Profanation

Les nouveaux journalistes avaient beaucoup en commun avec les détectives : ils étaient tour à tour regardés comme des champions de la vérité et de sordides voyeurs. Sept cents titres paraissaient en Grande-Bretagne en 1855 ; leur nombre se porta à onze cents en 1860.
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vendredi 01 novembre

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Roman - Policier

Profanation

MAJ lundi 21 mai 2012

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22,9 €

Jussi Adler-Olsen
Fasandræberne - 2008
Traduit du danois par Caroline Berg
Paris : Albin Michel, mai 2012
533 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-226-24141-2
Coll. "Thrillers"

Trivial pursuit, chasseurs détraqués & oranges mécaniques

Kimmie vit dans la rue depuis de nombreuses années. Elle traîne dans le quartier de la gare. Elle y a ses habitudes, des connaissances comme Tine, prostituée de son état et malheureusement un peu trop accro aux substances illicites. Kimmie profite aussi du va-et-vient des voyageurs pour s'accaparer d'une valise pas suffisamment sous la surveillance de sa propriétaire. Dans sa tête, des voix se bousculent, lui envoient des messages d'alerte. Elle est toujours sur le qui-vive. Sans cesse elle fait attention à ce qui se passe autour d'elle. Elle se sait surveillée et également qu'elle ne sera jamais tranquille tant que sa vengeance ne sera pas pleinement accomplie. Car Kimmie n'a pas toujours été cette marginale un brin particulière. Jadis, et presque dans une autre vie, elle faisait partie du beau monde. Dans sa jeunesse, elle a fréquenté toute la haute société danoise et les fils de bonne famille qui font aujourd'hui la Une des journaux montrant leurs réussites sociales et financières. Kimmie veut se venger d'eux et leur faire payer le prix de ses souffrances bien vivaces. Mais ses anciens compagnons rêvent, eux aussi, d'avoir sa peau. Ils ont peur d'elle et de la menace qu'elle représente pour leurs situations actuelles de nantis.
Carl Mørck est le chef de la section V. Ses deux plus proches collaborateurs sont Assad, un Syrien un peu largué avec les subtilités de la langue danoise, et Rose, la parfaite assistante pour fouiller dans les anciens dossiers mais toujours prête à râler pour obtenir des équipements de bureau. Carl va s'étonner de découvrir sur son bureau un dossier vieux de vingt ans, une affaire rapidement classée concernant le massacre de deux adolescents. À l'époque, les soupçons vont se tourner vers un groupe de jeunes, élèves d'un prestigieux lycée privé. Ils seront finalement innocentés grâce à des aveux, ceux un peu trop spontanés du soi-disant meurtrier permettant de l'attention focalisée sur eux. Intrigué par l'affaire, certainement un peu bâclée, Carl va décider de se replonger dans l'enquête. Il veut absolument savoir quel a été véritablement le rôle de ces lycéens qui sont tous devenus des hommes importants maintenant. Le trio Carl-Assad-Rose va partir sur leurs traces sans savoir au démarrage qu'ils vont devoir s'immiscer dans les problèmes de Kimmie et de ses acolytes de l'époque. Carl a pourtant une certitude, il a la conviction que les méfaits de cette bande ne se résument pas à ce terrible double assassinat.

Profanation est le second volet des enquêtes du département V dirigé par l'inspecteur Mørck. Le roman de Jussi Adler-Olsen est d'une force incroyable avec une réelle montée en puissance tout au long des chapitres. Il nous entraîne dans une triple chasse à l'homme, chacun voulant voir triompher sa justice et pour les pires protéger leurs propres intérêts. Car Profanation n'est pas une énième recherche d'un serial killer mais une réelle plongée diabolique dans l'univers de la violence, cette violence maladive et gratuite de personnes qui se sentent immunisés par le pouvoir de leurs comptes en banque. Adler-Olsen nous embarque dès les premières pages dans cet univers particulier de la bonne société de son pays pour en tirer une satire grinçante sans concession sur ce microcosme. Les âmes noires s'y bousculent, certaines montrent leurs blessures, d'autres leurs suffisances construites à coup de visionnage d'Oranges Mécaniques en vidéo. Les secrets sont nombreux, bien souvent terribles au point de ne pas être très beaux à voir révéler au grand jour. Les personnages sont soigneusement campés sans jamais tomber dans une caricature. Le seul regret par rapport à ce livre fort est peut-être son titre Profanation qui ne restitue pas l'univers parfaitement pointé par Adler-Olsen et la puissance de son intrigue.

L'argent ne fait définitivement pas le bonheur, tout du moins le vrai bonheur même si il y contribue. Pour certains il facilite les choses afin d'empêcher le monstre qui est en eux d'être démasqué, le plus longtemps possible tout du moins. Malheureusement...

Citation

Carl fit une grimace et ferma les yeux. Le silence peut être une vertu, l'omerta est un vice. Un sacré putain de vice.

Rédacteur: Fabien Maurice mardi 01 mai 2012
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