Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Paris : Pocket, avril 2014
222 p. ; 18 x 12 cm
ISBN 978-2-266-25021-4
Coll. "San-Antonio", 42
Allegro ma non troppo
San-Antonio se rend en charmante compagnie au théâtre de l'Alcazar afin d'y assister au numéro dont le Tout-Paris résonne, celui du Petit Marcel, le célèbre hypnotiseur égyptien.
Durant son spectacle, le magicien demande à une poignée de spectateurs de monter sur scène afin de les endormir. Surprise du commissaire qui voit arriver, parmi les volontaires incrédules, son fidèle adjoint Bérurier.
Surprise à nouveau quand, contre toute attente, Edwin Zobedenib (le vrai nom du Petit Marcel) réussit à endormir le Gros devant la salle conquise.
Et surprise hélas quand le corps de Béru est retrouvé en catalepsie dans les coulisses, seul spectateur à n'avoir pas été réveillé par le mage.
Un mage qui semble dépassé par les événements, incapable de sortir le Mahousse de sa léthargie. Quant à son entourage (une secrétaire peu farouche et un assistant ombrageux), il n'est pas sans inquiéter San-A sur les réelles motivations de Zobedenib...
On attend avec impatience le gus qui s'attellera à une thèse sur l'exercice du scénario dans les San-Antonio. Un vrai champ de recherche, partiellement vierge, qu'il conviendrait de défricher.
Les quelques interviews qu'a donné Frédéric Dard sur l'écriture des San-Antonio laissent penser qu'il ne construisait pas ses romans en amont, se contentant le plus souvent de scènes, d'images ("d'étoiles filantes", comme il les appelait), à partir desquelles il laissait libre cours à son imagination (même s'il ne faut pas négliger l'apport dans sa pratique de l'écriture de scénarios et de scripts pour le théâtre ou le cinéma).
Et c'est bien là que le bât blesse. Une fois n'est pas coutume, critiquons un San-Antonio : au niveau structure du bouquin, Berceuse pour Bérurier est intéressant puisque construit en un immense plan-séquence de douze chapitres, et développe une action qui se déroule presque en temps réel (à peine une petite ellipse de deux heures). Mais à la lecture, on s'aperçoit par trop que l'auteur, à l'instar du personnage, ne sait pas du tout où il va. Coups de théâtre en fin de chapitres, du rythme et de l'action, certes. Mais il semble par trop évident que l'on tourne en rond, que certains dialogues tirent à la ligne, que des scènes sans grand intérêt s'éternisent, bref, que Frédéric Dard fait le boulot, mais sans les fulgurances habituelles. Le dénouement, à l'arrache et torché à la va-vite, en est la parfaite illustration.
D'aucuns m'objecteront, à juste titre, qu'un San-Antonio digne de ce nom, on le lit rarement pour son scénario, que l'intérêt est ailleurs et que sa dimension parodique supplante cette nécessité d'intrigue bien ficelée. Certes. Mais dans ce cas-là, quel est l'élément catalyseur ? Celui qui dynamite les codes, les protocoles, les usages, les règles mêmes du polar ? Ben oui, c'est Béru ! C'est le Gravos qui chamboule tout sur son passage. Or, dans ce livre-ci, Béru pionce du premier au dernier chapitre, gisant sur sa couche, statue du Commandeur indifférente à ce qui l'entoure, véritable poids mort. Ce doit être pour cette raison que ce San-Antonio a du mal à décoller.
Citation
Du sujet qui semble un tantinet beurré.
Du sujet qui mâchouille une allumette.
Du sujet qui se gratte furieusement l'entrejambe afin de réveiller ses nombreux locataires.
Du sujet enfin qui a pour nom Bérurier, et pour prénoms Benoît, Bertrand, Gaston, Alexandre, époux légitime de la gente ogresse Berthe Zifolard, femme adultère sans profession.