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Roman - Noir

Le Monde est un bousillage

Tueur à gages MAJ mercredi 04 mai 2011

Note accordée au livre: 3 sur 5

Poche
Inédit

Tout public

Prix: 11 €

José Noce
Bihorel : Krakoen, 0000
254 p. ; 18 x 12 cm
ISBN 978-2-916330-75-4
Coll. "Forcément noir"

Polar nietzschéen

Partant du principe qu'un polar qui cite Nietzsche dès les premières pages ne peut pas être fondamentalement mauvais, c'est avec une belle confiance que je me suis lancé dans la lecture de Le Monde est un bousillage, de José Noce. Et cette confiance, disons-le clairement, n'a pas été déçue.

Le principal point fort de ce livre, c'est son intrigue, qui sait trouver sa juste distance avec les thèmes habituels du roman noir. On y retrouve en effet des ingrédients assez classiques (la société secrète, le tueur à gage, le héros désabusé, buveur bourré et baiseur bourru – ou l'inverse...) mais redistribués de manière assez originale. Difficile d'ailleurs de proposer un résumé qui n'aille pas trop loin dans le dévoilement du récit. Disons, pour faire simple, que c'est l'histoire de Ludo, un professeur de français que l'on découvre, au début du livre, enfermé dans une mystérieuse clinique perdue au beau milieu d'une île que l'on imagine grecque, quasiment amnésique et avec une oreille en moins. Peu à peu, grâce aux soins attentifs qui lui sont prodigués (à grand renfort d'infirmières pulpeuses et de bouteilles millésimées), il retisse la toile de son passé et le récit alterne, de chapitre en chapitre, des extraits du journal qu'il s'efforce de tenir tout au long de sa convalescence et la narration des différents meurtres qu'il a été amené à commettre autrefois.
Car le brave Ludo est un tueur, et pas n'importe quel tueur : un globe-trotter du crime... Mais chut : impossible d'en dire plus sans en dire trop, car toute l'architecture du roman repose sur ce principe d'amnésie, qui s'estompe peu à peu et qui amène le lecteur à reconstituer le puzzle de l'histoire au fur et à mesure qu'il se réassemble dans la cervelle de Ludo. Ce qui n'est pas toujours simple, d'ailleurs, surtout au fil des deux premiers chapitres qui désarçonnent quelque peu par leur obscurité, et qui nous font nous demander un moment si la confusion qu'on y trouve est bien celle de l'histoire et pas celle de l'auteur... Fort heureusement, cette impression dure peu, et au bout d'une vingtaine de pages le lecteur est fermement calé dans le roman, prêt à en suivre les rebondissements jusqu'à la fin.
L'écriture de José Noce est à la fois riche et fluide. Ses phrases sont courtes et précises.& grave;A l'occasion, sa prose flirte même agréablement avec la poésie, notamment quand Ludo, encore très perturbé intellectuellement, redécouvre, en rassemblant ses bribes de souvenirs dans ses carnets, le sens des mots et les joies de l'écriture
Enfin, les références à Nietzsche, Julien Gracq, Alexandre Vialatte, René Char, Octavio Paz, Primo Levi, etc., qui parsèment l'ouvrage, viennent intelligemment rehausser la dimension littéraire de ce polar joliment troussé.
Le roman se clot sur une subtile mise en abyme que je ne vous dévoilerai pas ici, mais qui est d'autant plus agréable que rien ne la laissait présager.

Vous pouvez retrouver toutes les chroniques à L'Heure des comptes !

Citation

Sacré Lopes ! Raymond, de son petit nom. Curieux personnage le commissaire... Un caractère trempé à l'acide dans une bonhomie humaniste plus nietzschéenne que nature. Une sorte de légionnaire hédoniste cultivé et de papa poule faraud, capable au demeurant d'étrangler un pit-bull non castré d'une seule main, par amour.

Rédacteur: Stéphane Beau mercredi 04 mai 2011
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