pirouette scénaristique lui permet de faire revisiter aux lecteurs toute la saga culinaire des Savoisy. Elle apporte des éléments complémentaires aux intrigues déjà publiées et introduit un volet inédit situé en 1759 où elle intègre Diderot, son encyclopédie et Voltaire. Par ce survol, l'auteur apporte une cohésion à sa fresque, un lien que l'on avait du mal à percevoir à la lecture des différents épisodes.
Avec ce voyage à travers les siècles, Michèle Barrière brosse les grandes étapes d'une véritable histoire de la cuisine, du Moyen Âge à la période contemporaine. Elle intègre ces données avec aisance dans le cours de l'intrigue, les transformant en ressorts de l'action, en moteurs des péripéties, en occasions de rebondissements. Outre les composants des plats, elle s'attache à faire revivre les grandes figures, quelques maîtres en la matière qui ont su marquer leur art par une avancée significative dans la confection des mets ou dans l'esprit de la gastronomie. Elle émaille son récit d'anecdotes sur les époques traversées par les héros, sur les fondements des sociétés comme, par exemple, l'effarement de Constance quand elle apprend que tout le monde consomme des légumes : "Je n'arrive pas à imaginer que les seigneurs en mangent. C'est terriblement dangereux. Il est de notoriété publique qu'oignons, ails, échalotes, navets et poireaux ne peuvent être mangés que par ceux de petite condition" ou sur la constatation que : "... les cuisiniers sont souvent portés sur la lubricité...". Elle illustre parfaitement la tradition orale dans la transmission des recettes, dans la formation, tant le nombre d'illettrés était important. Elle montre aussi que la cuisine, la débauche des plats, (cent quarante-huit pour la réception d'un prince-évêque à Liège) était une façon d'étaler sa supériorité, d'affirmer sa suprématie.
Michèle Barrière ne se prive pas pour mettre ses personnages en péril, tout en faisant preuve de beaucoup d'humour en s'appuyant, particulièrement sur le décalage des personnages et le choc de cultures différentes. On sourit et on rit souvent à la lecture de Meurtre au café de l'Arbre Sec.
L'auteur impulse un ton guilleret à son roman, un livre qui se "dévore" avec grand plaisir, tant l'auteur sait mettre l'eau à la bouche et développer une intrigue passionnante.

Citation

Nous sommes tous des personnages de roman. Moi je viens du XXIe siècle et Constance du XIVe siècle. Nous menons une quête qui nous fait traverser les siècles.

Rédacteur: Serge Perraud lundi 01 juin 2015
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