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Inédit
Tout public
Traduit du norvégien par Alex Fouillet
Montfort-en-Chalosse : Gaïa, septembre 2015
262 p. ; 24 x 15 cm
ISBN 978-2-84720-628-9
Coll. "Polar"
Pitié pour les coupables
À l'occasion du mariage de son fils Thomas, Varg Veum revoit Beate, sa (très) ancienne femme. C'est l'occasion pour lui de revenir sur des événements récents. Il a en effet reçu la visite d'une certaine Hege Jensen, jadis condisciple de son fils, qui déclare "se vendre". Elle vient lui signaler la disparition d'une de ses collègues, Maggi Monsen, peu après que celle-ci eut refusé un client. Varg enquête alors parmi ses proches, tant dans sa famille que dans ses activités. Il s'avère que les Monsen étaient une famille à problèmes et qu'elle a jadis dû être secourue par un comité de voisins bénévoles, parmi lesquels un certain Carsten Mobekk, qui a disparu le même jour que Maggi et dont on retrouve le cadavre mutilé. Ceci recoupe la piste de Kjell Malthus et Rolf Terje Dalby, deux "durs" dont Veum a déjà croisé la route dans un rôle de souteneurs et qui sont sans doute mêlés à un trafic de drogue, aussi. Second cadavre, celui de Tanya, prostituée russe qui a accepté le client (ou plutôt, les deux clients à la fois) que Maggi avait refusé. Le reste coule de source, sans grands coups de tonnerre, car l'auteur n'aime pas faire dans le compliqué, pensant sans doute lui aussi que les meilleurs scénarios sont souvent les plus simples. Il se réserve simplement le plaisir d'un petit coup de théâtre final.
Il y a souvent un traumatisme dans l'enfance ou la jeunesse, au cœur des intrigues de Gunnar Staalesen. Sans doute est-ce pour coller au plus près au passé de son détective privé, ancien de la Protection de l'enfance, mais pas seulement, car il y a toujours, dans ses livres, une réelle sympathie pour les faibles et les opprimés. Cela leur confère une certaine gravité et les rend volontiers émouvants. Ajouté à son humour à la fois caustique et débonnaire – curieux mélange – cela leur donne une tonalité très originale qui en fait le charme, alors que la plupart des autres auteurs de policiers ne cherchent guère qu'à se surpasser les uns les autres (et donc à se copier, car ce n'est plus qu'une question de degré ou de quantité, alors). Il suit son bonhomme de chemin sans se soucier de la mode, des tics d'écriture censés faire le succès, et fidélise ainsi le public qui recherche du sérieux et une émotion qui ne soit pas seulement à base de procédés bassement commerciaux. Il est aussi assez reposant à lire, en fait, car on n'a pas à se torturer les méninges pour suivre une intrigue conçue uniquement pour stupéfier le lecteur. Il peut ainsi se payer le luxe de nous inspirer de la compassion pour des coupables qui sont parfois aussi des victimes. Et de citer des maximes tirées des Hávamál (poèmes eddiques islandais datant de la nuit des temps), sans que cela paraisse déplacé ni pédant. Du beau travail, assurément.
Citation
- C'est juste une mauvaise nouvelle.
- Ah bon. Il n'en fallait apparemment pas davantage pour la tranquilliser.