Contenu
Poche
Inédit
Tout public
0h les filles, oh les filles...
Drôle de petit livre que ce Contrôle parental inclus, surprenant par certains côtés, déroutant par d'autres. Lorsque je me suis planté devant la pile de mes bouquins en attente, il y a quelques jours de cela, je sortais d'une série de lectures assez sérieuses pour préparer une intervention sur un philosophe mal connu, mort en 1925 et nommé Georges Palante. Pourquoi est-ce que je vous raconte ça ? D'abord parce que c'est ma chronique et que j'y dis ce que je veux, ensuite pour bien vous faire comprendre que j'avais alors la tête chargée comme un Tupolev et que j'avais une envie folle de légèreté. Et léger, ce livre me semblait l'être : par son poids déjà, avec ses cent soixante-huit pages, mais aussi par ce que sa couverture – représentant une gamine allongée dans l'herbe devant un ordinateur portable – promettait. Pour être honnête, j'ai même cru qu'il s'agissait d'un roman pour grands enfants ou adolescents. Pas du tout.
L'histoire se situe à Marseille, ville que l'auteur adore visiblement et dont elle nous présente les plus belles facettes. Malgré tout, dans cette jolie cité, des collégiens se font agresser et violer après les cours, alors qu'ils rentrent chez eux à pied. Le commissaire Mirabelle Barane et ses deux acolytes préférés, le beau Lino et la fantasque Louisette, unissent leurs forces pour coincer le – ou les – coupable(s).
Au-delà de l'intrigue, d'ailleurs honorablement ficelée, c'est surtout grâce à son ton vif et sa langue pétillante que ce roman séduit. Les dialogues sont incisifs, l'humour omniprésent et, sur le plan narratif, le principe consistant à interpeller sans arrêt le lecteur, en l'invitant à participer à l'enquête comme s'il était un personnage comme les autres, crée un sentiment de complicité et d'immédiateté assez convaincant. L'auteur prend d'ailleurs un malin plaisir à brouiller les pistes en s'effaçant complètement derrière sa protagoniste principale, allant jusqu'à partager avec elle son nom de plume : Mirabelle Barane (qui est donc à la fois le pseudo de l'auteur et le nom de son héroïne).
Bon, je vais vous faire une confidence : j'ai eu un peu de mal avec cette Mirabelle Barane (l'héroïne, hein, pas l'auteur !). Croquée sous les traits d'une pouffe superficielle, prétentieuse, qui passe son temps à minauder, à pleurnicher quand elle est émue ou à draguer ses collègues, elle n'a rien de bien emballant. Elle est à peu près aussi crédible en commissaire que Sophie Marceau en prix Nobel d'électro-physique ou François Hollande en star du X... On l'imaginerait plus facilement rédactrice chez Marie-Claire ou vendeuse de chaussures dans une galerie marchande. Mais voilà (et pas Voici), elle est commissaire, et il nous faut bien faire avec !
D'accord, ce genre de héros nous change un peu du modèle de "gros mâle dur au mal", du flic blasé, bourru, qui encaisse les coups de poings et les verres de scotch aussi facilement que vous les "Tic-Tac" en regardant la télé. Mais quand même... Mirabelle... Où alors il faut prendre le problème dans l'autre sens et se dire que, quelque part, l'auteur vient d'inventer un nouveau concept, le roman policier pour filles : mesdames, vous aimez les Desperate Housewives, vous trouvez Laurent Delahousse trop craquant ? Vous aimez bien lire Closer chez votre coiffeur ? Impec ! Contrôle parental inclus devrait vous plaire...
Quoi ? Vous êtes un mec ? Vous aimez le foot, la bière, péter sous les draps et faire crisser les pneus de votre BMW ? Ah... Ce sera plus dur, mais je vous rassure : vous risquez d'aimer quand même car je suis sûr que, sous votre carapace de vilain macho, sommeille une midinette qui se laissera quand même prendre au piège de ce – finalement charmant – petit roman.
Vous pouvez retrouver toutes les chroniques à L'Heure des comptes !
Citation
Contrairement à la plupart des nanas, je ne suis pas au régime... Pourquoi ? Parce que je ne prends pas un gramme, quoi que j'ingurgite. Résultat, pas un pète de cellulite. Ça vous énerve ça, hein les filles ?