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Le Dernier amour d'Arsène Lupin
Chronique
Les éditions Balland publient un inédit des "Aventures d'Arsène Lupin" sous le titre Le Dernier amour d'Arsène Lupin. Tout comme les textes inédits d'auteurs phares, l'histoire de celui-là est atypique. Découvert en haut d'un placard, dans une vieille pochette sanglée, il a été écrit par Maurice Leblance entre 1936 et 1937. Œuvre ou ébauche d'œuvre ? La question mérite d'être posée tant ce texte peut être sujet à interrogation. Comme expliqué en préface, Maurice Leblanc n'a pas eu le temps de reprendre en mains son texte comme il en avait l'habitude, victime d'une congestion qui allait accélérer sa chute. Ce Dernier amour d'Arsène Lupin est donc une œuvre de vieillesse. Comme tel et à l'instar des œuvres de jeunesse, le roman suscitera l'engouement des amateurs du gentleman-cambrioleur. Il aurait bien plus sa place dans une anthologie comme aventure inachevée d'un des plus grands héros populaires. Car il s'agit bien d'un patchwork très détaillé mais qui manque de liant. L'intrigue en elle-même va à cent à l'heure et est digne des feuilletons de l'époque. Arsène Lupin traverse des événements extraodrinaires dans un univers rocambolesque. En son cœur, Cora de Lerne, une jeune fille alerte et vive entourée de quatre hommes venant d'Angleterre. Parmi eux se cache un Arsène Lupin vieillissant, riche à milliards, qui aime vivre dans le dénuement, et qui prodigue ses bienfaits aux habitants de la "Zône" (qui deviendra la banlieue parisienne). Les trois autres sont des intriguants. Maurice Leblanc rajoute à tout ceci un élément historique : le gentleman-cambrioleur a en sa possession, don de Napoléon à son grand-père général impétueux, un carnet de Jeanne d'Arc dans lequel sont notés scrupuleusement les éléments détaillés des méthodes de la diplomatie anglaise (qui, malheureusement pour elle, n'a guère évolué depuis, donnant à ce carnet une importance vitale). Cora de Lerne est donc l'épicentre d'une intrigue diplomatique dont Arsène Lupin va devoir démêler les fils non sans tomber amoureux de la donzelle, ni sans vouloir se sacrifier pour lui accorder une destinée de reine. C'est sans compter sur sa volonté à elle, et les élancements du cœur. En parfait maestro du genre, Maurice Leblanc fait apparaitre une bande d'odieux malfrats, une famille-type des bas-fonds, des hommes d'honneur, des machines aux mécanismes étranges, des voltes-faces pour livrer non pas tant un roman policier qu'une accumulation d'aventures incongrues. Ce n'est pas déplaisant. L'ensemble parait cependant un peu vieillot avec un aspect digne d'une pièce de théâtre. Alors, oui, œuvre de vieillesse, curiosité littéraire aussi qui ravira également les étudiants des romans et nouvelles du père de Lupin, mais il lui manque une consistance et un retravail qui en feraient un bon roman de genre.
Rédacteur: Julien Védrenne mercredi 16 mai 2012 partager : | |