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Réédition
Tout public
Préface de Michael Connelly
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Robert Pépin
Paris : Calmann-Lévy, juin 2015
370 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-7021-5739-8
Coll. "L'Intégrale MC"
La comédie connellyienne
Harry Bosch, pourtant à la retraite, reprend du service sur l'insistance de la veuve de l'inspecteur Terry McCaleb, Graciella. Cette dernière ne croit pas à la mort apparemment naturelle de son mari (il avait des problèmes cardiaques et avait subi une greffe du cœur) mais penche plutôt pour un assassinat... Pour quel motif le crime ? Aucune idée ! Soupçonne-t-elle quelqu'un ? Même pas ! Juste une putain d'intuition féminine qui l'a conduite à faire analyser les médocs que son husband prenait pour son heart (vous ne trouvez pas ça ridicule, vous, cette manie qu'ont certaines personnes de glisser des mots d'anglais dans des phrases en français ?), et qui ont révélé qu'il aurait pu tout aussi bien ne rien prendre puisque les gélules étaient en fait remplies par une poudre blanche encore plus inoffensive qu'un Allemand en vacances si t'essayes pas de lui piquer ses Birkenstocks. Donc, qui a bien pu remplacer les bons cachets par des pas bons du tout ? Eh bien, c'est ce que notre héros va tenter de découvrir. Non pas que McCaleb était le grand pote de Bosch, ils se sont mutuellement sauvés la life (c'est énervant, hein ?) une fois, mais parce que Harry appréciait le sens des valeurs de Terry, qu'il le savait intègre, professionnel, un peu le genre à te réconcilier avec l'espèce humaine en général et la flicaille de Los Angeles en particulier (enfin, juste le temps que tu croises quelqu'un d'autre, quoi !). Dans le même temps, une enquête parallèle s'opère : Rachel Walling, agent du FBI en disgrâce (elle, pas le FBI), reçoit un coup de téléphone qui ne ressemble en rien à ceux que passait Fabrice pour "La valise RTL" il y a quelques années (oui, je sais que ça existe toujours, mais ce n'est plus Fabrice qui appelle !). En effet, on lui apprend que des cadavres ont été retrouvés dans le désert près d'une route qui porte un nom à la con puisqu'elle s'appelle Zzyzx (et c'est véridique) et qui mène à Vegas (si tu la prends dans le bon sens, sinon elle t'éloigne de Vegas !) et que ces corps pourraient bien signer le retour de celui qui fut le supérieur hiérarchique de Rachel et en même temps son pire cauchemar (ce qui arrive très souvent) parce qu'il était sacrément déglingué au niveau du ciboulot, à tel point qu'on l'a catalogué comme tueur en série, j'ai nommé Robert Backus dit Le Poète ! Évidemment, vous aurez déjà compris que les deux enquêtes vont se rejoindre puisque le but du roman est d'amener l'ex-flic numéro 1, Harry Bosch, accolé de Rachel Walling, à se cogner l'affrontement avec le ravagé numéro 1, Robert Backus.
Los Angeles River est la suite du Poète. Bonne nouvelle : vous pouvez lire le second sans avoir lu le premier car cette suite n'étant absolument pas prévue à la base (comme l'explique Connelly dans la préface), le premier opus a donc une fin fermée. La motivation de ressusciter Backus vient de l'envie de le confronter à Bosch. Comme quoi, parfois, les idées simples...
Personnellement, je ne classerais pas ce roman parmi les meilleurs de l'auteur. Je ne le déconseillerais pas non plus (si vous aimez Connelly, allez-y) mais si nous parlions cinéma je vous dirais que ce bouquin a tout à fait le profil de la grosse suite commerciale qui tache et qui permet à ceux qui y participe de payer leurs impôts sans passer par la case publicité pour le camembert Président (comme je viens de le faire, sauf que je ne toucherai rien). Attention, ce n'est pas Les Bronzés 3 non plus, faut pas déconner, ça reste un roman de Connelly donc les intrigues sont au rendez-vous. Mais ce n'est pas Le Parrain 2 (oui, je sais, pour les suites je tape très haut dans la référence). Et puis, j'ai également eu l'impression désagréable que la réunion de plusieurs personnages récurrents (Bosch, McCaleb, Walling) venait d'une démarche de Connelly de montrer à tout prix que son œuvre tient la route, que tout est lié, que toutes les histoires peuvent s'imbriquer les unes dans les autres, se répondre, comme s'il avait peur qu'à force d'être lu par-ci par-là, ses lecteurs ne se rendent pas compte de l'édifice merveilleusement ingénieux qu'il était en train de créer. Alors, je ne dis pas que c'est ce qu'il fait, je dis juste que c'est l'impression que j'ai eue et que c'est dérangeant. Le summum du mauvais goût étant atteint avec l'insupportable mise en abyme de l'artiste qui introduit dans la fiction de Los Angeles River, la réalité de l'adaptation de son roman Créance de sang par Clint Eastwood pour critiquer le film et l'utilisation que le cinéaste a fait de ses personnages. En clair, quand Graciella McCaleb se présente à Harry Bosch, ça donne un truc du genre : "Dans le film de Eastwood, ils ont fait de moi une serveuse, mais en vrai je suis infirmière." Il faut le lire pour le croire !
Citation
Je terminai le dossier du Poète et le repris encore une fois en espérant avoir raté quelque chose – disons le petit détail qui allait tout mettre en perspective. Le détail inaperçu ou incompris qui donne la solution du puzzle, ça arrive.