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Grand format
Inédit
Tout public
550 p. ; 20 x 12 cm
ISBN 978-2-923603-87-2
À l'Est, le renouveau
Je n'avais jamais entendu parler de Mikhaïl W. Ramseier. Pourtant Otchi Tchornya est le douzième roman de l'auteur suisse. Il s'adresse au lecteur comme il discuterait avec un pote autour d'une table. À la bonne franquette. D'une écriture simple et familière qui interpelle. Parce qu'au-delà de l'intrigue, Mikhaïl W. Ramseier parle de la vie. Pas la vie d'un point de vue conceptuel de l'évolution, non. La vie d'un point de vue plus philosophique. Ce roman, c'est un peu comme si l'auteur prenait le prétexte d'une histoire pour parler des sujets qui font se poser des questions. Mais il ne faut pas croire qu'il impose ses idées. Mikhaïl W. Ramseier est plutôt du genre à lâcher de la thèse et de l'antithèse, pour qu'au final nous nous forgions notre propre synthèse.
Il nous raconte que Zénobe est journaliste, qu'il entretient une relation sans enthousiasme avec Odile, son amour d'enfance, et qu'il s'interroge sur leur avenir en commun. Un jour, il découvre dans la salle de bains de son appartement parisien le cadavre d'une femme qu'il ne connait ni d'Ève ni d'Adam. Le lieutenant Édouard détaché sur cette enquête lui dit que la femme était russe, qu'elle était une clandestine qui squattait son appartement à son insu, qu'elle est morte d'une rupture d'anévrisme et ceci-cela. Zénobe est un peu perturbé par cette histoire, ça va sans dire. Pourtant il n'est pas au bout de ses surprises. Le lendemain il trouve une petite fille de sept ans dans sa cuisine. Elle s'appelle Lana, et c'est la fille de la morte. Zénobe ne peut pas la garder la gamine, alors il demande conseil à sa mère, Magda, et à son frère, Bruno. Pour qu'elle ne finisse pas à l'assistance, il va partir à la recherche de sa famille. Mais Lana ne se rappelle pas de grand-chose. De vagues souvenirs à Nice. Pour Zénobe et Lana, c'est le début d'un road movie à travers l'Europe, de la France à la Russie. La quête d'une famille pour l'une, une véritable introspection et parcours initiatique pour l'autre.
Dans Otchi Tchornya pas de grandes phrases. Voilà un roman qui parle vrai, qui fleure bon la classe moyenne. Mikhaïl W. Ramseier touche juste en choisissant des thèmes sur lesquels on se pose tous les mêmes questions. Il nous gratifie en plus d'un tableau splendide de la Russie, réussit à redorer l'image d'un pays finalement trop méconnu, et nous offre une lecture qui est une ode au voyage.
Citation
Aujourd'hui, il va transmettre quoi, le père, dans un monde qui se réinvente tous les six mois ? Le vieux radote et le jeune s'en branle. L'un et l'autre deviennent des étrangers qui s'ignorent par trop de distance. Et à la fin, quand le père s'en ira, le fils réalisera qu'il ne l'a jamais connu.

