La Tribu

Il s'agissait d'un Christ en croix, un portrait serré qui rappelait le célèbre crucifié de Velázquez. Ce qui fit sursauter Katarina, c'est que sur la droite du tableau apparaissait une femme, une très jeune femme. Elle portait ses propres traits, comme une représentation d'elle dans sa jeunesse.
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Roman - Thriller

La Tribu

Horreur-gore MAJ mercredi 02 janvier 2013

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 11,5 €

Stéphanie Lepage
Paris : Persée, août 2011
92 p. ; 21 x 15 cm
ISBN 978-2-35216-991-8

Vous reprendrez bien un peu de boudin avec vos tripes ?

Allez, aujourd'hui nous allons nous éloigner un peu du polar classique pour nous plonger dans la noirceur d'un thriller, comment dire... louchant plus vers le "steak Tartare" que vers "poulet au pruneau" : La Tribu, premier roman de Stéphanie Lepage.

Plantons le décor. Dans une maison sinistre, perdue dans une lande lugubre noyée sous une pluie poisseuse, par une nuit malsaine, une famille monstrueuse, composée d'êtres sordides, vit une soirée démoniaque... Trop d'adjectifs, vous trouvez ? C'est sans doute un des petits défauts de ce très court récit (quatre-vingt-dix pages) dans lequel l'auteure s'est consciencieusement appliquée à entasser la totalité du champ lexical relatif à l'angoisse ; avec subtilité et humour, globalement, mais de manière un peu trop appuyée parfois.

La réalité est que ce livre a les qualités de ses défauts : c'est du serré, de l'intense, du corsé. C'est un puzzle compliqué, constitué de pièces qui semblent issues d'au moins deux ou trois boites différentes, et qui pourtant s'assemblent plutôt logiquement, de manière assez implacable (à quelques approximations près), sans jamais laisser au lecteur le temps de reprendre son souffle. Sur ce point, il faut reconnaître à Stéphanie Lepage un réel talent de scénarisation, quasi cinématographique.

Les chapitres s'enchaînent à cent à l'heure, charriant souvent en quelques lignes une matière première qui aurait pu s'étendre sans peine (et même avec profit je crois) sur plusieurs dizaines de pages. D'où l'impression un peu déroutante de défilement en avance accélérée qui saisit le lecteur, à la fois heureux de savoir qu'il va rapidement connaître le fin mot de l'intrigue, et frustré de voir les pages défiler aussi vite. Mais, peut-être qu'un peu plus étoffée l'histoire aurait gagné en épaisseur ce qu'elle aurait perdu en urgence...

La famille mise en scène dans ce thriller sanglant est assez étonnante. Ses membres sont tous plus fous les uns que les autres. Et quand je dis fous, je suis très en deçà de la vérité : ce sont tous des monstres dégénérés, pervers, incestueux, difformes, meurtriers, tortionnaires, sadiques, hystériques, et quelque peu anthropophages à l'occasion. Bref, de charmants psychopathes. Tous les personnages sont bien campés, un peu caricaturaux, néanmoins solides. L'atmosphère est lourde mais non dénuée de second degré, ce qui donne à l'ensemble une identité située à mi-chemin entre La Famille Addams et Saw (enfin, pour Saw, j'imagine car honnêtement je n'ai jamais eu le courage de regarder ce film).

Je ne suis pas friand, habituellement, de ces étalages de viandes, de ces flots d'hémoglobine, de ces violences gratuites, et je me demande toujours ce qui peut pousser des auteurs ou des cinéastes à produire des œuvres aussi "gore", puis des lecteurs ou des spectateurs à s'en repaître. Mais ici, le ton légèrement décalé de l'auteur, qui se joue du genre en même temps qu'elle l'exploite, fait que ce bref roman se lit tout de même au final avec un réel plaisir.

Vous pouvez retrouver toutes les chroniques à L'Heure des comptes !

Citation

La soudaine vision de l'immense maison qui se dresse non loin de là, la fige sur place. Ses proportions gigantesques ont quelque chose d'obscène et de dérangeant. Elle paraît être surgie de nulle part, abandonnée là par quelque dieu blasé et inconstant.

Rédacteur: Stéphane Beau dimanche 16 décembre 2012
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