La Glace noire

J'ai toujours eu pour principe de ne jamais recourir à la police lorsque Blancs et gens de couleur s'affrontent. N'oublie pas que la loi est avant tout la loi du Blanc. C'est lui qui l'a instituée et c'est lui qui l'applique. Il lui arrive, par-ci par-là, de nous permettre de l'invoquer pour régler des différends entre nous, mais lui s'en sert toujours à son profit. C'est sa loi, et non la nôtre, et nous avons tout à perdre à ne pas le garder à l'esprit.
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Roman - Policier

La Glace noire

Drogue - Trafic MAJ dimanche 26 juillet 2015

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Réédition

Tout public

Prix: 17 €

Michael Connelly
The Black Ice - 1993
Préface de Michael Connelly
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jean Esch
Paris : Calmann-Lévy, juin 2015
384 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-7021-5713-8
Coll. "L'Intégrale MC"

Harry Bosch II : le retour

Carl Moore travaillait aux stups. Je dis "travaillait" parce que le roman commence quand son cadavre est retrouvé dans un motel miteux comme il y en a tant à Los Angeles (si vous voulez vous faire une idée plus précise, matez-vous un de ces bons vieux Starsky et Hutch lalalalalala en ajoutant vingt piges de crasse). Harry Bosch arrive sur les lieux et là... on (qui est un con, et en même temps sa hiérarchie) le charge tout bêtement de rester en dehors du coup. C'est vraisemblablement un suicide, et il n'y a pas de quoi se faire chier la bite à aller chercher plus loin. C'est bien mal connaître Harry qui n'apprécie pas qu'on le mette sur la touche dans son propre district. Il commence évidemment à se renseigner sur Carl Moore, d'autant qu'il l'avait lui-même rencontré quelques semaines plus tôt pour lui parler d'un passeur de came sur qui il enquêtait et qui venait de casser sa pipe (d'opium. Oui, je sais, elle est facile mais il faut la faire). Très vite, la machine se met en route et tout s'enchaîne : 1) Les collègues de Moore retrouvent dans la voiture de ce dernier, une enveloppe adressée à Bosch. 2) Un autre flic, Porter, donne sa démission du jour au lendemain, et Bosch hérite de l'affaire sur laquelle il piétinait. 3) Ladite affaire concerne le cadavre d'un quidam retrouvé dans une ruelle par… Moore, la veille de son "suicide". 4) L'autopsie du cadavre par la médecin légiste (que Bosch s'envoie au passage... ce que c'est que d'être un héros quand même !) révèle des mouches dans les narines et l'estomac du mort. 5) Ces mouches ont été génétiquement modifiées et pour les rencontrer faut faire un tour du côté de Mexicali (qui comme son nom l'indique n'est pas en Suède mais au Mexique), c'est-à-dire bien loin de l'endroit où Moore a retrouvé le corps du quidam. 6) Une nouvelle drogue venue du Mexique, la Black Ice, commence à faire des ravages en Californie. 7) Je vous laisse découvrir la suite...
Avec ce deuxième roman (la parution originelle date de 1993), nous assistons à la naissance d'un personnage récurrent (ben oui, avant ce deuxième opus, il n'était pas récurrent), le Jules Maigret de Michael Connelly : Hieronymus Bosch dit Harry.
Prenant prétexte d'une préface inédite de l'auteur himself (dans laquelle on apprend que c'est sur l'insistance de son éditeur, suite au succès du premier book, Les Égouts de Los Angeles, que Connelly a décidé de redonner du boulot à son super flicard du LAPD) Calmann-Lévy réédite les œuvres du maître.
Car oui, Michael Connelly est un maître. C'est d'ailleurs l'intérêt de ces rééditions (plus que la préface d'une page et demie que si tu ne l'as pas lue, tu peux mourir sans avoir le sentiment d'être passé à côté des grandes joies de l'existence) que de nous faire découvrir ou redécouvrir le travail d'un romancier dont on prend aujourd'hui les productions les unes derrière les autres sans s'interroger plus que ça sur la qualité de son travail.
Or, Connelly, n'écrit pas n'importe quoi n'importe comment. Il fait partie de ces auteurs dont on sent qu'ils ont beaucoup lu les autres, ingurgité des œuvres entières, sont partis de "à la manière de" pour finalement s'émanciper, développer leur propre style. Celui de Connelly est simple en apparence mais beaucoup plus fouillé qu'il n'y paraît. Un peu comme Stephen King dans un genre différent. Donner l'impression qu'on fait dans le facile, c'est bien la marque des plus grands ! On remarque également une correspondance intéressante avec un autre écrivain, révélé une dizaine d'années avant lui, en la personne du célébrissime James Ellroy. Car tous les deux situent leurs actions à Los Angeles (ville pour laquelle ils éprouvent à la fois du dégoût et de la fascination), tous les deux ont un penchant pour les intrigues bien ficelées, tous les deux dénoncent des magouilles entre les différents services de la police mais aussi une empoisonnante rivalité entre ces mêmes services. Bien sûr, Ellroy est en thérapie et Connelly dans le divertissement. Bien sûr, Ellroy est dans le passé alors que Connelly a son stylo bien encré dans le présent. Et si Ellroy aurait sûrement aimé être Raymond Chandler... Connelly en est lui, à mon avis, le digne héritier !
Puisque c'est les vacances, personnellement, je ne vois aucune raison pour ne pas s'offrir un petit pèlerinage du côté de son œuvre.

Citation

Sous la menace d'une arme, les gens font parfois des choses surprenantes. Ils espèrent toujours que ça va bien finir.

Rédacteur: François Legay dimanche 26 juillet 2015
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