Il reste la poussière

Elle se retourna vers moi et coula entre les draps, glissant sur le sommier avec la grâce d'un scalpel sur la peau nue.
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samedi 21 décembre

Contenu

Roman - Noir

Il reste la poussière

Ethnologique - Social - Huis-clos MAJ lundi 22 février 2016

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19,9 €

Sandrine Collette
Paris : Denoël, janvier 2016
304 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-207-13256-2
Coll. "Sueurs froides"

Actualités

  • 16/03 Prix littéraire: Sélection 2016 du Prix Landerneau Polar
  • 05/09 Site Internet: Cercle polar sur Télérama
    À un rythme aléatoire qui oscille entre le mensuel et le bimensuel, sur le site de Télérama, Christine Ferniot et Michel Absecat animent l'émission radiophonique Cercle polar. Le plus souvent, il s'agit pour les deux journalistes littéraires de présenter en une quinzaine de minutes deux romans qui ont suscité leur attention, mais parfois ils laissent la parole à un, voire deux romanciers pour une interview sans limite de temps. Nous allons revenir progressivement sur les émissions passées afin de vous faire (re)découvrir avec le recul, les choix de Cercle polar.

    Liste des émissions Cercle polar :

    #180 (11/06/2016) : L'Enfer est au bout de la nuit, de Malcom Mackay (Liana Lévi), Une offrande à la tempête, de Dolorès Redondo (Mercure de France) & Cat 2.15, d'Antonin Varenne (La Manufacture de livres).
    "Pays basque, Guyane ou Écosse... trois destinations et trois ouvrages au programme de Cercle Polar, l'émission qui voyage dans tous les pays du noir."
    Lien vers l'émission (16:55)

    #179 (28/05/2016) : Entretien avec François Guérif.
    "Il est le créateur de 'Rivages-Noir', qui vient de publier son n° 1000. James Ellroy, Dennis Lehane, Hervé Le Corre... et bien d'autres encore nous on émus, et cela grâce à lui. François Guérif est l'invité de Cercle Polar."
    Lien vers l'émission (36:26)

    #178 (23/04/2016) : Meurtres rituels à Imbaba, de Parker Bilal (Le Seuil), Rural noir, de Benoît Minville (Gallimard) & Les Enfants du Cap, de Michèle Rowe (Albin Michel).
    "Trois ouvrages au programme de Cercle Polar aujourd'hui et trois voyages inhabituels : au Cap avec Michèle Rowe, au Caire avec Parker Bilal, mais aussi à Tamnay-en-Bazois en compagnie de Benoit Minville."
    Lien vers l'émission

    #177 (09/04/2016) : Entretien avec Richard Price pour son nouveau roman The Whites (Presses de la Cité).
    "Cercle Polar reçoit l'un des plus grands écrivains américains contemporains. Avec son dernier roman en noir et blanc, The Whites, Richard Price ne déçoit pas."
    Lien vers l'émission (18:39)

    #176 (04/04/2016) : Le Lagon noir, d'Arnaldur Indridason (Métailié) & Condor, de Caryl Férey (Gallimard).
    "Caryl Férey est un écrivain voyageur qui a choisi le roman noir pour rendre compte de ce qui l'agite. Il parcourt les pays qu'il met en scène, loin des chemins touristiques, en dresse une géographie intime [...] Arnaldur Indridasson aime mener deux intrigues de front et s'appuyer à la fois sur l'histoire de son pays et ses secrets plus intimes. Mais ce qui fait le charme principal de cet excellent roman policier, c'est le plaisir ressenti à accompagner un héros dont nous connaissons en partie l'avenir."
    Lien vers l'émission (20:41)

    #175 (12/03/2016) : Berlin 49, de Joseph Kanon (Le Seuil) & Le Grand jeu, de Percy Kemp (Le Seuil).
    "Deux romans d'espionnage, deux merveilles d'aventure et de réflexion philosophique au passage."
    Lien vers l'émission (18:56)

    #174 (27/02/2016) : Entretien avec Giancarlo De Cataldo.
    "Giancarlo De Cataldo, magistrat, écrivain, auteur du fameux Romanzo criminale qui l'a propulsé à l'avant-scène du roman noir, poursuit son portrait ravageur de Rome en capitale de la mafia avec son nouveau roman, écrit avec le journaliste Carlo Bonini, Suburra. Le roman est passionnant et nous avions mille questions à lui poser. Il est l'invité de Cercle polar."
    Lien vers l'émission (41:00)

    #173 (13/02/2016) : Les Salauds devront payer, d'Emmanuel Grand (Liana Lévi) & Viens avec moi, de Castle Freeman Jr. (Sonatine).
    "Cette semaine, dans notre émission spéciale polar, deux romans au goût corsé."
    Lien vers l'émission (15:57)

    #172 (23/01/2016) : Il reste la poussière, de Sandrine Collette (Denoël) & Plateau, de Franck Bouysse (La Manufacture de livres).
    "Deux auteurs français pour commencer cette année 2016. Deux romans aux inspirations cousines, les grands espaces sauvages, la rudesse du monde qu'ils mettent en scène, la noirceur de leur vision, l'approche intimiste, au plus près des personnages... Sandrine Collette et Franck Bouysse sont deux valeurs qui montent."
    Lien vers l'émission (17:43)

    #171 (02/01/2016) : Les Portes de l'enfer, de Harry Crews (Sonatine) & Épilogue meurtrier, de Pétros Márkaris (Le Seuil).
    "Un inédit d'Harry Crews qui nous entraîne dans les tréfonds d'une cour des miracles du sud des États-Unis et une suite aux aventures du commissaire Kostas Charitos, flic athénien désabusé aux prises avec la dure réalité grecque."
    Lien vers l'émission (14:43)

    #170 (21/12/2015) : Les Infâmes, de Jax Miller (Flammarion) & Le Fils, de Jo Nesbø (Gallimard).
    "Deux histoires de vengeance et de rédemption, deux textes parfaitement vissés, virtuoses et violents : multiplicité des personnages, sens du rythme, rage et énergie, le roman noir au mieux de sa forme."
    Lien vers l'émission (18:09)

    #169 (21/11/2015) : Ténèbres, ténèbres, de John Harvey (Rivages).
    "Pour dire adieu à Charlie Resnick, le héros de John Harvey, il fallait bien une émission toute entière. Hommage à un personnage courageux, mélancolique et solitaire."
    Lien vers l'émission (12:41)

    #168 (07/11/2015) : La Quête de Wynne, de Aaron Gwyn (Gallmeister) & Le Premier mai tomba la dernière neige, de Jan Costin Wagner (Jacqueline Chambon).
    "Amateurs de textes singuliers, hors des sentiers battus, arrêtez-vous. Voici deux romans subtils, à la poétique sombre, difficilement classables comme tous les livres hors du commun : La Quête de Wynne de l'Américain Aaron Gwyn. Roman noir, roman de guerre, et surtout western bien qu'il se passe dans l'est de l'Afghanistan. Et Le Premier mai tomba la dernière neige, le nouveau roman de l'Allemand Jan Costin Wagner, désespéré et tendre, aussi beau que les précédents."
    Lien vers l'émission (15:37)

    #167 (24/10/2015) : Entretien avec James Grady pour son nouveau roman Les Derniers jours du Condor (Rivages).
    "Invité spécial du Cercle polar, James Grady a accepté de répondre à toutes les questions : espionnage, roman noir, adaptation cinéma. Sans oublier de parler d'une Amérique qu'il ausculte depuis trente-cinq ans à travers son héros, le Condor."
    Lien vers l'émission (18:45)

    #166 (10/10/2015) : Entretien avec Patrick Pécherot pour son nouveau roman Une plaie ouverte (Gallimard).
    "Patrick Pécherot est discret. Il construit patiemment, sans tapage, depuis 1996, une œuvre singulière et attachante, où les coins de rue, les gens, le quotidien, tiennent le premier plan. Il s'intéresse à l'histoire, sociale en particulier, à celle de Paris aussi, à la mémoire et aux traces que laissent les hommes après leur disparition. À l'occasion de son nouveau roman, Une plaie ouverte, qui paraît en 'Série Noire', chez Gallimard, Patrick Pécherot est venu nous rendre visite."
    Lien vers l'émission (30:28)

    #165 (26/09/2015) : Le Contrat Salinger, d'Adam Langer (Super 8) & Le Crime de Julian Wells, de Thomas H. Cook (Le Seuil).
    "Des histoires mettant en scène des auteurs de polar et des journalistes littéraires, c'est tellement tentant ! Et quand la fiction dépasse la réalité, comment résister ? Voici Le Contrat Salinger, d'Adam Langer, et Le Crime de Julian Wells, de Thomas H. Cook."
    Lien vers l'émission (15:51)

    #164 (05/09/2015) : Entretien avec David Lagercrantz, l'auteur de Millenium 4. Ce qui ne me tue pas (Actes Sud).
    "Qui est David Lagercrantz, l'auteur du nouveau Millenium ? Comment a-t-il été choisi ? Est-il sensible aux critiques de ceux qui pensent qu'une suite aux aventures de Lisbeth Salander et Mikael Blomkvist était inutile, et même choquante, si l'on considère que l'auteur de la trilogie initiale, Stieg Larsson, est mort prématurément, en 2004, sans avoir eu le temps de voir ses livres imprimés ? Comment David Lagercrantz a-t-il travaillé pour s'approprier les personnages d'un autre ? Autant de questions (et bien d'autres) auxquelles il a bien voulu répondre pour Cercle polar."
    Lien vers l'émission (30:28)

    #163 (11/07/2015) : Fin d'été, de Johan Theorin (Albin Michel) & Du sang sur la glace, de Jo Nesbø (Gallimard).
    "Le polar scandinave a le vent en poupe, les éditeurs surfent sur la vague et les romans sous ce label ne sont pas toujours à la hauteur de sa réputation. Pas de panique, les deux que nous vous proposons valent le détour et leurs auteurs ont largement fait leurs preuves. Fin d'été du Suédois Johan Theorin et Du sang sur la glace du Norvégien Jo Nesbø méritent votre attention. Et peut-être même une petite place dans vos bagages pour les vacances !"
    Lien vers l'émission (16:15)

    #162 (27/06/2015) : Hommage à Jean Vautrin & Prendre Lily, de Marie Neuser (Fleuve).
    "Un au revoir à l'écrivain talentueux et à l'homme engagé que fut Jean Vautrin. Et, cela n'aurait pas été pour lui déplaire, un zoom sur la nouvelle génération du polar avec Prendre Lily, de Marie Neuser. Un thriller lent, très addictif."
    Lien vers l'émission (13:33)

    #161 (13/06/2015) : Pukhtu, de D.O.A. (Gallimard) & Derrière les panneaux, il y a des hommes, de Joseph Incardona (Finitude).
    "Attention chefs-d'œuvre ! Sans vouloir en faire trop (ce n'est pas notre genre), les deux romans que nous vous proposons dans cette émission sont vraiment hors du commun. Écrits par deux auteurs français de la même génération, leur ambition littéraire est vraiment singulière. Et le pari est gagné dans les deux cas. À lire d'urgence !"
    Lien vers l'émission (14:15)

    #160 (04/05/2015) : Toutes les vagues de l'océan, de Víctor del Árbol (Actes Sud) & La Fille du train, de Paula Hawkins (Sonatine).
    Lien vers l'émission (15:29)


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Patagonie des taiseux

Parfois le roman noir tourne tourne au grotesque, parfois il lorgne du côté du tragique. En à peine quelques romans, Sandrine Collette nous a habitué à racler jusqu'à l'os, à présenter des personnages confrontés à leurs propres limites, voire à les dépasser. Que ce soit dans des arrière-campagnes françaises, des montagnes enneigées ou le long d'une pampa venteuse, les décors font partie intégrante de l'intrigue. Ils sont la rudesse qui renvoie à la rudesse de ses personnages. Comme dans toute tragédie, le nombre des acteurs est limité et quoi qu'ils fassent, leur destinée est tracée. Dans Il reste la poussière, une femme tente de survivre dans une ferme isolée au fond de la pampa argentine avec ses quatre garçons. Elle vit seule depuis que le mari a disparu, enfin depuis qu'elle a fait disparaître ce mari bien trop violent. Comme dans la chanson de Jacques Brel, "Chez ces gens-là, on ne parle pas". D'ailleurs il n'y a quasiment pas de dialogues dans le roman. En revanche, beaucoup de coups sont échangés, donnés, reçus, car c'est là une façon plus précise de communiquer. On accomplit les taches du monde paysan de Patagobie (comme ailleurs) et ici il s'agit surtout de vivre en quasi autarcie. Alors, on cultive légumes et pommes de terre, on s'occcupe des moutons avec en filigrane cette question : Y a-t-il une réelle différence pour la mère entre la façon dont elle mène son troupeau et celle dont elle mène ses fils ? Surtout, on est fiers car l'on possède un troupeau bovin. On travaille, on s'abrutit, parfois on boit et on dort pour recommencer le lendemain. Tout ce travail, cette dureté est rendue au plus près par Sandrine Collette, une auteur qui rend dans un style sec, net et précis, le travail du quotidien, le coup de ciseau pour enlever la laine du mouton, le vent qui s'engouffre, la joie d'une côtelette ou l'ivrognerie qui s'empare des esprits.
Peu à peu les relations entre la mère et ses enfants se détériorent. L'un d'eux est laissé à un autre propriétaire à qui la mère doit de l'argent, mais le fiston trouvera dans ce nouveau monde plus de réconfort que dans sa vie d'avant. Rafael, le plus jeune, parti à la recherche de chevaux perdus reviendra avec une sacoche bourrée d'argent. Cette sacoche révèlera les dysfonctionnements, les haines, les âpretés de tous. Sandrine Collette en profite pour dresser des scènes hallucinantes : une mère qui refuse de parler, des enfants qui, devant le lit de mort de leur mère, ne pensent qu'à détruire la maison pour retrouver les billets cachés, une scène d'ivrognerie dans un bar enfumé, la tentative de soigner un homme mourant et agonisant dans son pus, où le seul rêve quand on a énormément d'argent c'est de penser à avoir une nouvelle selle pour continuer à encadrer les moutons. Tout se mélange avec grâce dans un ballet étourdissant - la vie, la mort, la violence, un geste sensible, les caprices de la nature, la joie d'un café ou la goinfrerie devant un gigot d'agneau, le besoin de se prouver que l'on peut continuer malgré tout, que la vie persévère dans sa volonté et ce même s'il serait plus simple de tout laisser de côté. Il n'y a pas de jugement, mais une observation à la loupe d'une tragédie qui se déroule devant nous, que le talent de l'auteur rend inéluctable, et qui empêche de poser le livre avant la toute dernière page.


On en parle : Carnet de la Noir'Rôde n°55

Citation

Avec les années on s'habitue, et il vaut mieux, car les hommes entre eux ne sont pas meilleurs que les bêtes, surtout ne pas croire, ne pas espérer qu'ils viendront aider le plus faible quand ils attendent de lui enfoncer la tête pour le noyer plus sûrement.

Rédacteur: Laurent Greusard vendredi 23 décembre 2016
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