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Grand format
Inédit
À partir de 12 ans
Sur un air de jazz
Années 1920, Baltimore. La communauté noire végète dans une pauvreté maussade et, pour perpétuer de nauséabondes habitudes, continue de trimer pour les Blancs. Eleonora est une fillette mais déjà elle a compris qu'à l'école comme dans la rue, le langage des poings est bien plus parlant que celui des mots. Sous ses airs d'ange – peau claire, grands yeux intelligents, cheveux lisses atypiques -, elle avance à force de bagarres et d'insultes, se créant une place dans ce monde sans joie. Jusqu'au jour où, posant à sa mère des questions sur ce père absent, elle commence à s'intéresser à la musique. Musique qui prendra une réalité dans la rue, avec ses amis voyous pour la compagnie desquels elle déserte les bancs de sa classe, sous la forme du jazz. L'enchantement est immédiat, même si elle ne sait pas encore que la musique aura ce rôle si fondamental dans son avenir. Car, pour l'heure, Eleonora n'en a pas. Sa mère est brinquebalée d'emplois expéditifs en expédients pour ramener quelques pièces à la maison, et bientôt c'est la fillette qui se voit contrainte de participer ; vols, chapardages et errances dans les rues sont son lot quotidien, mais elle ne s'en plaint pas. Par un concours de circonstances, et bien malgré elle, elle va même accepter de vendre son corps. Pourtant, elle le sait, c'est la musique qui la passionne et la fait vibrer, la musique vers laquelle elle tend tous ses espoirs. C'est l'une des pensionnaires de la "maison de distractions" dans laquelle elle a trouvé refuge qui va lui offrir sa chance, lui permettant, enfin, d'espérer mieux de la vie. Eleonora a en effet une voix majestueuse, envoutante, qu'elle module et maquille pour offrir des interprétations personnelles et magiques à son public. Elle s'imprègne des textes qu'elle chante, se les appropriant et leur offrant une nouvelle vie, une évasion bienvenue, et une estime de soi qu'elle avait depuis bien longtemps perdue de vue.
En un peu plus de cent vingt pages dans une jolie biographie romancée, Louis Atangana revient avec pudeur et une passion à peine dissimulée sur les premières années d'une diva du jazz adulée encore aujourd'hui. Parce que cette musique est avant tout un cri du cœur, il nous raconte comment et pourquoi Eleanora ne pouvait que devenir cette artiste hors du commun que nous connaissons. Il nous dit qui était Billie – surnom donné par ce père au parcours tellement étrange pour l'époque, absent mais musicien dans l'âme – avec des mots simples et un ton juste qui illustrent une admiration pour la jeune femme et pour l'artiste, l'une étant étroitement dépendante de l'autre. À nouveau, les éditions du Rouergue nous régalent d'un texte beau, fort, et d'un petit morceau d'histoire à garder bien précieusement en mémoire, une petite illustration de ce que la vie peut réserver de pire et de meilleur, et de ce que la musique peut offrir à tous.
Citation
Le jazz ! La vie ! Clarence avait raison. Fallait profiter du bonheur de vivre. Être présent à chaque instant. S'y plonger totalement. Brûler sa vie dans l'ivresse et la joie. Le reste valait que des clous.