Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
152 p. ; 21 x 15 cm
ISBN 978-2-35168-363-7
Coll. "Sang d'encre"
Un requin contre un rouquin
Dans une prison de la région parisienne un détenu accusé de viol est retrouvé mort, les parties génitales proprement découpées, arborant un étrange tatouage sur le corps. Mis à part le personnel pénitentiaire, personne n'a pu approcher la victime : aucun suspect ne semble vouloir sortir du lot. Le mystère est total. Jonathan Bouvier, un flic divorcé et solitaire que ses collègues ont surnommé Shark en raison de son teint pâle, de ses méthodes musclées et de son fort taux d'élucidation d'affaires, est désigné pour résoudre l'énigme.
Le roman de Jérôme Bonneau démarre très (mais alors très) doucement. La scène de meurtre décrite dans le premier chapitre est même plutôt mauvaise tant elle est caricaturale. On craint alors le pire. L'arrivée de Shark, au second chapitre est encore un peu poussive et ne rassure pas vraiment. Le coup du flic solitaire, tourmenté, un brin anachronique avec son goût pour les vieilles voitures et le vieux rock, bref, du gars "brut-de-décoffrage-mais-gentil-au-fond", on nous l'a déjà fait tellement de fois que l'on songe même un instant à stopper là la lecture.
Et enfin, heureusement, à partir du troisième chapitre, la mayonnaise commence à monter. Les premiers fils de l'intrigue se nouent et l'atmosphère s'épaissit. Le rythme s'accélère, les personnages acquièrent une étoffe plus convaincante. Une fois passé la moitié du roman, on est définitivement attrapé par le col et on se laisse dorénavant transporter, sans plus aucune résistance jusqu'au point final.
Le scénario de Diké ou l'archiviste, sans être révolutionnaire apparaît au final plutôt bien bâti et peut revendiquer sans rougir la dénomination de "suspense" que l'on peut lire en haut de la couverture. Cela est principalement dû au fait que Jérôme Bonneau a eu l'intelligence de ne pas en faire des tonnes et de ne pas diluer ses propos dans de vains bavardages. Il nous trousse son récit sans chichis ni blablas, en cent cinquante petites pages et la chute, même si elle n'est pas non plus foncièrement originale, est plutôt bien amenée et réussit à prendre le lecteur par surprise.
Pour un premier essai, Jérôme Bonneau nous offre par conséquent un bon roman, efficace, concis, bien écrit, mais un peu "jeune", encore, comme on dirait en parlant d'un vin. Il lui manque encore un ton, une voix, une personnalité, cette dimension "littéraire" qui fait les grands polars. Diké ou l'archiviste est le genre de livre dont on retient l'histoire, éventuellement le titre, mais dont hélas on risque vite d'oublier le nom de l'auteur parce que même si on a pris du plaisir à lire son œuvre, on ne l'a pas personnellement senti ni entendu derrière tout ça. Jérôme Bonneau devra s'appliquer, dans ses prochains romans, à faire plus intimement corps avec son travail, à s'attacher à élever son texte à un niveau plus personnel, pour qu'une fois le livre fermé le lecteur ne dise pas : "c'était un bon roman", mais : "c'était un bon Jérôme Bonneau" !
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Citation
Un grain de beauté, situé à la commissure de ses lèvres, attirait le regard lorsqu'on l'observait attentivement. Hormis cela, c'était un homme ordinaire.