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Inédit
Tout public
Traduit du suédois par Catherine Renaud
Paris : Rivages, novembre 2013
416 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-2642-6
Coll. "Thriller"
"Est-ce ainsi que les hommes vivent ?"
La vague actuelle du polar suédois a incité nos éditeurs à "réviser leurs classiques", c'est-à-dire à remonter dans le temps pour rechercher tous les (ou certains des) livres à côté desquels ils sont passés. C'est ainsi que l'un d'eux a récemment publié les romans de Per Wahlöö avant sa rencontre avec Maj Sjöwall, qui dénoncent (cinquante ans auparavant) les tares qui ont fait l'objet – et le succès – de Millenium. Il n'est jamais trop tard pour bien faire. La même démarche l'a incité à remonter un peu moins loin dans le temps et à exhumer la première vague des romans du criminologue Leif GW Persson datant des années 1980, qui sont d'un genre particulier car axés sur des crimes impuni(ssable)s. Il s'est en effet fait une spécialité d'intrigues très procédurales et ennuyeuses, il faut l'admettre. Il connaît certes très bien son sujet, mais on a tendance à ajouter : un peu trop, même, car il se délecte des méandres juridico-policiers les plus subtils. Il a choisi pour "héros" un commissaire du nom de Lars Martin Johansson, directeur adjoint de la police criminelle – excusez du peu –, qui le suivra durant toute sa production et qui n'est pas vraiment un joyeux drille. Ses pensées (surtout arrière-pensées, car Persson développe un tic redoutable : nous préciser à tout bout de champ que son personnage pense tout autre chose que ce qu'il dit et même exactement le contraire, en général) que nous suivons à chaque fois pendant des centaines de pages sont tout sauf divertissantes. La police suédoise est présentée sous un jour accablant – c'est apparemment la pire au monde (???), ses membres (à l'exception notable de Johansson, qui n'en a que plus de mérite) sont soit incapables, soit paresseux, soit alcooliques, soit débauchés, soit corrompus – avec un peu de "racisme ordinaire" en prime dans les meilleurs des cas – en attendant l'apparition, dans les romans ultérieurs, d'un certain Bäckström qui battra le record du monde en étant tout cela à la fois ; mais Waltin, "bandit multicarte" spécialiste des coups fourrés et futur assassin du Premier ministre (selon Persson, puisque le vrai n'a jamais été identifié et ne le sera jamais, et pour cause) honore déjà ces pages-ci de sa sinistre présence. La "mafia yougo" complète le tableau. Sans compter, bien sûr, tous les "petits" cambrioleurs, dealers, souteneurs, hommes de main, etc. de la firme Crapules & Cie.
Le présent volume tourne autour de violences policières dont est suspectée une patrouille stockholmoise coutumière du fait (qui se défend en portant systématiquement plainte contre ceux qui la dénoncent) ayant causé la mort d'un certain Nilsson, poivrot et marginal de son état. Mais celui-ci ne serait-il pas tout simplement... tombé dans sa cellule. Cela arrive, n'est-ce pas ? Sur cette affaire se greffent une dizaine d'intrigues latérales, sans compter les "infiltrations" plus ou moins réussies, pour plus de clarté. Le tout se termine bien entendu, puisqu'on est chez Persson, par un non-lieu général et quelques flatteuses promotions. Un peu frustrant, non ?
C'est d'autant plus vrai que le livre n'a pas été relu et abonde en tournures incompréhensibles et choix étonnants. Par exemple appeler "directeur du parquet" le fonctionnaire généralement connu sous le nom de procureur ou parler de "tiraillement d'oreilles" quand quelqu'un se fait tirer lesdites oreilles.
Quand on est prévenu, c'est lisible, même si l'on est parfois amené à sauter des pages.
Citation
Nous sommes les piliers de la société [dit Berg, le chef de cette patrouille de flics un peu ripoux et agités du 'bidule'].