Un kimono pour linceul

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Roman - Thriller

Un kimono pour linceul

Ethnologique - Braquage/Cambriolage - Mafia - Terrorisme MAJ jeudi 30 juin 2016

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20 €

Jean-Michel Leboulanger
Villefranche-de-Lauragais : Le 38, février 2016
334 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2374531021
Coll. "38. Rue du polar"

Sushi or not sushi

Fils d'un ancien terroriste de l'ETA, ancien terroriste lui-même (bien qu'il n'ait jamais participé à une action meurtrière), Gutxi apprend, au sortir de vingt années de réclusion, qu'il est condamné à court terme par la maladie. Il décide de finir ses jours au Japon, pays où il a jadis acheté des armes pour l'indépendance, mais surtout pays du grand amour de sa vie : Tamae. La jeune femme est morte pendant qu'il purgeait sa peine. Au moment où il s'est fait arrêter, Gutxi avait décidé de tout plaquer et de vivre en paix avec elle. Tandis qu'il cherche un peu de sérénité pour mourir, le sentiment d'échec de son existence le ronge. Le gâchis de celle de Tamae le culpabilise. À l'heure du bilan, les erreurs du passé ont la rancune tenace et des représentants dénués d'humour. Des yakuza. Ceux du clan de Kishiro Ikeda. Ikeda et Gutxi étaient en affaires autrefois. Le Nippon avait une grande estime pour le Basque, au point de lui ouvrir les portes du clan alors qu'il était un étranger. Ikeda veut que Gutxi retrouve un autre membre du clan, un garçon de vingt ans, prénommé Shugo, qui a disparu après avoir dérobé de l'argent des tripots. Le choix de l'ancien terroriste pour remplir cette mission n'est pas anodin : Shugo est son fils, né, sans qu'il n'en sache rien, quelques mois après son arrestation. En souffrance à cause de sa maladie, Gutxi se résigne à voir un médecin. C'est une femme, elle s'appelle Claudine et elle lui apprend qu'avec une greffe, il pourrait s'en sortir. À condition toutefois de trouver un donneur. L'idéal serait un membre de sa famille...
Après une mise en exposition plutôt ennuyeuse du fait des redites, et malgré un rythme narratif très lent, ce qui est pour moi, en tant que lecteur, un vrai problème, Un kimono pour linceul de Jean-Michel Leboulanger est un bon thriller. Alors évidemment, il y a le coup du père, du fils, du "ne rate pas ta vie comme j'ai raté la mienne", du "si je le sauve, j'aurais fait quelque chose de bien avant de canner", du "si je le retrouve, je pourrais peut être me sauver et enfin vivre un peu heureux", et du "mais qu'est-ce qu'il s'est passé pendant que j'étais en prison ?". Oui, il y a un peu de tout ça, ou presque, ou presque pas, ou vachement mieux formulé que par moi. Et puis bien évidemment, il y a des morts, des rebondissements, du suspense, du complot. Il y a du lourd. Il y a tout ce qu'il faut. Mais surtout, il y a le JAPON. Si vous kiffez (oui, parfois j'ose la modernité) l'exotisme, le dépaysement, le spectacle vus depuis les coulisses, vous allez être servi. Le pays du Soleil-Levant est à l'honneur, certes, mais il n'est pas épargné dans ses us et coutumes. Mais le crime, la violence, le mensonge, les saloperies faites Homme y règnent en maîtres comme partout mes bons amis. Pour un peu, ça serait presque rassurant. Ça te fait des courbettes pendant des plombes parce que t'as passé le sel quand on te l'a demandé, mais derrière ça t'oblige à te couper un doigt parce que t'as pas été sage. Non, sérieusement, je trouve vraiment intéressant de mettre en lumière un versant inhabituel de ce pays, qui est assez hypocrite finalement. Ou en tout cas c'est la constatation que j'en ai fait en tant qu'habitant de l'Europe, où des notions comme l'honneur, le sacrifice, la loyauté, et j'en passe et des meilleurs, sont déclinées, définies, interprétées autrement. C'est d'ailleurs l'autre grand intérêt du roman : placer un Basque, donc un Occidental, dans un univers et une culture (celle de la pègre en plus) complètement différents des siens puisque orientales (bon, il a quelques codes quand même, du fait de son vécu dans le pays par le passé, et c'est nécessaire pour l'histoire car sinon ça n'aurait pas été viable). Voyageur, Jean-Michel Leboulanger nous livre avant tout, et donc avant d'être un roman policier, un roman de rencontres et d'oppositions.

Citation

La barre de fer siffla à quelques centimètres de sa tête. Gutxi s'était baissé juste à temps, alerté par une ombre soudaine à la surface de l'eau. À une seconde près, son crâne aurait pu exploser sous le choc.

Rédacteur: François Legay jeudi 30 juin 2016
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