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Dans le silence enterré
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit du suédois par Johanna Brock, Erwan Le Bihan
Rodez : Le Rouergue, novembre 2015
412 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-8126-0961-9
Coll. "Noir"
Actualités
- 30/06 Prix littéraire: Sélections 2017 des Balais d'or
Les Balais d'or sévissent depuis sept années sous la houlette du Concierge masqué. Après le Prix du balai de la découverte, une première déclinaison deux ans après les fameux Balais d'or, afin de promouvoir de nouveaux auteurs, voici la dernière déclinaison en date, le Prix du balai de diamant, qui met en avant un auteur auto-édité. Au total, il s'agit ni plus ni moins de quatorze ouvrages sélectionnés dans trois catégories. Nous noterons que la catégorie "principale" est d'une teinte noir obscur avec des auteurs confirmés et dont le talent n'est pas à remettre en cause : Donald Ray Pollock, Thomas H. Cook ou Xavier-Marie Bonnot ; d'autres qui auraient pu être dans la deuxième catégorie tout en ne déméritant pas dans la première : Leye Adenle, Tove Alsterdal ou David Joy. Rappelons qu'hormis un prix "honorifique", les "Balais" ont également pour habitude (plaisante) de s'acoquiner avec un artiste créateur de trophées. Cette année, les artistes seront au nombre de deux avec un côté volume et une dessinatrice. La délibération, quant à elle, se déroulera le samedi 2 septembre 2017 à 20 heures au Havre, chez une jurée du prix. Jurés qui n'ont peur de rien puisqu'ils sont au nombre sacrilège de treize*.
Finalistes 2017 des Balais d'or :
• Lagos Lady, de Leye Adenle (Métailié, "Noir") ;
• Sur les hauteurs du Mont Crève-Cœur, de Thomas H. Cook (Le Seuil, "Policiers") ;
• Là où les lumières se perdent, de David Joy (Sonatine) ;
• Une mort qui en vaut la peine, de Donald Ray Pollock (Albin Michel, "Terres d'Amérique") ;
• Dans le silence enterré, de Tove Alsterdal (Le Rouergue, "Rouergue noir") ;
• La Dame de pierre, de Xavier-Marie Bonnot (Belfond, "Noir").
Finalistes 2017 du Prix du balai de la découverte :
• La Toile aux alouettes, de Lou Vernet (Border Line, "Polar") ;
• Charade, de Laurent Loison (Nouvelles plumes) ;
• Jeux de dames, de Philippe Beutin (Cairn) ;
• Derrière les portes, de B. A. Paris (Hugo et Compagnie, "Hugo Thriller").
Finalistes 2017 du Prix du balai de diamant ;
• Mille morts, de Olivier Bal ;
• N'y descendez jamais !, de Fabrice Liegois ;
• Syndrome de Stockholm, de Philémon Le Bellégard ;
• IVM. Tome 1, de Katia Campagne.
* Liste des jurés : Pierre Faverolle, Denis Lecomte, Fabienne Lecomte, Nathalie Martin, Amandyne Di Fauris, Cécile Bontonnou, Rémi Delaye, Dominique Lafosse, Ann Lafosse, Bruno Chanson, Brigitte Maréchaux & Sophie Scutnaire.
Liens : Sur les hauteurs du mont Crève-Cœur |Là où les lumières se perdent |La Dame de pierre |Thomas H. Cook |Donald Ray Pollock |Tove Alsterdal |Xavier-Marie Bonnot - 13/11 Édition: Parutions de la semaine - 13 novembre
À l'est, beaucoup (trop) de nouveau
Katrine Hedstrand, journaliste suédoise vivant à Londres, est rappelée au chevet de sa mère, qui n'a plus toute sa tête, dans la banlieue de Stockholm. Elle découvre des lettres proposant une somme surprenante pour une maison située à Kivikangas, à la frontière finlandaise. Curieuse de ce bien qu'elle ne connaît pas, elle se rend sur place et arrive en pleine effervescence : le vieux Lars-Erik Svanberg, illuminé religieux jadis champion de ski de fond respecté et redouté, vient d'être abattu d'un coup de hache à la tête. Le seul indice est une Volvo immatriculée en Russie vue dans le secteur. Au contact des voisins et de la famille Palo (avec qui elle est apparentée, Lars-Erik étant son cousin), elle se familiarise avec le passé de sa mère, que celle-ci lui a tu, et avec le sort de certains habitants de la région, tels Gunnar Pelttari (qui est en fait son grand-père) ou les frères Oskar et Emil Björnfot, partis vivre en Union Soviétique par idéologie en 1931 (seul Emil en est revenu, très désillusionné, en 1938). Il s'ensuit une enquête généalogique et policière menée par Thore Palo, retraité de la police. Parallèlement, à Saint-Pétersbourg, le mafieux et proxénète Alexis Victorovitch Saporin abat son patron, Dimitri Olegovitch Rykov, et prend la fuite vers l'Ukraine sous une nouvelle identité (Ivan Pogrebniak) pour poursuivre ses activités criminelles, non sans avoir procédé à divers transferts de fonds, en particulier vers la Suède. Dans la deuxième partie, Katrine part sur les traces de son grand-père en Carélie russe, où elle apprend qu'il a été fusillé, ainsi qu'Oskar Björnfot, pour "activités contre-révolutionnaires" et que sa mère avait dans ce pays une demi-sœur qu'elle ignorait. Sa quête la mène à Saint-Pétersbourg et à Pouchkine (jadis Tsarskoïe Selo) où elle rencontre sa tante, réduite à l'état végétatif, dans un asile de vieux. Au début de la troisième partie, Thore Palo est retrouvé mort (suicidé ?), laissant une lettre par laquelle il s'accuse du meurtre de Lars-Erik. Puis Saporin fait sa réapparition, cette fois sous le nom de Michail Lebedev, à Kivikangas, et les deux volets de l'intrigue s'y rejoignent alors qu'un nouveau crime, particulièrement odieux, en ouvre un troisième à Stockholm. Le dénouement rassemble pourtant tous ces fils de façon plausible.
Ce livre a le mérite de bien nous faire sentir l'interdépendance d'événements fort éloignés dans le temps et dans l'espace et tâter du doigt les remous qu'a causés dans le nord de l'Europe l'histoire mouvementée de l'Union Soviétique puis de la Russie. Il nous offre, au passage, un utile rappel d'une période (peu connue chez nous) où la Finlande s'est piquée d'impérialisme, à l'instar du grand-frère et allié allemand de l'époque. Il est regrettable qu'il ait été traduit de façon maladroite et que la correction ait laissé subsister des phrases boiteuses et prépositions employées de façon hasardeuse, car l'intérêt ne se dément pas, malgré la longueur, et le suspense est réel. Au total, cela donne un de ces bons polars qui savent faire oublier qu'ils en sont un pour brosser de façon convaincante le tableau d'un univers qui nous était étranger. Tel est bien le but de l'écriture et de la lecture des œuvres de fiction, non ?
Citation
Le choix qu'a fait le Russe de revenir, les maisons qui prenaient soudain de la valeur, c'était des événements liés les uns aux autres, jusqu'au soir où Lars-Erik Svanberg était mort. Et ce n'était pas encore fini, ça se poursuivait avec l'histoire de Thore Palo et avec la sienne.