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Grand format
Inédit
Tout public
368 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-258-13379-2
Coll. "Domaine français"
Pour être la Première...
En juin 1751, la Marquise de Pompadour vit dans l'angoisse. Elle vientt d'avoir trente ans et, depuis des mois, le roi déserte sa couche. Elle a peur d'être congédiée, de perdre son statut de favorite, de devoir se réfugier loin de cette cour où elle règne. Pour l'heure, elle se trouve au couvent de l'Assomption, rue Saint-Honoré, pour voir sa fille, conçue au début de son mariage avec Lenormant d'Etiolles. La petite est pensionnaire encadrée par une gouvernante et son aide. En sortant du couvent, elle prend toutes les dispositions pour ne pas être reconnue en rendant visite à une devineresse. C'est la comtesse de Lignac, une dame de petite noblesse logeant au couvent, qui découvre au pied d'un escalier le corps d'une jeune religieuse portant le voile blanc des novices. Marie-Anne Dupré, appelée Manon, officie Au Bouquet de Senteurs en tant que maître gantier-parfumeur bien que n'ayant pas droit à ce titre, le règlement professionnel interdisant l'accès des femmes à la maîtrise. François, son beau-frère chirurgien, a constaté le décès. Aussi, quand sœur Antoine confie à son frère, qu'elle a trouvé des traces de sang sur un petit chandelier dans le parloir proche de l'escalier fatal, il pense qu'elle a rêvé. Mais, à la réflexion, compte-tenu de la blessure, il doute. Il prend l'avis de Manon qui lui suggère de revoir le corps. Elle, de son côté, va enquêter discrètement sous le prétexte de livrer des produits à madame de Lignac et à la gouvernante. Or, cette novice à bien été assassinée. Et Manon découvre que certains de ses fards ont été empoisonnés. Qui est visé ? Est-ce La Pompadour, une de ses bonnes clientes, grande consommatrice de ces fards ? Et qui, dans la boutique, a pu le faire ?
Béatrice Egémar détaille finement le décor et le cadre de son histoire. À travers son intrigue, sur les pas de son enquêtrice amateur, elle donne à voir le Paris de l'époque avec ses rues dont certaines, aujourd'hui, portent toujours le même nom, abritant des structures de prestige. Outre Paris, elle fait partager une vision de Versailles et de Bellevue, le château que la Marquise de Pompadour avait acquis récemment et qu'elle affectionnait particulièrement.
Elle base son intrigue sur les menées dans la Cour, sur la lutte sans merci que se livraient des femmes pour devenir la favorite du roi. Elles étaient prêtent à toutes les machinations, les traitrises, voire à tuer, pour entrer dans la couche du monarque ou faire entrer celui-ci dans la leur. Elle dépeint, ainsi, la vie de cette noblesse qui ne peut exister en dehors de la cour, réduite à n'être que l'expression de serviles laquais d'un roi capricieux profitant de son titre, de son rang.
Béatrice Egémar décrit avec beaucoup de justesse et beaucoup de finesse les états d'âmes de la Pompadour, cette jeune femme venue de la petite noblesse et qui s'était hissée, à coups de reins, jusqu'au plus haut rang. Voir son étoile se ternir, se flétrir après tant d'efforts lui était insupportable. Cependant, à trente ans, une favorite était déjà trop vieille pour retenir l'attention d'un homme de quarante et un ans qui voyait virevolter autour de lui tant de plus jeunes femmes prêtes à tout pour devenir la première. Il n'avait qu'à faire son choix parmi celles qui lui étaient toutes acquises.
Avec son héroïne, elle décrit la vie des artisans et de ces petites mains qui confectionnaient fards et produits de beauté dont la consommation était déjà phénoménale, avec l'illusion de pouvoir garder sa jeunesse plus longtemps.
L'intrigue est habile, menée avec sureté en faisant se croiser une galerie de personnages de fiction dans un cadre et avec des acteurs historiques.
Après Le Printemps des enfants perdus (Presses de la cité – 2013) où Manon avait conduit une enquête sur une troublante affaire d'enlèvements d'enfants, Béatrice Egémar signe un second volet passionnant, riche en péripéties et données authentiques.
Citation
J'ai essayé de ma rappeler à quoi ressemblait la blessure.Il y avait une plaie importante sur la tempe gauche, qui avait saigné, et l'os était fracturé. Un coup porté violemment avec un chandelier aurait pu provoquer ce genre de commotion.