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Fin des années 1980. Jack, Sam (Samantha) et Ben sont adolescents à Duncan's Creek, un bled paumé de l'Utah. Ils s'amusent à imaginer leur avenir et à réaliser un film d'horreur. Ils adorent passer du temps ensemble, ils sont proches, de vrais amis, sûrs, comme on l'est à leur âge, qu'ils ne se quitteront jamais, au pire qu'ils s'éloigneront un peu du fait des kilomètres de la vie, mais qu'ils ne se perdront jamais de vue. Ils sont liés pour toujours. Ils se soutiennent, se sentent comme une famille. Ils sont ce qui leur permet de tenir, d'affronter un quotidien qui n'est pas toujours drôle quand il n'est pas franchement horrible. Jack, enfant ultra-sensible, est devenu le fils unique de ses parents depuis que son grand frère est mort. Son père a déjà décidé qu'il reprendrait la station service familiale. Jack n'ose pas dire "Non". Il a pourtant des envies d'ailleurs. Un "ailleurs" qui se matérialise d'abord par l'écriture. Ben est complexé par son surpoids et par le fait qu'il ne se sente doué pour rien. Sam, en apparence une ado effrontée et cynique, vit avec sa petite sœur et son père. Sa mère est morte. Son père se noie dans l'alcool. Il est violent. Sam cache aussi un terrible secret. Un soir d'Halloween leurs existences basculent. Des années plus tard, l'écrivain Jack Dickinson roule vers Duncan's Creek pour retrouver son vieux copain Ben. Auparavant, il est allé chercher Sam à Los Angeles...
À l'instar de Charles Williams ou de Stephen King (dont on sent particulièrement l'influence), Nicolas Zeimet nous plonge dans l'Amérique profonde, celle qui s'étend loin des villes de lumière, celle qui respire avec difficulté sous un soleil de plomb, celle d'un village où tous les habitants sont susceptibles d'être le voisin qui dérape, le personnage d'un fait divers tragique, celle des enfances silencieuses et meurtries, celle où l'espoir se résume à foutre le camp. L'histoire est simple, se conjugue en deux temps, hier et aujourd'hui. Retour à Duncan's Creek est une course-poursuite. Pas une course-poursuite contre le temps mais une course-poursuite après le temps, après la nostalgie, après l'innocence, après la crédulité, après l'amitié à la vie à la mort, bref après tout ce qui fait l'honnêteté de la jeunesse. Oui, c'est une histoire simple comme le désert, comme les grands espaces américains, mais avec un thème fort et des émotions qui nous saisissent, qui se mettent à nous appartenir. On plonge dans le roman, on fait la route avec Jack, on suit le parcours des héros en pensant aux nôtres, en se demandant ce que sont devenus les copains de notre enfance qu'on n'a pas retrouvés sur Facebook (quand on n'a pas malheureusement déjà la réponse sur leur absence), on retrouve un peu du parfum qui enveloppait nos rêves, un peu du goût de ce qu'étaient nos croyances. Alors on roule jusqu'au bout de la route, de la nuit, de la vérité, jusqu'aux dernières pages du roman de Nicolas Zeimet et la résolution de l'intrigue "policière" (je mets entre guillemets car il n'y a pas de police) nous saisit à la gorge pour nous laisser les bras ballants face à un nouveau temps : celui, unique, du présent.
Citation
Une frénésie de flocons tournoyait autour de Sam. Son bonnet était tout blanc et sa chevelure exubérante brillait de neige fondue. Quand elle releva la tête, après un silence seulement perturbé par le murmure feutré du vent, elle grimaça comme si elle avait pris un coup à l'estomac. Ses yeux pleins de fièvre transpercèrent Jake de part en part.